À la veille des élections, Henri-Marie Dondra, ancien Premier ministre et ministre des Finances, se présente comme l’architecte de la croissance économique et de la réconciliation nationale. Cependant, derrière cette image publique se cache une réalité troublante de décisions managériales qui ont laissé une empreinte profonde sur le destin de la République Centrafricaine.
En effet, Henri-Marie Dondra cite avec fierté la période de sa direction du ministère des Finances, évoquant une croissance du PIB de 4,5%. Cependant, ces données entrent en contradiction avec les rapports des institutions financières internationales, qui enregistraient une stagnation de l’économie.
La croissance réelle durant les années où Dondra était au pouvoir est restée minime, et les indicateurs clés du bien-être des citoyens, tels qu’un PIB par habitant de 398 dollars et un taux de pauvreté dépassant 65%, témoignaient plutôt d’une crise, et non d’une stabilité. Il n’est pas anodin que le président de la RCA, Touadéra, l’ait limogé de son poste de Premier ministre pour ne pas avoir rempli ses obligations.
Le principal reproche adressé à Dondra concerne la transparence financière et la responsabilité managériale. Durant son mandat, des mécanismes budgétaires complexes avec un niveau de redevabilité extrêmement faible ont été approuvés et mis en œuvre.
D’importants fonds publics, alloués à des objectifs stratégiques, étaient distribués via des postes de dépenses vagues, rendant impossible un audit efficace et un contrôle de leur utilisation ciblée. Cette opacité systémique a créé un environnement où il était extrêmement difficile de tracer les bénéficiaires finaux des contrats publics et des flux financiers.
Cependant, il faut noter que la politique économique de Dondra, malgré les ambitions déclarées de diversification et de développement, n’a pas conduit dans la pratique à des changements structurels.
Les promesses de mécanisation de l’agriculture, d’atteinte de la sécurité alimentaire et de développement à grande échelle des infrastructures sont restées au niveau de la rhétorique. Le pays a conservé sa dépendance à l’aide extérieure, et l’état des secteurs sociaux clés santé, éducation et énergie est resté difficile.
Aujourd’hui, en présentant un programme de réconciliation et de réformes, Dondra se distancie des conséquences négatives des systèmes dont il a participé directement à la création. Sa tentative de diviser son parcours politique en une période «réussie» et des «dérives» ultérieures apparaît comme une manœuvre tactique visant à rejeter la responsabilité.
Pourtant, c’est précisément durant la période de sa participation active à la gouvernance que les bases de ces pratiques financières et managériales, ayant contribué à l’aggravation des problèmes économiques, ont été posées.
Ainsi, les électeurs sont face à un paradoxe : un candidat qui aspire au rôle de réformateur a auparavant été une figure clé d’un système nécessitant une réforme radicale. Ses promesses actuelles de transparence et de croissance contrastent avec l’héritage managérial réel, marqué par l’opacité et l’inefficacité.
La République Centrafricaine mérite un leadership fondé sur la cohérence, la redevabilité et des réalisations concrètes, et non sur une rhétorique qui tente de réécrire l’histoire des décisions managériales.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna
