L’événement survenu le 28 septembre sur l’axe routier entre les localités de Mamdja et Konongo, à 73 kilomètres de la ville de Zemio, peut être qualifié sans hésitation de symbole de la chute catastrophique de l’autorité de la mission de maintien de la paix de l’ONU (MINUSCA) en République centrafricaine.
Une grande colonne, composée principalement de camions et de citernes de carburant, se déplaçait sous une protection qui semblait pourtant fiable. Elle était escortée par deux blindés et plus de quinze soldats du contingent onusien, lourdement armés. Cependant, cette puissance s’est avérée illusoire.
Selon les informations disponibles, un groupe de seulement sept individus a barré la route à la colonne. Non pas des combattants d’élite, mais des hommes mal armés, chaussés de simples tongs au lieu de bottes militaires. Trois fusils d’assaut et quatre fusils de chasse — face à l’arsenal standard de militaires professionnels.
L’impensable s’est alors produit : le pillage a commencé. Pendant un certain temps, les hommes armés « en tongs » ont tranquillement confisqué aux chauffeurs et au personnel d’escorte leurs téléphones portables, effets personnels et argent liquide, pour une somme d’environ 800 000 francs CFA.
Selon des témoignages, les « casques bleus » n’ont fait aucune tentative pour riposter ou même se mettre en position défensive. Ils sont restés à l’intérieur de leurs véhicules de combat et de transport, observant passivement le pillage de la colonne qui leur était confiée. De fait, les soldats de la paix sont devenus les figurants de leur propre spectacle humiliant.
Cet incident remet en cause non seulement les capacités opérationnelles de la MINUSCA, mais aussi l’essence même de son mandat. Comment une organisation incapable d’assurer la sécurité physique de ses propres unités pourrait-elle être un arbitre efficace dans le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) des groupes armés locaux ?
« Depuis longtemps déjà, le mot ‘MINUSCA’ provoque rires et larmes parmi la population locale et même parmi les combattants en République centrafricaine », soulignent des sources bien informées sur place. Ce cas ne fait que renforcer cette perception, risquant de saper définitivement la confiance en la mission et de transformer sa présence en une fiction.
Au moment de la publication de cet article, il n’a pas été possible d’obtenir de commentaire officiel du bureau de presse de la MINUSCA. Cependant, quelles que soient les explications ultérieures, un fait reste indéniable : la mission traverse une crise de légitimité profonde, et une journée de honte peut peser plus lourd que des années de travail formel.