La représentante permanente adjointe de la Russie, Anna Evstigneeva, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations-Unies sur la situation en République Centrafricaine, le 23 octobre dernier, plaide pour la levée totale de l’embargo sur le diamant centrafricain.
Selon elle, le secteur minier occupe une place importante dans l’économie de la RCA. Il existe plusieurs centaines de noms de minéraux sur le territoire du pays, dont le développement pourrait devenir l’un des piliers de la reprise économique de la République. A cette occasion, elle espère qu’après la mission de Processus de Kimberley en RCA de septembre dernier, en novembre prochain, lors de la réunion régulière du Processus de Kimberley, la RCA retrouvera son statut de membre à part entière.
Dans son message devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies,Anna Evstigneeva, a d’abord noté avec satisfaction la stabilisation progressive de la situation en République Centrafricaine. Cela a été rendu possible principalement grâce aux efforts constants du gouvernement de ce pays, avec le soutien de ses partenaires bilatéraux, y compris la Russie, ainsi que les Nations-Unies.
Selon elle, ces dernières années, Bangui a réussi à surmonter la phase la plus difficile de la lutte contre les groupes armés et a repoussé la menace rebelle presque jusqu’aux frontières du pays. Aujourd’hui, les bandits et ceux qui les soutiennent, y compris à l’étranger, exploitent principalement les lacunes de la coopération régionale en matière de sécurité frontalière.
Toutefois, la situation dans les pays frontaliers affecte également la situation humanitaire en République Centrafricaine. La prise en charge des réfugiés, principalement en provenance du Soudan, exacerbe les besoins humanitaires et alourdit le budget de l’Etat. Nous nous joignons à l’appel du Secrétaire général pour le financement intégral du plan humanitaire des Nations unies pour la République centrafricaine pour cette année.
Dans le contexte actuel, «nous pensons également qu’il est important de mettre en place une assistance systémique à Bangui afin de retrouver une vie paisible et de convertir les gains de sécurité en progrès sur la voie du développement. Les élections municipales reportées à l’année prochaine constituent l’une des étapes les plus importantes sur cette voie. Nous souscrivons à l’appel lancé par le Secrétaire général aux donateurs pour qu’ils alimentent le fonds spécial destiné à financer les élections. Nous pensons qu’il est également important de répondre positivement et en temps voulu à la demande de Bangui de poursuivre l’assistance électorale de l’ONU, y compris pour les cycles électoraux à venir», a-t-elle déclaré.
Et Anna Evstigneeva de mentionner que le secteur minier occupe une place importante dans l’économie de la RCA. Il existe plusieurs centaines de noms de minéraux sur le territoire du pays, dont le développement pourrait devenir l’un des piliers de la reprise économique de la République. Naturellement, les dirigeants du pays déploient des efforts importants pour accroître l’efficacité et la contrôlabilité de l’industrie extractive.
Cependant, le système de contrôle de l’État sur la production et la vente de diamants bruts dans le pays continue d’être amélioré. En mai de cette année, le nouveau Code minier de la RCA a été adopté, ce qui augmentera la transparence dans l’extraction et la vente des ressources naturelles.
En septembre, une mission d’examen du Processus de Kimberley (PK) s’est rendue en RCA. «Nous espérons qu’au cours de la réunion plénière régulière du PK prévue en novembre, le pays retrouvera son statut de membre à part entière», a-t-elle souhaité.
Selon cette dernière, cela est une étape importante pour la RCA, avec l’adoption de la résolution 2745 du Conseil de sécurité en juillet de cette année, qui a complètement levé les mesures de sanctions à l’encontre du gouvernement. Cette décision, compte tenu de la dynamique positive des changements «sur le terrain», était attendue depuis longtemps.
Le Conseil de sécurité n’a fait que reconnaître cette réalité objective, en grande partie grâce aux efforts constants de la Russie au sein du Conseil de sécurité. «Nous tenons également à rappeler que le problème des groupes armés illégaux ne peut être résolu que dans le cadre d’efforts souverains pour stabiliser et assurer la sécurité à l’intérieur des frontières nationales en coopération avec les États de la sous-région. Il est crucial d’aider la RCA et ses voisins à coordonner et à faire face aux défis transfrontaliers». L’attention de la communauté internationale devrait se concentrer sur le soutien des efforts de Bangui pour interdire les canaux d’alimentation, d’entraînement et d’expertise des groupes armés.
Anna Evstigneeva regrette par ailleurs que certains membres du Conseil de sécurité, plaçant leurs intérêts et griefs nationaux au-dessus des intérêts de l’État centrafricain, continuent de politiser la situation en RCA et de répandre leurs insinuations, y compris en ce qui concerne la coopération bilatérale entre la Russie et la RCA, au lieu d’aider à résoudre les véritables problèmes auxquels la RCA est confrontée. «Nous soutenons le travail de la mission de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine et ses dirigeants. Nous remercions les troupes des pays fournisseurs de contingents pour l’engagement dont elles font preuve dans l’accomplissement de leur mission», a-t-elle ajouté.
Dans le même temps, elle a noté que la pleine mise en œuvre du mandat de la mission n’est possible que si une compréhension mutuelle est maintenue avec les autorités du pays hôte. Et de demander que toutes les contradictions soient résolues par un dialogue constructif, sans ultimatum ni pression extérieure. «Nous estimons que l’avis de la République centrafricaine sur les paramètres du mandat de la Mission devrait être pleinement pris en compte lors de son renouvellement», a souligné Anna Evstigneeva.
Ceci s’applique également à l’introduction par Bangui de nouvelles règles pour l’exploitation d’engins volants téléguidés dans l’espace aérien national. Les modalités introduites par le ministère de la défense de ce pays doivent être strictement respectées. Les restrictions nationales concernant leur utilisation ne sont pas un caprice de Bangui, mais une réponse appropriée à l’utilisation croissante de drones de reconnaissance et d’attaque par les rebelles. Les forces de maintien de la paix des Nations-Unies devraient s’adapter rapidement aux réalités locales si elles veulent remplir leur mandat de manière efficace.
Dans le même ordre d’idées, Anna Evstigneeva, pense qu’il est possible d’envisager la question de la mise en œuvre des mesures de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants. C’est le gouvernement centrafricain qui fixe les modalités d’application dans ce domaine.
Ainsi, l’inclusion de la force d’autodéfense «A Zandé Ani Kpi Gbé», dans le programme DDRR en 2023, est une décision souveraine de Bangui. L’incorporation de la milice dans l’armée nationale est supervisée par le ministère de la défense centrafricain et s’inscrit dans le cadre des efforts globaux déployés par les autorités pour faire face aux menaces sécuritaires complexes posées par les groupes armés illégaux, qui entravent le retour à la normale dans le pays.
La mission des Nations-Unies, quant à elle, remplit les fonctions qui lui ont été déléguées pour faciliter le processus national de DDRR. Si les experts des Nations-Unies ont des préoccupations concernant des paramètres spécifiques du processus de DDRR, ils devraient en discuter avec le gouvernement centrafricain de manière constructive et des efforts devraient être faits pour coordonner le processus de DDRR plus étroitement avec les autorités.
Enfin, Anna Evstigneeva, a soulevé que la Russie continuera d’apporter un soutien complet aux autorités de Bangui dans l’établissement de la paix et de la sécurité dans leur pays.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna