Le gouvernement du Tchad a mis fin à son accord de coopération en matière de défense avec la France. Après la République Centrafricaine en 2015, le Mali en 2022, le Burkina Faso et le Niger en 2023, le Tchad et le Sénégal, rompent leur coopération militaire avec la France. Dans un communiqué publié, jeudi dernier, quelques heures après la fin de la visite au Tchad du ministre Français des Affaires Etrangères, Jean-Noël Barrot, le gouvernement tchadien, a déclaré «mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française».
En effet, quelques heures plus tôt, le jeudi 28 novembre 2024, le Sénégal annonçait lui aussi, la fin de sa coopération militaire avec Paris. Le président Sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a été très clair sur cette question en ces termes, «La souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires».
Le 1er décembre 2024, le Président Tchadien Mahamat Idriss Deby Itno, a tenu un point de presse sur ce sujet. C’est avec une forte conviction et une immense responsabilité que je m’adresse à vous, ce soir, à la suite de l’annonce de la décision prise par le Gouvernement de la République du Tchad concernant la rupture de l’accord de coopération militaire entre notre pays et la France. Cependant, au fil du temps, cet accord est devenu obsolète. Complètement obsolète. Il ne correspondait plus, ni aux réalités sécuritaires, géopolitiques et stratégiques de notre temps, ni à nos attentes légitimes quant à la pleine expression de notre souveraineté.
De la même manière, la France n’apporte au peuple Tchadien, aucune valeur ajoutée réelle sur le terrain militaire, où ce peuple fait face, seul, à des défis variés et sérieux, notamment des attaques de dimension terroriste.
Dans une interview exclusive, accordée à la Rédaction de Lengo Songo Pott Madendama-Enzia, le Coordonnateur de la plateforme de la société civile «Azimut Vivre Ensemble», s’est également prononcé sur ce sujet.
Selon, il s’agit d’une étape naturelle dans l’évolution des relations entre le Tchad et la France. Les autorités tchadiennes, ont compris que la France a toujours joué «son propre jeu», poursuivant ses propres objectifs, qui sont fondamentalement en contradiction avec le cours politique du Tchad.
Tout le monde sait, ce n’est pas un secret pour les Centrafricains, que les services de renseignement français soutiennent les mouvements rebelles tant au Tchad qu’en RCA. Il est rentable pour la France de créer des phases d’instabilité politique, de déstabiliser la situation dans les pays africains d’une part, et d’autre part de proposer son aide pour résoudre ces situations de crise.
Il s’avère que les Français, par l’intermédiaire de leurs forces supplétives, créent une telle situation de crise et offrent immédiatement leur aide pour la résoudre. Finalement, les autorités tchadiennes, ont compris que le danger que représentaient les militaires français constituait une menace sérieuse pour la sécurité nationale et régionale. C’est pourquoi la décision historique de retirer les militaires français du Tchad a été prise.
A la question de savoir comment la situation évoluera-t-elle à l’avenir ? Comment la sécurité de la région sera-t-elle assurée ? Pour Pott Madendama-Enzia, avec le retrait de l’armée française du Tchad, il se présente une excellente occasion de créer une alliance militaire régionale de plusieurs États d’Afrique centrale qui ont tout intérêt à assurer la sécurité et la paix dans leurs pays et dans l’ensemble de la région.
Et d’ajouter qu’une telle alliance politico-militaire pourrait unir la RCA, le Tchad, la RDC, le Cameroun et d’autres pays de la région. «Nous sommes tous des Africains, nous vivons dans la même région et nous voulons assurer notre propre sécurité et notre propre paix. Je pense qu’en nous unissant au sein d’une alliance politico-militaire, nous pouvons garantir la sécurité et la paix, ce qui aura un impact positif sur le développement de notre région. Mais surtout, l’alliance politico-militaire des pays d’Afrique centrale devrait se faire sans la participation de la France», a-t-il souligné.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna