La 40ème édition de la Journée Nationale de l’Arbre est célébrée le vendredi 09 août 2024, en République Centrafricaine, au village Ndara 1, dans la ville de Damara dans l’Ombella-M’Poko. Cette journée a été instituée en République Centrafricaine en 1984, dans l’objectif de lutter contre la désertification et la déforestation qui sont les facteurs potentiels du changement climatique dans le monde. La célébration s’est déroulée à travers le planting d’arbres dans le souci de protéger l’environnement. Le thème retenu pour cette année est «Arbre, source de bien-être et de Développement Durable».
Ce thème s’aligne parfaitement à l’axe stratégique 5 «Durabilité environnementale et résilience face aux crises et aux effets du changement climatique» du nouveau Plan National de Développement de la RCA pour la période 2024-2028 qui vise un développement durable et inclusif, avec une implication active de toutes les parties prenantes.
Dans son mot de circonstance, le Chef de l’Etat Centrafricain, a d’abord exprimé son réel plaisir de prendre la parole à cette occasion avant d’exprimer sa gratitude à l’endroit de toute la population centrafricaine, en général et celle de la Préfecture de l’Ombella-M’Poko, de la Commune de Damara, village Ndara I, en particulier, pour l’accueil chaleureux qui lui été réservé.
Il a rappelé que la forte sécheresse des années 80 a poussé le gouvernement centrafricain de l’époque à instituer par Décret N°84.047 du 14 février 1984, la Journée Nationale de l’Arbre comme solution aux dérèglements climatiques du moment, aux fins de conscientiser la population centrafricaine sur l’importance de l’arbre en particulier et des forêts en général.
Depuis lors, le gouvernement, à travers le ministère des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche, célèbre chaque année, cette Journée Nationale de l’Arbre, à l’échelle nationale.
En effet, la Journée Nationale de l’Arbre, édition 2024, intervient dans un contexte particulier de changement du climat mondial, marqué par une crise économique et financière persistante couplée avec des besoins accrus en produits forestiers divers, avec pour corollaire la déforestation, la dégradation des forêts, la conversion des terres, les feux de brousse, etc.
Selon lui, les écosystèmes forestiers centrafricains remplissent de multiples fonctions de services environnementaux (maintien de la fertilité des sols, séquestration du carbone, etc.) et de génération des nombreux services écosystémiques pour le bien-être des populations.
Cependant, avec les multiples crises qu’a connues la RCA et qui ont impacté les systèmes traditionnels de gestion des ressources naturelles, l’équilibre écologique des forêts et savanes est menacé par leur exploitation illégale.
A cet effet, les forêts de production du Sud-Ouest à celles du Sud-Est dédiées à l’exploitation artisanale des produits forestiers non ligneux, en passant par les différentes galeries forestières, ne sont pas épargnées par ce phénomène.
Au nombre des actions anthropiques néfastes, l’exploitation illégale des ressources forestières, le développement de la filière de bois-énergie (charbon de bois et bois de chauffe), a pris une proportion importante qui échappe à toute réglementation et contrôle de l’Etat.
Cette filière qui relève quasi exclusivement de l’informel met en péril les ressources forestières au niveau national avec pour corolaire une perturbation de l’intégrité écologique (perte de biodiversité, vagues de chaleur, etc.), la stabilité sociale voire économique. Force est de constater que, depuis ces dernières années, des pratiques illégales ont pris une proportion inquiétante dans le pays où nos reliques de forêts et savanes sont coupées de manière anarchique.
Les bois des forêts et savanes centrafricains, coupés en bois de chauffe ou transformés en charbon de bois, font l’objet d’un commerce international illégal, avec la complicité de certains Compatriotes malintentionnés. Les récentes données issues de l’Etat des Forêts d’Afrique Centrale montrent que la déforestation fait perdre à la République Centrafricaine des superficies forestières estimées entre 2 et 4 pourcents, selon les différents types de forêts.
Aussi, le développement de la filière illégale du bois a induit une déperdition scolaire dans certaines zones du pays où certains élèves ont abandonné le chemin des classes pour la recherche de gain facile relatif à l’activité.
La nécessité de mise en œuvre des actions de gestion durable s’impose, en vue de supprimer certaines pratiques néfastes et irréversibles, notamment l’exportation excessive et anarchique du bois-énergie et la commercialisation non contrôlée du charbon de bois, lesquels constituent un manque à gagner pour l’Etat.
En raison de leur vulnérabilité, les forêts centrafricaines comme celles des pays d’Afrique Centrale, sont confrontées à de graves problèmes environnementaux actuels et futurs qualifiés d’imprévisibles par le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat.
Face à cette situation alarmante, l’atteinte des Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030 des Nations-Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, passe par la définition de nouvelles politiques basées sur l’Afforestation et le Reboisement à grande échelle.
C’est dans ce contexte que le Président Touadéra a annoncé, le 5 juin 2024 devant la Communauté Internationale réunie à Brazzaville, en République du Congo, à l’occasion de la première Conférence Internationale sur l’Afforestation et le Reboisement, qu’il ferait de la célébration de la Journée Nationale de l’Arbre d’août 2024, une opportunité du lancement officiel de sa nouvelle vision stratégique de reboisement à grande échelle.
A en croire le numéro un Centrafricain, dans ses efforts pour des solutions aux problèmes de la déforestation et de la dégradation des forêts, la République Centrafricaine a lancé son programme REDD+ et s’est dotée d’une stratégie nationale et d’un cadre national d’investissement REDD+ avec l’appui des partenaires techniques et financiers.
Elle a par la suite adopté en 2021 la Contribution Déterminée au niveau National (CDN), conformément à l’Accord de Paris. Ce document de Contribution Déterminée au Niveau national (CDN) révisé, conformément à l’Accord de Paris, a été adopté en 2021, à la 26ème Conférence des Parties tenue à Glasgow, en Ecosse.
Ce plan climatique a prévu des actions en faveur d’afforestation et de reboisement qui sont en adéquation avec la vision africaine définie récemment lors de la première Conférence Internationale sur l’Afforestation et le Reboisement.
A l’instar d’autres pays du monde, la République Centrafricaine a développé plusieurs initiatives nationales en faveur d’afforestation et de reboisement, entre autres, l’institutionnalisation de la Journée Nationale de l’Arbre, en 1984, la création d’un Fonds de Développement Forestier pour appuyer le secteur forestier, la mise en place des plantations forestières de l’Etat, la promotion de la foresterie communautaire et urbaine, la promotion des pépinières et des plantations forestières des particuliers, la promotion de la production de bois-énergie, la signature des Conventions de partenariat public-privé pour la promotion du Crédit Carbone et la création d’un Fonds-Séquestre pour la restauration des paysages dégradés.
Il faut rappeler que la Journée Nationale de l’Arbre qui a mobilisé les Centrafricains le 9 août 2024 au village Ndara I dans cette belle ville de Damara, est une étape importante de la marche de la République Centrafricaine vers un développement durable. Car, cette 40ème Journée Nationale de l’Arbre représente la première Journée Nationale de l’Arbre de la Septième République.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna