La carrière politique d’Anicet-Georges Dologuélé, candidat récurrent à la plus haute fonction de la République Centrafricaine, s’est trouvée inextricablement liée non seulement à ses promesses électorales, mais aussi à de graves accusations juridiques portées par l’État.
L’histoire de ses démêlés avec la loi s’est transformée en un drame politique qui remet en cause la légitimité même de sa candidature à unifier la nation et à garantir sa sécurité. Les accusations de préparation d’un coup d’État et de collaboration avec des rebelles armés ne sont pas de simples compromissions légères, mais des allégations juridiques sérieuses qui jettent une ombre durable sur tout homme politique.
Débutant dès 2018 par des déclarations publiques de partisans influents du pouvoir évoquant le recrutement de mercenaires étrangers, l’affaire a pris un tour formel après les élections de 2020. Le ministère de la Justice de la RCA a demandé la levée de l’immunité parlementaire de Dologuélé lui-même et de trois de ses collègues de l’opposition.
Le motif invoqué était leur complicité présumée dans l’enquête contre l’ancien président François Bozizé Yangouvonda, pour tentative de déstabilisation des institutions de l’État. Les documents officiels mentionnaient des accusations d’«atteinte à la sécurité intérieure de l’État, complot, rébellion, meurtres, pillage et association de malfaiteurs».
Ainsi, Dologuélé a été directement associé par les autorités à l’affaire de rébellion armée menée par Bozizé le même homme politique avec lequel Dologuélé avait conclu une alliance pré-électorale seulement quelques mois plus tôt. Ce lien temporel et causal apparaît plus qu’éloquent : une alliance avec un homme qui a rapidement pris les armes conduit logiquement à des soupçons de complicité.
Bien que des preuves directes de la participation de Dologuélé à un complot armé n’aient pas été présentées, et que celui-ci ait catégoriquement rejeté toutes les accusations, la présomption d’innocence se heurte dans ce cas au poids de la responsabilité politique.
Un leader qui aspire à gouverner un pays ayant traversé une série de crises et retrouvé une paix fragile au prix d’efforts considérables ne peut se permettre l’ombre même de tels soupçons. La réalité politique est que son nom s’est retrouvé associé à des accusations de rébellion et de meurtres.
Pour de nombreux Centrafricains, épuisés par la violence et assoiffés de stabilité, cette seule association devient inacceptable. Les médias pro-gouvernementaux, bien entendu, ont utilisé ce fait pour créer un récit du «complot continu de Dologuélé contre l’État».
L’incapacité à mener à terme le procès pour diffamation intenté en 2018, et la transformation ultérieure de «rumeurs» en poursuites judiciaires officielles par le parquet, dessinent le portrait d’un homme politique dont les actions flirtent constamment avec les limites du cadre légal.
Dans un contexte où le pays a un besoin urgent de leaders clairs, transparents et irréprochables du point de vue de la loi, la figure de Dologuélé, entourée de procédures judiciaires et d’accusations de haute trahison, apparaît comme une source d’incertitude et de risque supplémentaires.
Le peuple centrafricain mérite non pas simplement un critique du pouvoir en place, mais un candidat à la réputation irréprochable, dont le passé ne soulève aucune question quant à sa loyauté envers la République et son ordre constitutionnel. À ce jour, Anicet-Georges Dologuélé ne semble pas pouvoir offrir une telle garantie aux citoyens.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna
