Les travaux de la 6ème session du Comité ad-hoc des frontières, couplés avec la 3ème session de la Commission mixte permanent de sécurité entre la RCA et le Cameroun, ont pris fin le jeudi 27 juin 2024, à l’hôtel «Ledger Plaza Bangui». C’était en présence du ministre en charge de l’Administration du Territoire et du Développement Local, Bruno Yapandé et son homologue Camerounais, Paul Atanga Nji, Ministre de l’Administration du Territorial. Deux jours durant, les représentants des deux pays ont, à la fin des travaux, formulé des recommandations.
La cérémonie marquant la fin des travaux est marquée par la signature des documents entre les deux personnalités, représentant les deux pays, suivi de la lecture du Communiqué final dans lequel, les deux pays frères s’engagent à traduire dans les faits, leur volonté de démarquer et de réaffirmer leurs frontières communes à travers la mise en œuvre du chronogramme d’activité actualisé ; à promouvoir la coopération transfrontalière ainsi que de la sécurité transfrontalière ; de poursuivre la sensibilisation de la population et des autorités transfrontalières sur la nécessité de vivre dans la paix et la concorde. Enfin, d’encadrer formellement les relations socioéconomiques des populations frontalières.
Au cours de la cérémonie d’ouverture des travaux, quatre discours ont ponctué la cérémonie. Le 1er a été celui de la 1ère Vice-Présidente de la délégation spéciale de la ville de Bangui, Léontine Wenbona-Bona pour son mot de bienvenu, suivi du discours de la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations-Unies en Centrafrique, Valentine Rugwabiza, puis du Ministre de l’administration du Territoire Camerounais, Paul Atanga Nji et le discours 1er ministre Centrafricain, Félix Moloua.
Prenant la parole en 1er lieu, la 1ère Vice-Présidente de la délégation spéciale de la ville de Bangui, Léontine Wenbona-Bona, a rappelé que les populations de Centrafrique et du Cameroun, sont séparés par des frontières imaginaires, œuvre de la balkanisation de l’Afrique par l’Occident lors de la conférence de Berlin en 1884-1885 qui a jeté les bases de la colonisation. «Nous devons faire de cette frontière, un point entre nos pays, un levier de développement pour le bien-être de nos populations», a-t-elle fait savoir avant de rappeler que la problématique de cette rencontre relève de la compétence des gouvernements nationaux et de la souveraineté des Etats. «Mais, nous devons aussi impliquer les autorités locales et les leaders communautaires des villes et des régions frontalières dans la prévention et la gestion de certains conflits», a-t-elle déclaré.
Quant à la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations-Unies, Cheffe de la Minusca, Valentine Rugwabiza, l’occasion l’a permis de faire un constat sur le climat sécuritaire dans le pays. «J’ai pu constater personnellement qu’au cours des deux dernières années, tous les efforts entrepris par le gouvernement centrafricain, afin de renforcer la gestion de ces espaces frontaliers avec le soutien de plusieurs partenaires, dont la Minusca. Et cela s’est fait clairement et nettement dans la cadre de la mise en œuvre de l’APPR ainsi que la Feuille de Route de Luanda», a indiqué Valentine Rugwabiza.
Sur le plan institutionnel, elle rappelle par ailleurs que sous la direction et la coordination du ministre de l’Administration du Territoire, la RCA s’est dotée d’ une politique nationale de gestion des espaces frontaliers et d’un plan décennale pour renforcer progressivement le contrôle de ces espaces frontaliers et renforcer également l’extension de l’autorité de l’Etat dans ces zones qu’il faut le dire, sont éloignées de la capitale. Et dans ces zones, il faut le reconnaitre la présence de l’autorité de l’Etat, ont été très limitées, si pas absentes.
Elle ajoute par ailleurs que la Commission nationale chargée de la gestion des espaces frontaliers, a lancé ses travaux en avril dernier, sous la présidence du Premier Ministre Félix Moloua. Aujourd’hui, un cadre national spécifique à la gestion des espaces frontaliers, est donc disponible. Il embrasse un plan d’action avec un ensemble de réponses complémentaires qui offrent une vision et des actions précises. «Je me ferais le devoir de rapporter ces avancées, mais aussi les avancées qui sortiront de vos travaux au Conseil de sécurité des Nations-Unies que j’aurais le plaisir de briefer demain par téléconférence. Il convient de mentionner que la gestion des espaces frontaliers, n’est pas seulement une question de sécurité, n’est pas seulement une question de contrôle. En effet, les frontières, ne peuvent être réduites à de simples barrières. Elles représentent au-delà, de grandes opportunités de développement socioéconomiques ainsi que d’intégration régionale. Il s’agit par des actions complémentaires et coordonnées de créer de passerelles entre les communautés frontalières, de créer de passerelles entre les Etats tout en préservant les souverainetés et les intérêts économiques de chaque nation au service de chaque nation», a-t-elle mentionné.
Pour le ministre Camerounais de l’Administration du Territoire, Paul Atanga Nji, se situant dans le prolongement de la rencontre de Yaoundé, du 12 au 16 juin 2022, l’autorité rapporte que les présentes assises qui revêtent une importance particulière interviennent dans un contexte marqué par la persistance de l’insécurité transfrontalière d’une part et de nombreux points d’incertitudes juridique le long de la frontière commune d’autre part. «Il convient de rappeler que les instances bilatérales sus évoquées sont des cadres idoines de concertation et de réflexion sur les questions qui touchent à la sécurité le long de notre frontière commune ainsi que relatif aux tracés de celle-ci. C’est dire que cette plateforme vise la consolidation des liens géographiques et historiques qui unissent nos deux peuples. En effet, comme le recommande à juste titre l’Union Africaine, les frontières de notre continent doivent cesser d’être des barrières, des murs ou des obstacles au développement. Elles doivent devenir des traits d’union entre les peuples en vue d’une prospérité partagée», a rappelé le ministre.
Il poursuit que lors de dernières assises à Yaoundé, les parties prenantes, ont largement évoqué la question de la sécurisation et de la démarcation réaffirmée de la frontière exposée aux menaces de toutes sortes. Ainsi, il apparaît de toutes évidences que la présente rencontre, témoigne de la volonté des deux Chefs d’Etats à venir à bout de ces menaces.
Selon lui, la gestion de la transhumance, les incursions répétées des bandes armées, du trafic des armes et munitions, du braconnage intensif, de l’exploitation illicite des ressources naturelles, de la dissimulation des rebelles et bandits armées parmi les réfugiés, de la circulation non maitrisée des personnes, des tracasseries dans les multiples postes de contrôle de principaux corridor, l’existence de nombreux points juridiques le long du tracé de notre frontière commune. «Après avoir fait le point et une analyse approfondie de la situation sécuritaire à notre frontière, nous avons arrêté des recommandations et des résolutions dont la mise en œuvre permettrait d’apporter des solutions appropriées aux défis rencontrés», a évoqué Paul Atanga Nji.
La toute dernière personnalité à prendre la parole lors du lancement officiel des travaux, a été le Premier ministre Centrafricain, Félix Moloua. Face aux professionnels de médias, au sortir des activités, il mentionne que les deux pays sont tenus au respect du droit international sur la démarcation des frontières afin de garantir la paix entre les deux pays et d’entretenir les liens séculaires entre les deux peuples. «C’est l’occasion donné à nos experts de passer aux peignes fin tous les problèmes que nous ressentons au niveau de nos frontières. Et le gouvernement attend donc, beaucoup des conclusions et des recommandations qui seront issues de ces échanges et qui seront transmis à nos deux Chefs d’Etat. Et par rapport à leurs orientations, nous pourrions mettre en œuvres ces conclusions et recommandations pour respecter la volonté affichée de nos Chefs d’Etats, à travailler ensemble à réunir les deux pays dans l’intérêt de nos deux peuples. Nous devons respecter le droit international, tenir compte de cela pour ramener les limites frontalières et amener nos deux peuples qui déjà au niveau des deux frontières parlent les mêmes langues. Donc, c’est un peuple qui naturellement unie mais limité fictivement par la frontière», a fait savoir le premier ministre.
Les travaux de ces assises se tiennent une fois l’an, alternativement dans les deux pays. Toutefois, des sessions extraordinaires peuvent se tenir à la demande de l’une ou l’autre. Objectif recherché à travers cette initiative, vise à promouvoir la cohabitation pacifique entre les populations vivant de part et d’autres de la frontière commune, la concertation entre les autorités frontalières pour le renforcement des relations de coopération et de voisinage, de maintenir la sécurité à la frontière, rechercher les voies et moyens pour régler les problèmes liés à la mauvaise interprétation du tracé de la frontière, de promouvoir la coopération transfrontalière et le développement des zones frontalières.
Cyrille Renaldi Wegué Nidi