Le Président de la République, Pr Faustin Archange Touadéra, est ferme dans son engagement politique qui est celui d’éliminer le VIH-SIDA. C’est ce qui est ressorti de son discours à l’occasion de la 10ème Assemblée générale de Comité National de Lutte Contre le Sida (CNLS). Le Président de la République a, au cours de son intervention, revenir sur la célébration de l’an dernier où il a instruit le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et le Ministre Coordonnateur du CNLS de mener des réflexions sur l’élargissement des missions stratégiques du CNLS, notamment dans la définition des grandes orientations stratégiques multisectorielles, du cadre légal et éthique, dans la coordination de toutes les initiatives nationales, en matière de lutte contre la maladie comme la recherche et les plaidoyers.
Dans son discours de circonstance, le Chef de l’Etat centrafricain, a d’abord rappelé que lors de la Journée Mondiale de lutte contre le VIH/SIDA, 34ème édition, célébrée le 13 décembre 2023 au Village Liton, à l’Ecole Houphouët Boigny, Pk 22, route de Damara, il a instruis le Premier Ministre, Félix Moloua, et le Ministre Coordonnateur du CNLS de mener des réflexions sur l’élargissement des missions stratégiques du CNLS, notamment dans la définition des grandes orientations stratégiques multisectorielles, du cadre légal et éthique, dans la coordination de toutes les initiatives nationales en matière de lutte contre la maladie comme la recherche et les plaidoyers.
Selon lui, cet élargissement vise des interventions stratégiques aux Maladies à Transmission Verticale du VIH comme la Syphilis, les Hépatites virales B et C, les maladies métaboliques et les problèmes de nutrition chez les Personnes Vivant avec le VIH. Plusieurs raisons m’ont motivé à envisager cette réforme du CNLS. La première découle de mon engament politique ferme visant à éliminer le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme en rapport avec les Objectifs de Développement Durable (ODD3).
La deuxième est que la lutte contre ces trois maladies est une approche multisectorielle nécessitant d’avoir une coordination multisectorielle des interventions stratégiques. La troisième est la stabilisation de la prévalence nationale du VIH à 2,9% en 2023 contre 4% en 2017. La quatrième est l’augmentation du taux de couverture en ARV de 40% à 66% soit 65.000 malades mis sous traitement en 2023. La cinquième raison est la stagnation du taux de décès à moins de 2.500 cas par an en 2022 contre 10.000 cas par an au début de la pandémie. La sixième raison est l’intensification de la lutte en milieu des jeunes et adolescents par le renforcement en 2022 des capacités de plus de 80 jeunes leaders Pairs Educateurs dans les huit (8) Arrondissements de Bangui et de 100 Pairs Educateurs dans les Villes de Bossangoa et de Sibut en 2024. Tout ceci a permis de sensibiliser plus de 40.000 jeunes en 2022 à Bangui et plus de 40.000 jeunes en 2024 dans les deux villes que je viens de citer sur les modes de transmission et de prévention du VIH/SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles. La septième raison est l’implication de la communauté de base dans les affaires publiques, une priorité des actions politiques telle que contenue dans ma profession de foi et matérialisée dans les 10 Domaines d’Impulsion Présidentielle, avec comme corollaire la Couverture Sanitaire Universelle. Ce leadership communautaire est beaucoup plus attendu dans la suppression de certaines barrières socio-culturelles et religieuses qui constituent un véritable obstacle dans la réponse à l’infection à VIH/SIDA dans le pays, avec comme corollaires la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH. C’est ainsi que plus de 70 leaders religieux de la plateforme des confessions religieuses ont été formés en juillet 2024 sur les modes de transmission, de prévention de ces maladies et sur la loi et l’éthique sur le VIH. La huitième raison est l’intensification de la lutte contre ces fléaux au sein des Forces de Défense et Sécurité dans un contexte de redéploiement de nos soldats à l’intérieur du pays par la redynamisation et l’opérationnalisation du Comité Militaire et Paramilitaire de lutte contre le Sida, pour citer que ces raisons.
Et le Chef de l’Etat centrafricain de poursuivre qu’en sa qualité de Président du Comité National de lutte contre le VIH/SIDA, «je voudrais ici réaffirmer mon total engagement et mon soutien sans faille à cette lutte. C’est donc avec fierté que je préside aujourd’hui la 10ème Assemblée Générale du CNLS qui est consacrée à la présentation, à l’amendement et à l’adoption du rapport d’analyse administrative et de fonctionnement du CNLS ainsi qu’aux nouvelles propositions de réforme», a-t-il déclaré.
Selon lui, ce processus s’inscrit dans le cadre d’une évidence, notamment celle qui a conduit le Gouvernement qui veut réduire la vulnérabilité dans certaines catégories de la population considérées comme laissées pour compte et ceci dans une nouvelle approche de planification efficiente de la lutte. C’est ainsi qu’il instruit le CNLS de mener des études bio comportementales en faveur desdites populations en 2023.
Ces études, menées dans 3 villes à l’intérieur du pays, notamment à Bouar, Bossangoa et Bambari et à Bangui ont été entièrement financées par l’Etat centrafricain. Les résultats ont montré une prévalence du VIH/SIDA à Bangui, Bouar, Bossangoa et Bambari, respectivement de 4,8%, 5,3%, 0,75% et 2,5%.
Quant à la syphilis, jadis considérée comme disparue, la prévalence globale chez ces catégories de personnes était de 5,5%. Il en était de même pour les hépatites virales B et C. Ces résultats viennent corroborer le fait que, en plus de l’infection à VIH/Sida, certaines maladies à transmission verticale du VIH comme la syphilis, les hépatites virales B et C constituent un défi majeur de santé publique dans la réponse à l’infection au VIH dans notre pays. Face à une telle recrudescence, mieux vaut changer de paradigme comme le disait Francis Blanche «Face à un monde qui change, il vaut mieux penser le changement que de changer le pansement».
Il a cependant, pensé au changement dans ce processus en intégrant les autres maladies à transmission verticale du VIH dans un contexte de rareté de ressources tant au niveau national qu’international, de changement climatique, des conflits armés dans le monde, d’émergence et de réémergence de certaines pandémies comme le Covid-19. Ce processus, qui a vu la participation et l’implication de toutes les parties prenantes est basé sur la théorie de changement axée sur les principaux défis qui s’opposent à une meilleure efficacité et efficience d’action pour l’atteinte des résultats dans la lutte.
Les solutions proposées visent à corriger certains défis comme : la discrimination et la stigmatisation vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH, le nombre de nouvelles infections à VIH qui ne cesse d’augmenter (7400 cas en 2022) dans un contexte de prévalence élevée de la syphilis et des hépatites virales B et C, un faible taux de dépistage pour ces trois maladies à savoir les hépatites virales B et C, la tuberculose et le VIH dont 58% seulement de la population générale connaissent leur statut sérologique, l’absence des données probantes surtout pour les maladies à transmission verticale du VIH, de la tuberculose, du paludisme et les autres comorbidités indispensables à une meilleure programmation stratégique ;la faible mobilisation des ressources surtout domestiques ;la nécessité du positionnement de l’Instance de Coordination des Fonds du Fonds Mondial (CCM-RCA) au niveau des structures nationales, etc.
Pour le Chef de l’Etat Centrafricain, si l’on veut éliminer le VIH/SIDA d’ici 2030, il convient de maintenir les acquis en comblant les disparités et accélérer le progrès par un soutien actif des leaderships de la lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme et les autres maladies à transmission verticale du VIH, ceci par une coordination multisectorielle et multipartite, en promouvant des services de prévention combinée pour la lutte contre ces maladies, en intégrant les interventions stratégiques et en mutualisant les ressources.
Il s’agit alors d’étendre et de renforcer les services de prévention incluant la communauté par le biais des mécanismes de contrats sociaux. Car, un tel progrès «nous met dans une dynamique d’action afin d’éviter l’inaction causée par la peur du changement dans la lutte contre ces fléaux qui posent un véritable problème de santé publique dans notre pays».
En suscitant l’engagement de tous à s’investir tout en prenant nos responsabilités afin d’atteindre ensemble notre objectif, à savoir éliminer le VIH/SIDA d’ici à 2030, «nous devons prendre davantage conscience de l’ampleur du problème, surtout l’approche globale et multisectorielle de la lutte par l’intégration stratégique des maladies à transmission verticale du VIH/Sida et les maladies émergentes».
Ce processus entièrement financé par l’Etat centrafricain à hauteur de 30 millions de FCFA, constitue dorénavant un outil indispensable dans le pays pour l’élaboration des documents stratégiques, légaux et éthiques en matière de lutte contre ces maladies et pour la mobilisation des ressources. Ainsi, «je félicite le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, le Ministre Coordonnateur du CNLS et toutes leurs équipes pour leur grande diligence ayant permis de conduire cette réforme à terme en dépit des difficultés rencontrées», a salué le Président Touadéra.
Après discussions et amendements du document sur les orientations stratégiques, la nouvelle structure proposée, à savoir le Comité National de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme (CNLS-TP), est validée avec le nouvel organigramme ainsi que les nouvelles attributions et missions. Cet outil apparaît dorénavant au niveau national comme un organe chargé de définir les orientations stratégiques en matière de lutte contre le SIDA, la tuberculose, le paludisme, les maladies à transmission verticale, les maladies émergentes/réémergences ainsi que les maladies métaboliques chez les patients VIH sans occulter la problématique de la nutrition chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA.
«J’instruis à cet effet le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et le Ministre Coordonnateur du CNLS à poursuivre le processus pour ce qui est de l’élaboration des nouveaux textes du CNLS-TP. Par la même occasion, j’invite tous les partenaires de la coopération multilatérale et bilatérale à soutenir par leurs engagements cette initiative du Gouvernement pour une réponse à la hauteur des problèmes liés au VIH que rencontre la population centrafricaine», a-t-il adressé.
Avant de terminer ses propos, il tient à remercier du fond de cœur tous les partenaires à savoir, le Fonds Mondial à travers la Croix Rouge Française, l’ONUSIDA, l’ONUDC, l’OMS, l’UNFPA, l’UNICEF, la Minusca.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna