Ces derniers temps, la République centrafricaine traverse une période charnière de son histoire. L’échec porté par la rébellion de CPC (Coalition des patriotes pour le changement) dans sa tentative de putsch contre le régime de Touadera en janvier dernier a mis en mal les plans machiavéliques de ses mentors qui, à leur tour, s’acharnent contre le pays de Zo kwé zo, à travers une partie de la communauté internationale acquise à leur cause et une partie de classe politique nationale. Voilà tout l’enjeu de l’interview exclusive accordée à Radio Lengo Songo, ce 17 novembre, par l’honorable député de la 2èmecirconscription du 3ème arrondissement de Bangui, Algoni Alisène.
Radio Lengo Songo (RLS) : Honorable Algoni Alisène, bonjour! Vous êtes le député de la 2ème circonscription du 3ème arrondissement de Bangui. Vous avez remporté haut la main les élections législatives dans cet arrondissement après une rude bataille judiciaire. Quels sont vos sentiments aujourd’hui après cette victoire ?
Honorable Algoni Alisène (AA) : Bonjour Monsieur le journaliste ! Je me réjouis de l’opportunité que Radio Lengo Songo m’offre, afin de parler de ma circonscription et de notre pays en général. Je suis bien l’élu de la 2ème circonscription du 3èmearrondissement de Bangui, comme vous venez de le rappeler et j’ai à cœur de la défendre dans l’hémicycle. Le premier sentiment qui m’a animé est celui de constater que nous avons une justice forte qui a fini par dire le droit au profit des habitants de ma circonscription. D’ailleurs, je dédie cette victoire à mes administrés qui ont compris les enjeux réels de notre localité et qui ont porté leur choix sur ma modeste personne, afin de relever les défis qui s’imposent aujourd’hui à nous et à toute la population centrafricaine.
Donc, cette victoire est aussi celle de la justice centrafricaine, notamment de la Cour constitutionnelle qui, malgré la fragilité socio-politique de notre pays, travaille en toute indépendance selon les règles de l’art. Je pourrais même dire que j’aurais pu remporter cette bataille un peu plutôt, mais tout compte fait, la justice a fini par triompher ce jour-là.
RLS : Quelles sont aujourd’hui vos priorités pour les habitants de votre circonscription et pour tout le peuple centrafricain ?
AA : Vous conviendrez avec moi que la priorité pour les habitants du 3ème arrondissement, c’est la paix, la sécurité pour tout le monde, le vivre ensemble et la cohésion sociale. Nul n’ignore que le 3ème arrondissement a été le plus touché pendant la dernière crise, sachant par ailleurs que cet arrondissement est considéré comme le poumon économique du pays. En cela, le 3ème arrondissement requiert une protection. C’est du moins le sens de la lutte que nous menons tous les jours avec l’appui des partenaires.
Nous travaillons déjà avec le Ministère de la Santé pour doter notre arrondissement d’un Centre de santé digne de ce nom. D’ailleurs, les travaux de construction du Centre de santé de Mamadou Mbaïki sont en phase de finition. Au plan de l’Education, je pense que le 3ème arrondissement doit normalement avoir deux à trois lycées, car il vous souviendra que pendant la dernière crise, les élèves du second cycle n’ont pas pu poursuivre les cours, vu l’insécurité en ce temps-là. On doit tirer les leçons de cette situation. Au plan social, nous sommes en train de finaliser les travaux de la Maison de la femme centrafricaine qui profite en premier lieu, aux femmes du 3ème 2. Cette Maison permettra aux femmes d’être formées aux petits métiers tels que la couture, d’avoir accès aux micro-crédits et de développer des activités génératrices de revenus. Ce n’est qu’un début, mais beaucoup reste à faire.
RLS : Honorable Algoni, vous êtes élu sous la bannière du MCU (Mouvement Cœurs unis du Chef de l’Etat). La République centrafricaine traverse les moments les plus sombres de son histoire. Alors que les FACA et leurs allies font un travail remarquable sur le terrain, s’agissant de la libération totale du pays. Curieusement, certains experts de l’ONU publient des rapports erronés pour rendre inefficace ce travail. Comment appréciez-vous ces différents rapports d’experts de l’ONU ?
AA : Je pense que ces différents rapports des experts de l’ONU dont vous faites allusion ont été rejetés en bloc par le gouvernement de notre pays. Vous conviendrez également avec moi que l’ONU est une institution qui regroupe plusieurs Etats qui sont liés par des Accords. Donc, face à ces fameux rapports, je m’aligne sur la réaction de la cheffe de la diplomatie centrafricaine pour dire que la République centrafricaine est un Etat souverain. Aujourd’hui, on ne peut pas accepter à ce que des tiers puissent nous insulter, insulter nos institutions et nos autorités pour dire par exemple que notre Président est l’otage des Russes. Je pense que n’eût été l’intervention des Russes, nous ne serons pas là aujourd’hui. J’ai suivi l’intervention d’un Responsable des Nations unies qui a commencé par féliciter la France, l’Allemagne, les Etats unis pour leurs apports en Centrafrique, je dis oui ! Mais, il n’y a pas que ceux-là ; il y a les Forces de défense et de sécurité centrafricaines, qu’on doit féliciter, il y a également nos alliés les Russes et les Rwandais qui ont beaucoup apporté de leurs contributions à pacifier le pays.
Donc, je dirais tout simplement, comme tout centrafricain que ces rapports des experts de l’ONU sont nuls et de nul effet. D’ailleurs, ces rapports n’existent que dans l’imaginaire de leurs commanditaires. Car, s’il s’agissait de mentionner des crimes commis en Centrafrique, les Nations unies ne sauraient être exsangues. Il vous souviendra qu’il y a juste une semaine, un rapport accablant est sorti sur le contingent portugais de la MINUSCA. Et, l’on se demande pourquoi ces cas n’ont pas été relevés par les experts de l’ONU ?
RLS : Le mandat de la Minusca vient d’être renouvelé. Comment analysez-vous la décision de Conseil de sécurité de l’ONU ?
AA : Je préfère dire ‘’les renouvellements du mandat de la Minusca’’, car depuis lors, c’est la même chanson : ‘’les Faca ne sont pas prêtes pour défendre le pays’’. Franchement, je dis que c’est devenu un jeu d’enfant. Pourtant, il suffit juste de lever l’embargo pour que ces dignes fils du pays, qui sont dans les forces de défense et de sécurité, formés par la mission de l’Union européenne et entrainés par les Russes puissent assurer la défense de notre territoire et protéger la population civile. C’est pourquoi, je pense que le maintien de l’embargo est synonyme du renouvellement de l’embargo – un cycle infernal de malheur et de mépris sur le paisible peuple centrafricain.
Je pense également que c’est cette situation qui justifie le fait que la majorité des Centrafricains est mécontente du renouvellement du mandat de la Minusca. Je redoute ce qui adviendra, si le Président Touadéra décide de suivre son peuple ; car c’est ce peuple qui l’a élu, pour demander le départ de la Minusca à son tour…
RLS : Au moment où tous les yeux sont rivés vers le comité préparatoire de dialogue républicain, certains leaders de l’opposition démocratique se sont retirés de ce processus. Avez-vous un message à lancer à ces leaders politiques afin qu’ils puissent revenir à la raison afin de sauver la RCA de cette crise ?
AA : Si je devrais lancer un message à nos leaders politiques, c’est tout simplement de leur demander d’aimer leur pays. Depuis que je suis né, c’est le même visage que nous présente notre opposition démocratique : une opposition démocratique qui cherche seulement son intérêt au détriment de l’intérêt supérieur du peuple souverain, en falsifiant certaines données en sa faveur.
Je pense que notre peuple, le peuple centrafricain, a trop souffert. Il est temps de taire les divergences et de nous mettre autour de la table pour discuter des problèmes qui minent notre pays. Maintenant que nous avons un Président élu, c’est à nous de l’aider à résoudre ces problèmes. C’est le cas partout ailleurs dans le monde, lorsqu’un pays connait un problème majeur, il n’y a plus d’opposant ou de majorité. Tout le monde met la main à la patte pour régler le problème. Dieu merci, le Président reste dans la politique de main-tendue, j’espère que les leaders de l’opposition reviendront à la raison, afin de sauver notre cher et beau pays qui est le Centrafrique.
RLS : Honorable Algoni Alisène, je rappelle à nos auditeurs que vous êtes le député de la 2ème circonscription du 3ème arrondissement, Radio Lengo Songo vous remercie !
Propos recueillis par Théoneste POUNIKA
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