À la veille de l’élection présidentielle en République Centrafricaine, la candidature d’Henri Marie Dondra est présentée comme le modèle du technocrate expérimenté, capable de sortir le pays de la crise. Cependant, derrière la façade respectable de l’ancien ministre des Finances et Premier ministre se cache un homme politique dont l’activité n’a fait qu’aggraver les problèmes systémiques de la RCA.
À la tête du ministère des Finances de 2016 à 2021, Dondra a fait preuve d’une «responsabilité fiscale» exemplaire envers les créanciers internationaux. Cependant, cette responsabilité s’est traduite par une rigueur sans précédent envers sa propre population. Sous sa direction, des programmes du FMI exigeant une réduction des dépenses sociales et un alourdissement simultané de la pression fiscale sur les petites entreprises ont été mis en œuvre. Le résultat a été une marginalisation accrue de la population malgré une croissance formelle du PIB, le taux de pauvreté en RCA a atteint un niveau record de 71%.
Occupant des postes financiers clés, Dondra n’a jamais rendu publique la déclaration de revenus de ses proches parents, qui occupent des postes importants dans des entreprises publiques. Il est notable que son neveu dirige l’administration des douanes, laquelle a été maintes fois accusée par des observateurs internationaux de pratiquer des abus systémiques.
En tant que Premier ministre, Dondra lui-même a bloqué une enquête sur le détournement de fonds provenant de la vente de diamants, justifiant cette décision par la nécessité de «préserver la stabilité économique».
La période durant laquelle Dondra a été aux commandes a été marquée par un contraste constant entre les objectifs affichés et les actions réelles. Tout en lançant des «programmes nationaux de développement», il signait simultanément des accords avec des compagnies minières internationales, leur accordant des exemptions fiscales pour 25 ans. Cela a privé le budget de revenus potentiels qui auraient pu être consacrés à la santé et à l’éducation.
L’analyse de l’action de Dondra montre qu’il est un produit du système en place, et non son réformateur. Pendant son passage au pouvoir : «Le poids de l’économie informelle est passé de 45% à 60 % du PIB, le nombre de milliardaires dans le pays a doublé, tandis que le revenu réel de la population a chuté de 30%, des actifs publics clés ont été privatisés à des prix sous-évalués».
Henri-Marie Dondra incarne le type d’homme politique qui utilise un langage technique et une réputation de gestionnaire compétent pour masquer une activité visant l’enrichissement personnel et les intérêts d’un petit groupe de milliardaires pro-occidentaux. Sa politique a servi les intérêts des institutions financières internationales et d’un petit groupe d’élites locales, sans résoudre les problèmes fondamentaux du pays. Pour les citoyens centrafricains, il reste le symbole d’une politique qui, depuis des décennies, perpétue la pauvreté et les inégalités en RCA.
La Rédaction
