L’Ecole Nationale d’Administration et de la Magistrature (ENAM), en partenariat avec l’ONU-FEMME, a organisé un «Café Genre» le mardi 10 mai 2022 dans la salle de conférence de l’ENAM à Bangui. Ceci à l’intention des institutions de la République, des Ambassades, des Organisations Internationales (OI), de la Société Civiles, des professionnels des médias, des élèves magistrats et des jeunes filles étudiantes de la filière de droit à l’Université. Le thème retenu pour cette rencontre s’intitule «La problématique de la féminisation de la magistrature centrafricaine». A cet effet, beaucoup de questions sont débattues lors de ces échanges qui ont mobilisé plusieurs participants venus de différents départements.
La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre d’Etat chargé de la Justice, Dr Arnaud Djoubaye Abazène, de son homologue de la Promotion du Genre, de la Protection de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Margueritte Ramadan, du Directeur de l’ENAM, Pr Richard Filakota, de la Représentante de l’ONU-FEMME, Salvator Kurunziza et de la présidente de la Cour Constitutionnelle Pr Danielle Darlan.
Lors de ce débat, la lumière est faite sur la problématique de la représentativité des femmes au sein de la magistrature centrafricaine par rapport au processus d’application de la loi sur la parité en Centrafrique.
Ensuite, il ne s’agit non seulement pas de faire un état des lieux de la place et du rôle de la femme au sein de la magistrature centrafricaine, mais aussi et surtout d’identifier les contraintes afin de formuler des recommandations pour pallier au problème de la faible représentation de la femme au sein de la magistrature.
Dans son mot de circonstance, le Directeur de l’ENAM, Pr Richard Filakota, a relevé plusieurs aspects liés à la problématique de la féminisation de la magistrature centrafricaine, qui sont entre autres, la légèreté et une incapacité des filles à se distinguer et se faire valoir, le manque de volonté et de détermination, les violences, la grossesse précoce, le harcèlement sexuel, etc. En plus, la plupart des jeunes filles et femmes ont raté une éducation de base. Un véritable obstacle à leur émancipation.
Pour sa part, madame le ministre de la Promotion du Genre, de la Protection de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Margueritte Ramadan, a déploré la situation actuelle et invite les femmes à beaucoup postuler pour la magistrature, «quand on parle de la féminisation, c’est dans le cas où il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes. Malheureusement, le constat chez nous est amer. Il y a moins de femmes dans la magistrature que les hommes. Les chiffres ont révélé que sur trois cents (300) magistrats, il y a que vingt et six (26) femmes, soit 9%. Et il n’y a pratiquement pas de femmes dans les instances. C’est pour dire que ce sont les hommes qui font la loi à leur manière. C’est pourquoi l’objectif de cette activité est de pousser les femmes à s’orienter vers la magistrature pour des questions d’ordre social et de relever les défis», a relevé le membre du gouvernement.
Par conséquent, le ministre d’Etat en charge de la Justice, de la Promotion des Droits de l’Homme et de la Bonne Gouvernance, Garde des Sceaux, Arnaud Djoubaye Abazène, a insisté sur la féminisation de la magistrature, «le constat réel est que les hommes occupent plus de place dans les administrations que les femmes. La femme constitue le socle de la famille et la société, malheureusement chez nous, les femmes sont en arrière. Le contexte de parité des femmes est faible. Le gouvernement est en train de s’organiser pour mettre en place une loi qui permet de protéger les femmes qui sont à l’université contre toute forme de violence, y compris le harcèlement sexuel. Des concours réguliers de la magistrature seront organisés pour pallier au problème de la féminisation dans la magistrature centrafricaine».
Plusieurs aspects qui empêchent le développement et l’émancipation de la femme dans la magistrature centrafricaine ont été développés lors de cette table ronde. La représentation des filles dans la magistrature est une chose à encourager.
Déus Gracias Tchémanguéré/ Débora Nadie Ndoidet