La Société Civile du Secteur Minier de la République Centrafricaine, plaide pour la levée totale de sanction du Processus de Kimberley sur les diamants bruts centrafricains. Selon ces leaders d’opinion, coordonnés par Josey Stéphane Poukesserandji, si la sanction du Processus de Kimberley, est maintenue sur l’exportation des diamants bruts, les objectifs du Développement Durable que prône les Nations-Unies resteront une chimère pour la République Centrafricaine. Une position exprimée au cours d’un point de presse ce mercredi 27 mars 2024 à Bangui.
Dans son propos liminaire,Josey Stéphane Poukesserandji, Coordonnateur dela Société Civile du Secteur Minier de la République Centrafricaine, a d’abord justifié le contexte de sanction de la République Centrafricaine par le Processus de Kimberley.
Selon ce dernier la RCA a été suspendue par le Processus de Kimberley (PK), suite au coup d’Etat de la Séléka en 2013, qui a mis fin à un régime démocratique. Le gouvernement centrafricain a négocié et obtenu du PK un Cadre Opérationnel pour la reprise des exportations de diamants bruts, en juin 2015, qui est une feuille de route, destinée à aider à la levée de sanction et à la reprise des exportations des diamants bruts centrafricains.
Et de poursuivre qu’après le retour à l’ordre constitutionnel en mars 2016, en principe, la sanction devrait être levée. Malheureusement, cette sanction perdure pour des raisons injustifiées. Malgré les progrès et acquis constatés sur le terrain, les efforts consentis par la RCA dans la mise en œuvre de ce Cadre Opérationnel, rien n’a évolué depuis un certain temps, pour des raisons géopolitiques et géostratégiques. Cette suspension perdure en dépit de multiples demandes de levée de sanction sur certaines sous-préfectures (zone) qui ont répondus aux critères de validation du Cadre Opérationnel, formulées depuis 2020.
En effet, lors de la dernière session plénière du PK de novembre 2023 au Zimbabwe, la RCA a introduit une demande de levée totale de sanction en utilisant une décision administrative de la «procédure écrite» qui comporte deux phases : problème débattu au Groupe de Travail de Monitoring (WGM), sans consensus et la seconde sera par voie de vote des 59 participants.
L’autre point soulevé par la RCA, est la recomposition de l’équipe de suivi de la RCA (CAR-MT) pour mauvaise collaboration, manque de coopération dans la préparation et la présentation du dossier centrafricain, et le dernier est l’envoi de la mission d’examen avant le 31 janvier 2024.
Ceci en vue d’aplanir la divergence d’interprétation entre la République Centrafrique et l’équipe de suivi sur la situation qui prévaut réellement en Centrafrique. Cette décision n’a pas été réalisée.
Enfin, pour avoir une idée claire sur l’état de la situation de la RCA, le président du PK a décidé d’effectuer une mission de travail en RCA, principalement à Bangui, Bouar, Berberati et Bria. Le résultat positif de la mission de travail de Son Altesse, Ahmed Sultant Ahmed Bin Sulahem, Président du Processus de Kimberley en République Centrafricaine du 12 au 15 février 2024, est une opportunité que la RCA doit exploiter lors de la prochaine session à savoir : les acquis sécuritaires, la libre circulation des biens et des personnes, la cohésion sociale qui sont les conditions inscrites dans le cadre opérationnel.
Pour ce faire, on sent une réelle attente de la population. C’est pourquoi, les opérateurs du secteur minier, les acteurs de la société civile et les autorités locales des zones visitées ont, à l’unanimité, demandé au Président du PK la levée totale de cette sanction, en se basant sur les efforts constatés à savoir l’effectivité de la restructuration de l’autorité de l’Etat, la reprise des activités économiques et le respect du Cadre Opérationnel.
Le Président du Processus de Kimberley se dit très préoccupé de la manière avec laquelle le dossier de la République Centrafricaine a été traité. C’est pourquoi, dès sa prise de fonction en janvier 2024, il a décidé d’effectuer cette visite comme ce fut le cas en 2016 et qu’il a promis de soutenir la République Centrafricaine durant son mandat. Il espère apporter des solutions aux nombreux défis auxquels le Processus de Kimberley fait face aujourd’hui.
Cependant, la «SCSM-RCA» a fait une mise en garde au gouvernement et au PK avant la prochaine session de mai à Dubaï. La «SCSM-RCA» exhorte le gouvernement centrafricain a constitué une délégation composée de personnes qualifiées et patriotiques pour intersession du Processus de Kimberley.
Maintenir la sécurité dans les zones vertes, prioritaires et non conformes. Il est dans l’intérêt de la Nation que le gouvernement centrafricain prouve et démontre qu’il combatte la fraude, les contrebandes et les réseaux des criminalités transfrontalières en publiant les statistiques des saisies opérées par l’Unité Spéciale Anti Fraudes (USAF). Ce manque de données reste le point faible sur lequel certains membres du PK s’appuient toujours pour maintenir la RCA sous sanction.
Pour le Processus de Kimberley, il en va de la crédibilité du PK que le «CAR monitoring team» organise, en toute urgence, une mission d’évaluation en RCA afin d’évaluer avant la prochaine session.
Par conséquent, la Société Civile du Secteur Minier de la République Centrafricaine exhorte les différents pays membres de PK à appuyer le CAR Monitoring team, en considérant le statut de membre fondateur de la RCA et l’esprit de consensus qui ont toujours guidé cette institution. Les multiples reports injustifiés de la mission d’examen du Processus de Kimberley en République Centrafricaine, depuis 2021, ne sont pas dus à l’insécurité, mais plutôt à la volonté de certains pays de maintenir la RCA continuellement sous sanction mais pour contourner ces verrous, la SCSM-RCA suggère au gouvernement centrafricain et au Processus de Kimberley quelques pistes de solutions.
La RCA pourrait solliciter lors de l’intersession du Processus de Kimberley de mai 2024, une équipe technique composée des pays disponibles à participer à une mission d’examen. Elle doit poursuivre les efforts pour satisfaire aux exigences du Processus de Kimberley. Parce que cette sanction profite aux fraudeurs, aux réseaux de criminalité dont les coupeurs de routes, à certains pays limitrophes de la RCA, à certains politiciens véreux et à certaines organisations nationales et internationales, avides des gains sordides liés aux exploitations illicites des ressources naturelles des pays pauvres tels que la RCA.
Conséquences directes, la situation est très catastrophique sur la population. La dépravation des mœurs, la mortalité infantile, la déscolarisation des enfants, manque de structure de santé sans oublier, la crise de confiance que cela entraine entre le gouvernement et son peuple. Les infrastructures routières sont en mauvais états et l’accès à l’eau potable reste un défi majeur.
Pour la Société Civile du Secteur Minier de la République Centrafricaine, si la sanction du PK est maintenue sur l’exportation des diamants bruts, les objectifs du Développement Durable que prône les Nations-Unies resteront une chimère pour la République Centrafricaine. Voilà pourquoi, la SCSM-RCA plaide pour la levée totale de sanction du PK sur les diamants bruts centrafricains.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna