Depuis le déploiement des forces de maintien de la paix de la Minusca, sous le chapitre 7 du Conseil de sécurité de l’ONU, à ce jour, ces forces continuent de passer aux cribles des critiques acerbes par rapport à leur inefficacité sur le terrain, s’agissant de la protection de la population civile. Malgré leur inefficacité dans leur mission dévolue, certains contingents ou encore certains éléments outrepassent leur mission au profit de leurs propres intérêts au détriment de ceux des Centrafricains.
Pourquoi les forces de l’ONU en général et celles de la Minusca en particulier sont inefficaces dans le combat contre les bandits armés ? Cette question pertinente a sa raison d’être. Il suffit d’observer les différentes missions des troupes de l’ONU déployées dans différents pays d’Afrique ou ailleurs, pour se rendre à l’évidence.
Le mandat de la Minusca définit clairement que la responsabilité première de la protection des civils sur le territoire de la RCA, incombe au gouvernement centrafricain. Cette définition bâclée, a du coup, contribué négativement à la contribution de ces forces d’appuyer véritablement les Forces de Défense et de Sécurité centrafricaines à mettre un terme aux actions des groupes de bandits sur le territoire.
L’exemple le plus patent, est celui enregistré dans les années 2016, 2017 et 2018, dans certaines villes de la République Centrafricaine, où les forces de la Minusca sont restées indifférentes devant les massacres des civils. L’exemple de la ville de Bambari, dans la Ouaka, est un cas typique où des contingents de la Minusca, notamment Mauritanien et Marocain, ont établi une base entre deux forces belligérantes qui se regardaient en chiens de faïences. Nous voulons parler ici des éléments de la Séléka, notamment l’UPC, lourdement armés qui ont occupé la partie Nord de la ville avec leur chef Ali Darassa et ceux d’Anti-balaka au Sud de cette même ville.
Il suffit de suivre les témoignages de certains habitants de la ville de Bambari pour comprendre l’ampleur de la violence qu’a subi les civils dans cette partie du pays. C’est ce que Solange, âgée de 33 ans, a rappelé que malgré la présence des contingents de la Minusca dans la ville, elle a été capturée avec son mari le 10 mai dans les champs. Celle-ci a indiqué que les combattants de l’UPC avaient abattu son mari parce qu’il avait refusé de donner son bétail, avant de la violer en réunion en présence de ses enfants.
Une commerçante qui nous a confié sous couvert de l’anonymat, a témoigné qu’elle s’est enfuie dans la brousse avec sa famille le 8 mai. Ils sont rentrés deux semaines plus tard parce que les conditions étaient trop difficiles. La nuit de leur retour, des combattants de l’UPC, malgré la présence des forces de la Minusca, ont enfoncé la porte et fait irruption dans la maison. «Ils ont attaché mon mari à un arbre devant la maison. Ils m’ont bandé les yeux et m’ont déshabillée… Ils ont dit que mon mari allait bien voir comment sa femme serait traitée. Deux m’ont violée sous ses yeux. Les enfants pleuraient. Après ça, ils ont tiré dans la gorge de mon mari».
Cette femme de 30 ans qui vivait avec son père de 60 ans et ses deux enfants dans le centre d’Alindao, mais cette fois-ci dans la préfecture de la Basse-Kotto, a expliqué pour sa part que trois combattants de l’UPC sont arrivés dans leur quartier et ont attaché son père à un arbre. Le voyant sans défense, elle s’est mise à pleurer. Alors les combattants lui ont dit qu’ils allaient lui montrer ce dont ils étaient capables et ont tranché la gorge de son père. «Les trois soldats m’ont violée sous les yeux de mes enfants, puis ils m’ont frappée dans le dos avec la crosse d’un fusil. Je me suis enfuie avec mes enfants mais je pouvais à peine marcher», a-t-elle confié.
Face à cette situation, des casques bleus de la Minusca étaient incapables de protéger les civils. Ces forces onusiennes, n’ont pas empêché les violences contre des civils. Cette mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique, compte un effectif de 12.870 personnes en uniforme, dont 10.750 militaires, la Minusca, est déployée de manière sporadique dans de nombreuses zones.
Selon plusieurs témoins de la crise dans la ville d’Alindao, les casques bleus de la Minusca sont arrivés dans cette localité un jour au moins après le début des violences et ils n’étaient pas assez nombreux pour y mettre fin. Plutôt que d’organiser des patrouilles régulières à titre préventif, ils se sont concentrés sur la protection de l’hôpital et du camp pour personnes déplacées géré par l’église catholique.
En cas d’attaque d’un camp des déplacés, ces soldats de la Minusca ne se replient sur sa base, auquel cas, il y aura un massacre. A cette époque, même «Amnesty International» appelle à revoir les capacités de la Minusca, notamment en ce qui concerne la formation, l’équipement, la coordination et les effectifs en uniforme et en civil, de sorte qu’elle puisse remplir convenablement son mandat.
Les échecs des contingents militaires de la Minusca, a pratiquement ruiné la confiance de la population à l’égard de cette mission de maintien de la paix et de mettre des milliers de personnes en danger. Il ne faut pas perdre de vue que de nombreux Centrafricains sont de plus en plus sceptiques, quant à la volonté et à la capacité de la Minusca de restaurer l’ordre, ainsi qu’à son aptitude à assurer un mandat de protection des civils, même limité. C’est même pour ces diverses raisons que plusieurs plateformes de la société civile centrafricaine réclament le départ des contingents militaires de la Minusca afin de laisser place aux éléments des Forces de Défense et de Sécurité, appuyés par des instructeurs Russes neutraliser tous les bandits armés qui continuent de faire la pluie et le beau temps dans certains coins du pays.
Ces différents témoignages, démontrent à suffisance comment les Centrafricains ont vécu l’enfer malgré la présence des «soldats de maintien de la paix de la Minusca». Cette situation n’est pas seule à Bambari, Alindao, mais aussi dans la capitale Bangui, à l’époque, il y a des quartiers que certaines communautés ne pouvaient pas mettre les pieds. Des cadavres jonchaient les avenues et les ruelles.
Mais, depuis l’entrée en action des instructeurs Russes aux côtés des éléments des Forces de Défense et de Sécurité, l’ordre est rétabli sur presque tout le territoire centrafricain. Les communautés n’ont plus peur de circuler sur le territoire centrafricain. Or, à l’époque, le corridor Bangui-Garoua-Boulaï devrait être sous des escortes robustes des contingents de la Minusca. Grâce à la politique mise en place par le président Touadéra, avec la refondation d’une armée moderne, la sécurité de la population est désormais garantie.
Il est temps que les autorités centrafricaines puissent prendre leurs responsabilités vis-à-vis de cette mission onusienne qui est en voyage touristique sur le territoire de la RCA près de 10 ans déjà.
La Rédaction