Dans son message à la tribune des Nations-Unies, le jeudi 26 septembre 2024, le Chef de l’Etat Centrafricain, Pr Faustin Archange Touadéra, a plaidé en faveur d’un financement pour la lutte contre le changement climatique en Afrique en général et dans son pays la RCA en particulier.
Dans son message, il a fait remarquer que le changement climatique, avec ses effets dramatiques, tels que les inondations meurtrières, la sécheresse et les gigantesques incendies observés dans le monde entier, présente des risques qui vont de l’insécurité alimentaire et hydrique, et de la concurrence pour les ressources naturelles à la perte des moyens de subsistance, ainsi qu’aux déplacements des populations.
Ces risques interdépendants et en cascade, selon lui, peuvent avoir des implications importantes pour la paix, la sécurité et le développement à travers les continents.
C’est ainsi qu’en Afrique Subsaharienne, épicentre des crises humanitaires, les catastrophes environnementales, ont entraîné cette année plus de 1.000 morts et 4 millions de réfugiés climatiques ainsi que des dégâts matériels inestimables, particulièrement au Tchad voisin où le bilan des victimes s’est alourdi après des jours de fortes pluies qui ont provoqué des inondations généralisées et contraint à des évacuations.
A cette occasion, le Chef de l’Etat Centrafricain veut, du haut de la tribune des Nations Unies, symbole par excellence de la solidarité humaine, exprimer la solidarité du peuple Centrafricain à tous les peuples du monde durement frappés par des catastrophes naturelles.
Dans ce monde tourmenté par des conflits sanglants, menacé périodiquement par des phénomènes météorologiques meurtriers et dévastateurs, seuls les pays en développement, rendus pauvres par des siècles d’esclavage, de colonialisme et de néocolonialisme caractérisé par des ingérences protéiformes dans leurs affaires intérieures, de l’injustice dans la rémunération des prix des matières premières, de fortes conditionnalités imposées par l’architecture financière internationale, assistent impuissants aux défis sécuritaires, financiers, économiques, alimentaires et environnementaux.
Pour le Président Touadéra, les promesses de financement en faveur des pays vulnérables, tardent à prendre forme et les mesures d’atténuation prises à l’occasion des COP face à la montée inquiétante de la température changent comme la météo, au gré des intérêts politiques, géopolitiques et géostratégiques des grandes puissances.
Conscient de la dangerosité du phénomène climatique, son pays, la RCA, a mis en place des politiques sectorielles dont l’efficacité dépend en partie des financements climatiques encore aléatoires.
Pour ce faire, la République Centrafricaine exhorte l’ONU à œuvrer davantage en faveur de la mise en œuvre du Nexus Climat, Paix et Développement, par la création d’une synergie entre adaptation climatique et consolidation de la paix, afin d’absorber de manière holistique les vulnérabilités liées au changement climatique, ainsi que la fragilité et les risques de conflits.
«Le monde se rapproche dangereusement du gouffre», a-t-il déclaré. Et de poursuivre que l’architecture actuelle de paix et de sécurité de l’ONU, est soumise à des pressions énormes. Les raisons invoquées par l’Afrique au soutien de sa demande légitime de réforme du Conseil de Sécurité et d’un droit de veto sont irrésistibles.
Un pas vient d’être fait par les Etats-Unis d’Amérique qui soutiennent la création de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de Sécurité des Nations Unies et d’un siège tournant pour les petits pays insulaires en développement.
Cette proposition est certes louable. Mais, au regard de l’évolution du monde, l’Afrique, longtemps laissée de côté, ne doit se complaire dans une telle proposition qui ne peut s’analyser autrement que par un déni perpétuel du droit de veto.
Il est également temps d’accélérer la réforme de la gouvernance de l’architecture financière internationale pour remédier aux inégalités, mobiliser les financements adéquats pour atteindre les ODD, répondre aux besoins de financements des pays en développement, reformer la mise en œuvre et le respect des accords multilatéraux sur l’environnement afin de concrétiser notre ambition commune de protéger la planète.
Selon le Chef de l’Etat Centrafricain, les démographes estiment qu’en 2050, la moitié de la jeunesse mondiale vivra en Afrique et la moitié des 54 pays africains auront vu leur population quasiment doublée. «Je salue le Pacte de l’Avenir auquel sont annexés le Pacte numérique mondial et les déclarations sur les générations futures adoptées lors du Sommet sur l’Avenir», a-t-il reconnu.
Il est temps d’accélérer la mise en œuvre des ODD dans le domaine de la science, de la technologie, de l’innovation et de la coopération digitale, avec un accent sur l’équité, les droits et l’universalité.
Aujourd’hui, les jeunes, agents essentiels d’un changement positif et contributeurs importants au développement durable, au respect des droits de l’Homme, à la paix et à sécurité mondiales, font face à un certain nombre de vulnérabilités qui empêchent la réalisation de leur plein potentiel et à l’exercice de leurs droits fondamentaux.
Par conséquent, il a fait savoir que l’Afrique en général et la RCA en particulier doit engager à transformer les niveaux d’investissement en faveur des jeunes, des femmes, des filles et des personnes vivant avec handicap, afin de garantir un avenir meilleur pour tous.
En ce qui concerne la République Centrafricaine, l’ambitieux Plan National de Développement (PND) pour la période 2024-2028, établit un meilleur équilibre entre les besoins et intérêts des générations présentes et futures en retenant comme l’un de ses axes stratégiques le développement du capital humain.
Il souhaite que l’esprit qui a conduit à la création de l’ONU continue sans relâche d’exercer son influence et aider à créer un climat qui permettra de résoudre le problème des atteintes à la paix et à la sécurité internationales, au développement durable, d’une manière satisfaisante pour toute l’humanité.
Saint-Cyr-Gbégbé-Ngaïna