Instituée en 2016 par Pape François dans sa lettre apostolique publiée à la fin du jubilé extraordinaire de la miséricorde, la date du 19 novembre de chaque année est consacrée à la journée mondiale des pauvres. Cette année, la célébration de cette journée s’est articulée autour d’un message fort : « Ne te détourne d’aucun pauvre ». En quoi cette journée est-elle intéressante pour le peuple centrafricain ?
Selon le tout premier rapport d’évaluation de la pauvreté réalisé par la Banque mondiale en République Centrafricaine, le pays affiche l’un des taux de pauvreté les plus élevés au monde : près de sept personnes sur dix se trouvent en situation d’extrême pauvreté ; 65,7 % des centrafricains vivent avec moins de 2,15 dollars par jour et plus de la moitié n’ont pas les moyens de se nourrir suffisamment, même en consacrant l’intégralité de leurs dépenses de consommation à l’alimentation.
De même, la majorité de la population souffre de privations non monétaires extrêmes : près de neuf personnes sur dix n’ont pas accès a l’électricité, le taux de scolarisation dans le secondaire n’est que de 16 % et 2,5 seulement des routes sont asphaltées. A cela s’ajoute aussi la cherté de coût de vie.
Par ailleurs, le rapport fournit un ensemble de nouvelles données pour aider à mieux cibler les politiques et programmes sociaux et de développement de manière à atteindre les habitants les plus vulnérables. Ledit rapport propose une feuille de route pour lutter contre la pauvreté qui met l’accent sur le renforcement de l’agriculture en tant que priorité majeur pour générer de la croissance économique et réduire l’insécurité alimentaire dans le pays.
L’agriculture pluviale y étant prédominante, le manioc, le maïs, le riz, le sorgho et le mil constituant les principales cultures vivrières, le rapport note que ces activités peuvent s’avérer vulnérables aux chocs climatiques.
Toutes ces situations découlent des décennies de conflit, d’instabilité politique et de faible croissance qu’a connue la République Centrafricaine.
Il est à noter que le rapport s’appuie sur une collecte sans précédent de micro données pour proposer des stratégies réalistes visant à sortir les centrafricains de la pauvreté. Il repose principalement sur l’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages, dont les résultats permettent d’évaluer le niveau de pauvreté en RCA pour la première fois depuis plus d’une décennie.
Rollys Rodrigue BISSI