Convoqués le 1er octobre 2024, les travaux de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée Nationale, placés sous la houlette de son Président, honorable Simplice Mathieu Sarandji, qui devraient s’achever le 29 décembre 2024, ont finalement pris fin le lundi 30 décembre 2024, en raison de certaines contingences techniques et protocolaires.
Le Premier Ministre Félix Moloua à l’accoutumée n’a pas dérogé à la règle pour rehausser de sa présence cette cérémonie au même titre que plusieurs personnalités membres des Cabinets de la Présidence de la République, de l’Assemblée Nationale et de la Primature, les Présidents des institutions républicaines, membres du gouvernement, diplomates en poste à Bangui, représentants des institutions et organismes internationaux et autres invités de renom.
La lecture de l’Arrêté de clôture desdites assises lue par le Premier Secrétaire Parlementaire, honorable Clément Ndombé, a précédé l’allocution du Chef du Parlement national, Simplice Mathieu Sarandji, ainsi déclinée et ponctuée d’une minute de silence en mémoire des jeunes assassinés sur l’axe Ippy-Bria :
Selon Simplice Mathieu Saradnji, la clôture de cette Session ordinaire, coïncide avec la fin imminente de l’année 2024. Il lui plaît de constater que cette année marque la renaissance de l’espoir d’un avenir meilleur dans le cœur de l’écrasante majorité de la population centrafricaine, comme en témoigne la liesse populaire constatée lors des festivités marquant le 66ème anniversaire de la proclamation de la République Centrafricaine, commémorée sur l’ensemble du territoire national.
En opposition à cette liesse populaire, poursuit-il, des ennemis de la paix, individus sans foi ni loi, qui ne comprennent que le langage des armes, lesquels, après avoir mené quelques attaques infructueuses contre certaines positions des Forces de Défense et de Sécurité, commirent dans le village Guiama Ngoundji entre Ippy et Bria, le massacre d’une dizaine de jeunes commerçants et l’incendie de leurs motocyclettes le 25 novembre 2024.
Aujourd’hui, les travaux de clôture de la deuxième session ordinaire de l’année 2024 qui a été consacrée essentiellement à l’examen et l’adoption du projet de Loi de Finances au titre de l’exercice 2025, à la suite de discussions et arbitrages difficiles, permettra au gouvernement de lever l’impôt et d’effectuer les dépenses nécessaires au fonctionnement de l’Etat au cours de l’année 2025. Toutefois, «je me permets de relever que ce projet de Loi de finances a été transmis avec un retard excessif, autrement dit en violation des dispositions constitutionnelles qui obligent le Gouvernement à le déposer sur le bureau de l’Assemblée Nationale au plus tard le 15 septembre de chaque année. Fort heureusement, les Députés ont adhéré aux raisons évoquées par le Gouvernement pour justifier ce retard», a-t-il déclaré.
Selon lui, lors de la présentation sans débat du projet de Loi de finances 2025 par le Ministre des Finances et du Budget, celui-ci a déclaré que ledit projet de Loi a été élaboré dans un contexte caractérisé par une situation macroéconomique précaire, des perturbations dans l’approvisionnement en électricité ainsi que des difficultés persistantes dans la stabilisation du sous-secteur pétrolier, la poursuite des discussions avec le Fonds Monétaire International dans le cadre de la conclusion de la troisième revue du programme appuyé par la Facilité Elargie de Crédit (FEC).
En outre, il a ajouté que, selon les dernières prévisions du Fonds Monétaire International d’octobre 2024, la croissance économique mondiale devrait décélérer à 3,2% en 2024 et 2025, après avoir atteint 3,3% en 2023. Elle enregistrerait une moyenne de 3,1%, sur un horizon de cinq ans, soit le profil de croissance à moyen terme le plus morose enregistré depuis deux décennies.
Cependant, l’inflation mondiale poursuivrait son repli pour s’établir à 5,2% en 2024, portée par le resserrement massif et simultané des politiques monétaires et la baisse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.
Sur le plan national, il a affirmé que l’environnement économique demeure marqué par le train des réformes économiques et financières soutenues par le programme de Facilité Elargie de Crédit (FEC) du FMI et la préparation des élections présidentielle, législatives et communales prévues en 2025.
Toujours selon lui, les efforts du Gouvernement restent focalisés sur la collecte des recettes budgétaires, la lutte contre la corruption, ainsi que la transparence dans la gestion des finances publiques. La reprise économique devrait donc se poursuivre, avec une croissance estimée à 1,4% en 2024 et 2,9% en 2025 et une inflation de 4,1% en 2024 et 3,4% en 2025.
D’importants défis continuent de peser sur les perspectives économiques ainsi que sur les finances publiques. Le premier défi majeur et récurrent concerne la campagne d’approvisionnement en carburant par le fleuve Oubangui ajouté aux prix du carburant à la pompe qui reste parmi les plus élevés au monde et continuent d’impacter l’activité économique dans le pays.
Le deuxième défi concerne la maîtrise des risques budgétaires, notamment ceux liés à la faiblesse du processus de programmation et d’exécution budgétaire. Ces risques ont déjà entraîné d’importants excédents de dépenses au cours du premier semestre de cette année.
En plus, il y a les impacts des risques liés aux tensions géopolitiques qui touchent la République Centrafricaine au moment où son espace budgétaire est extrêmement restreint. En revanche, il est à noter que malgré la hausse des prix des produits pétroliers qui devraient augmenter les revenus pétroliers, on assiste à une flambée des prix des biens de première nécessité. Aussi, est-il à craindre que le budget de l’Etat dont l’équilibre demeure précaire soit davantage sollicité en termes de subventions afin d’atténuer les tensions inflationnistes.
L’équilibre budgétaire pourrait également être compromis si la mobilisation des différents financements extérieurs attendus venait à être considérablement affectée par ces tensions géopolitiques.
Toutefois, la consolidation de la paix et de la sécurité intérieure, l’amélioration de la fourniture du courant et l’approvisionnement en carburant, l’accélération de la mise en œuvre des projets en cours, notamment le corridor Pointe-Noire-Bangui financé par la Banque Africaine de Développement (BAD), constituent autant de facteurs favorables à ces perspectives. C’est l’occasion de rappeler que l’organisation du Débat d’Orientation Budgétaire (DOB) en Mai dernier, a offert l’opportunité de présenter aux Elus de la Nation les choix stratégiques du Gouvernement en matière de recettes et de dépenses pour les trois années à venir.Ces choix reposent en grande partie sur une couverture de plus en plus importante des charges de l’Etat par les recettes domestiques et le recours aux autres formes de concours, notamment les financements extérieurs, le marché financier sous régional ou le Partenariat-Public-Privé.
Les principales données de l’équilibre de ce budget sont les suivantes :Les ressources totales prévues sont estimées à : trois cent quarante-cinq milliards deux cent millions (345.200.000.000) de francs CFA, dont cent quatre-vingt-cinq milliards (185.000.000.000) de francs CFA de ressources propres et cent soixante milliards deux cent millions (160.200.000.000) de francs CFA de ressources extérieures. Les charges totales quant à elles, sont estimées à trois cent soixante-cinq milliards neuf cent dix-sept millions neuf cent soixante-quinze mille (365.917.975.000) francs CFA. Au regard des prévisions des ressources et des charges, il se dégage un solde budgétaire global déficitaire de : vingt milliards sept cent-dix-sept millions neuf cent soixante-quinze mille (-20.717.975.000) francs CFA, correspondant à -1,1% du PIB. Quant au solde primaire, il est déficitaire de : vingt-six milliards seize-millions cinq-cinq mille (-26.016.005.000) francs CFA, représentant 1,4% du PIB.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna