Le Chef de l’Etat Centrafricain est dans la logique de poser les jalons d’une vraie démocratie en République Centrafricaine. Chose promise, chose due. C’était le 3 mai 2024 qu’il a promis d’échanger avec la presse nationale et internationale sur les grands points qui font l’actualité en République Centrafricaine.
C’est ainsi que sur initiative du ministère de la Communication et des Médias, le Président Touadéra, a eu un tête-à-tête à la presse nationale et internationale. La rencontre a eu lieu dans la salle du cinéma du Palais de la Renaissance à Bangui, en présence du Président de l’Assemblée Nationale, Simplice Mathieu Sarandji, du Premier ministre, Chef du gouvernement, Félix Moloua, du Président de l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA), Tita Samba Solé, des membres du gouvernement sans oublier les membres du cabinet de la Présidence et de la Primature mobilisés pour la circonstance.
Il faut d’abord dire que cette rencontre inédite du Président Touadéra avec la presse nationale et internationale, indique clairement que cet exercice s’inscrit dans le cadre de la première édition du déjeuner de presse. Il a affiché sa disponibilité de discuter avec la presse nationale et internationale sur des questions qui font la une de l’actualité.
D’entrée de jeu, il s’est prononcé sur la levée totale de l’embargo sur les armes qui, selon lui, est aboutie grâce à un combat acharné par tout le peuple Centrafricain, «je pense que nous devons être heureux et fiers de la décision du Conseil de sécurité à la date du 30 juillet 2024. Cela a été un long combat, pas seulement du gouvernement ou du Président de la République, mais de tout le peuple Centrafricain. Depuis le retour à l’ordre constitution le 30 mars 2016, cet embargo n’a plus sa raison d’être. Car, toutes les institutions ont été mises en place et soutenues par la communauté internationale», a-t-il déclaré.
S’agissant de la question du respect de calendrier des prochaines élections locales ainsi que la position de certains leaders d’opposition notamment le BRDC, pour leur participation à ces élections, le Chef de l’Etat Centrafricain a insisté sur l’organisation et la tenue de ces élections à de date précise. «Nous devrions aller aux élections locales. C’est un changement de paradigme et on ne doit pas poser la question en terme négatif ! On doit se battre pour qu’on aille aux élections. C’est le renforcement de la démocratie à la base. Il revient à nos citoyens de choisir leurs autorités locales (chefs de quartiers, maires, chefs de villages). On va changer la mentalité de nos populations. Il n’y a pas de raisons pour la prolongation pour ne pas que le calendrier ne soit pas respecté», a-t-il insisté.
Quant à la préoccupation de la participation des leaders politiques de l’opposition démocratique, notamment le BRDC, le Chef de l’Etat Centrafricain, Pr Faustin Archange Touadéra a répondu en ces termes, «je crois que ce n’est pas toute l’opposition démocratique qui a pris cette position. Mais, quelques personnes et quelques partis politiques qui disent qu’ils ne veulent pas participer. Mais, ils ont tort. Car, aujourd’hui, on ne peut pas empêcher la population de pouvoir s’exprimer. Je pense que c’est l’occasion pour tous les partis politiques de présenter leurs candidats au niveau de nos communes, pour bâtir une vraie démocratie. Depuis près de 40 ans, on n’a pas organisé les élections. Aujourd’hui, il n’y a pas qu’eux. Il ne faut pas que nos frères-là puissent prendre le peuple Centrafricain en otage. Je n’accepterai pas !», a lâché le Président Touadéra.
Pour ce qui concerne le dialogue avec l’opposition démocratique, «j’ai toujours tendu la main. Je ne refuse pas le dialogue. Il vous souviendra qu’au sortir des élections, on avait organisé le Dialogue Républicain. Dans le comité d’organisation de ce dialogue, il y avait nos frères de l’opposition. Arrivée au dernier moment, ils disent qu’ils ne veulent pas prendre part. Mais, à cette époque, certains compatriotes de l’opposition n’ont pas compris ce comportement. Et pourtant, les choses se préparent bien et tout le monde est là avec plus de 500 délégués étaient venus, avec des débats publics à la radio et télé. C’était le moment et moi j’étais ouvert à cela. Ils ne sont pas venus, mais le débat a eu lieu. Aujourd’hui, je continue toujours».
Selon le Chef de l’Etat centrafricain, le dialogue est toujours là , notamment au niveau de l’Assemblée Nationale, où dans ce palais de la démocratie, tous les députés de l’opposition discutent. «Mais, si ces frères et sœurs souhaitent me rencontrer pour parler, je suis prêt. Je ne refuse pas les rencontres. Mais, pour ces élections locales, cela doivent se tenir, parce qu’on ne peut pas empêcher la marche de la démocratie», a-t-il souligné.
Pour ce qui est de la coopération, le numéro un Centrafricain a fait savoir que les Centrafricains sont jaloux de leur souveraineté, «nous sommes jaloux de notre souveraineté et moi en tant que Président de la République, je n’a pas vacillé dans nos coopérations. Nous donnons la possibilité de coopérer avec tous les amis qui souhaitent et il n’y a pas d’incompatibilité de nous ouvrir à des partenaires avec qui, nous discutons dans le cadre des intérêts mutuels de notre pays», a-t-il mentionné.
Et celui-ci de soulever que dans le cadre de la France, si la RCA discute avec ce pays, c’est dans le cadre des intérêts entre la France et de la République Centrafricaine et cela ne doit pas perçu comme incompatible et de coopérer avec la Russie. «J’ai lu certains journaux écrivent que parce que vous en France, vous tournez le dos avec la Russie. Je vous le dis franchement, on continue de coopérer sur les axes de coopération dans lesquels nous nous sommes entendus dans l’intérêt bien compris de nos deux pays», a-t-il précisé.
Le Président Touadéra a ajouté qu’à un moment donné, la France a décidé de se retirer de manière unilatérale de la RCA. Mais, aujourd’hui «si le président Macron est revenu à de bons sentiments pour dire que nous allons discuter, mais c’est dans le cadre de la coopération entre la France et la République Centrafricaine. Cela n’a rien à voir avec l’incompatibilité avec la coopération centrafricano-russe. La République Centrafricaine est ouverte à discuter avec des partenaires qui veulent coopérer avec nous et en respectant notre souveraineté. C’est la base de nos échanges avec la France. C’est ce qui est ressorti de là et tout le monde le sait», a éclairé le Chef de l’Etat Centrafricain.
Dans son message de fin, le Président de la République, Pr Faustin Archange Touadéra, n’a pas manqué d’évoquer la situation sécuritaire qui s’améliore dans le pays. Selon lui, cette amélioration de la situation, permettra à la RCA d’organiser les prochaines élections dans la paix et la transparence. Ceci grâce à un plan de sécurisation des élections qui est déjà mis en place.
Profitant de cette occasion, il a salué la détermination des éléments des Forces de Défense et de Sécurité, avec l’appui des alliés Russes et Rwandais qui multiplient des efforts dans la protection de la population civile et surtout la défense du territoire national face aux bandits armés.
Pour ce faire, le Président Touadéra n’a pas raté cette opportunité de lancer un appel pressant à l’endroit des résidus des groupes armés de sortir et de se faire désarmer. Car, il n’y a plus de raisons de poursuivre une guerre qui n’a pas de fin.
Cette rencontre du Président Touadéra avec la presse nationale et internationale, est la première du genre. Plusieurs Journalistes présents, souhaitent sa pérennisation afin de permettre aux Centrafricains de tous les quatre coins du monde d’avoir une idée exacte sur les efforts déployés par leurs autorités dans le souci d’amener le pays vers son développement.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna