Le Président de la République, Pr Faustin Archange Touadéra, explique les raisons qui l’a poussé de discuter avec les groupes armés réfractaires. Selon lui, il est important de les écouter afin de comprendre leur motivation et trouver une solution définitive à leurs agitations contre les populations civiles dans les villes de provinces de la RCA. Position exprimée le 30 mai dernier, à Bangui, lors de la deuxième édition de Déjeuner de presse, au palais de la Renaissance.
Mi-avril 2025, un nouvel accord de paix a été signé à Ndjamena au Tchad, entre le gouvernement centrafricain et deux leaders des groupes armés, notamment Sembé Bobo, leader des «3R» et Ali Darassa Mahamat, chef de l’UPC.
Ce nouvel accord, a suscité plusieurs réactions hostiles. Pour certains observateurs de la vie socio-politique du pays, cela est une prime à l’impunité. D’autres pensent que cet accord, est une forme d’amnistie à l’égard des leaders des groupes armés et leurs éléments qui continuent de tuer, piller, violer, voler, incendier des villages et des maisons dans les villes de provinces de la République Centrafricaine.
Pour le Chef de l’Etat Centrafricain, Pr Faustin Archange Touadéra, sa décision est la bonne voie de sortie définitive de crise sécuritaire. Car, cela lui permet de comprendre les motivations de ces groupes armés qui restent dans la brousse et s’attaquent à la population autochtones et rurales.
En écoutant sa réaction à cette préoccupation, il a fait savoir que «la sécurité de nos populations ça me préoccupe. J’ai pensé de discuter avec eux, certains pensent que c’est une faiblesse, pour moi ce n’est pas une faiblesse parce que je veux la sécurité de mes populations. Je dois discuter avec eux», a-t-il déclaré.
Selon lui, certains sont des Centrafricains qui sont perdus, «alors qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai appelé les 3R, et j’ai remarqué dans les 3R et dans l’UPC, et surtout dans les 3R, la majorité, c’est la population peuhle. J’ai fait appel au chef traditionnel peuhl, ici au palais. J’ai dit, puisque vous êtes chef traditionnel, est-ce que vous ne pouvez pas parler aux familles, parce que ces gens qui sont sur le terrain, sont issus d’une famille que vous contrôlez, et leur dire que le Président de la République veut discuter avec eux. Quel est l’intérêt aujourd’hui pour vous de continuer à tuer, à vous battre dans la brousse ?», s’interroge-t-il.
C’est ainsi qu’il a envoyé son responsable de renseignements qui est allé voir son homologue tchadien. Ils ont discuté avec Bobo et pendant qu’ils sont en train de discuter, ces discussions ont intéressé Ali Darassa, qui a demandé également de faire partie.
En fin de compte, on a accepté et ils ont discuté ensemble. Il y a eu un accord, «ça peut être bancale ou quoi. Mais pour moi, c’est important pour que ces fils du pays qu’on puisse être autour de la table discuter pour que la paix revienne. Les gens ne comprennent pas. J’ai écouté par-ci, par-là, il y a beaucoup de critiques. Mais, si vous êtes Chef d’Etat, et que vous êtes ici, qu’on dise à Paoua qu’on a brûlé une maison et on vous appelle à minuit et à n’importe quel moment, les gens sont dans la rue et que le lendemain vous devez envoyer le ministère de l’Action Humanitaire sur le terrain, mais ça ne suffit pas. Et il faut que ça s’arrête !», a-t-il insisté.
Cette main tendue du Président Touadéra vers les groupes armés a aujourd’hui, porté fruits. Il y a de cela quelques jours, 124 ex-combattants se sont volontairement rendus avec leurs armes dans les préfectures de l’Ouham et l’Ombella-M’Poko.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna