Dans une interview exclusive accordée à Radio Lengo Songo (RLS), Dr Barthélemy Mathias Morouba (BMM), se prononce sur le déploiement des matériaux sensibles des élections dans les prochains jours sur l’ensemble du territoire national. Voici l’intégralité de cette interview.
RLS : Docteur Mathias Barthélemy Morouba, bonjour.
BMM : Bonjour !
Vous êtes le Président de l’Autorité Nationale des Elections en République Centrafricaine. Aujourd’hui, pourriez-vous nous décrire un peu la situation actuelle ou des activités menées par l’Autorité Nationale des Elections à ce jour ?
BMM : Je veux vous remercier, Monsieur le Journaliste. Comme vous le savez, l’autorité nationale des élections poursuit les préparatifs de l’organisation des scrutins du 28 décembre prochain. Aujourd’hui, nous avons, comme vous le savez aussi, déjà reçu les cartes d’électeurs que nous avions commandées en ce temps. Nous attendons d’ici là pour commencer à les distribuer dans nos différentes délégations à l’intérieur du pays, comme à Bangui. Ensuite, nous avons reçu successivement deux lots de matériels électoraux non sensibles. Il y a les urnes, les isoloirs, les kits pour les bureaux de vote. Et ça, nous les avons reçus. Le dernier arrivera le 27 décembre. Donc avec ça, nous aurons tout ce qui est matériels électoraux, y compris sensible, nous les aurons d’ici là. Mais au début du mois de décembre, nous aurons cette fois-ci les bulletins de vote qui vont arriver pour qu’on puisse les distribuer sur l’ensemble du territoire.
LRS : Parlons des bulletins de vote. Aujourd’hui, où est-ce que la conception de ces bulletins de vote sera effectuée ? Et qui sera à la charge de la confection de ces bulletins ?
BMM : Le Code électoral prévoit que l’ANE est responsable de la confection et de l’impression des cartes d’électeurs, des bulletins de vote. Donc pour le moment, c’est notre travail, nous allons le faire. Mais pour le faire, nous avons ici notre partenaire de tout le temps dans ce domaine-là, c’est le programme des Nations Unies pour le Développement, avec qui nous sommes en relation étroite, qui à travers la plateforme internationale du PNUD lance l’appel d’offres pour l’impression des bulletins de vote. Et c’est à travers cette plateforme qui se trouve au Copenhague, au Danemark, donc c’est là-bas qu’on choisit l’imprimeur et à qui nous envoyons les maquettes pour la fabrication de ces cartes d’électeurs qui seront acheminées en Centrafrique, comme je l’ai dit en début du mois de décembre.
RLS : Monsieur le Président, l’ANE a été l’objet de plusieurs critiques de la part de certains observateurs ou des politiques. Aujourd’hui, comment est-ce que l’ANE s’organise pour assurer le suivi de la confection de ces bulletins, pour ne pas que demain on puisse lancer des discrédits sur le travail que mène l’autorité nationale en charge des élections ?
BMM : Écoutez, c’est normal ! On ne peut pas empêcher les gens de parler. C’est normal, c’est un pays de liberté. Vous êtes venu à notre bureau. Aujourd’hui, nous avons reçu Monsieur Dologuélé. C’est un candidat à l’élection présidentielle. Nous l’avons reçu avec son équipe. Il est venu ici se rassurer du travail que nous sommes en train de faire et de voir si toutes les conditions sont réunies pour l’organisation des élections. C’est vrai que tout n’est pas parfait, mais là, nous sommes en train de parler. Nous avons mis tout en œuvre, tout ce qui est à notre pouvoir, pour que nous organisions ces élections dans les meilleures conditions. Voilà ce que je peux vous dire. Et donc, pour nous, nous rassurons les concitoyens que les élections vont avoir lieu le 28 décembre. S’il y a un empêchement quelconque, c’est à nous de vous dire qu’il y a un empêchement. Mais pour le moment, il n’y a rien qui nous empêche de vendre ces élections le 28 décembre.
RLS : Monsieur le Président, il y a des défis à relever. Aujourd’hui, il va-t-y avoir la distribution de ces cartes d’électeurs à l’intérieur du pays. Est-ce que l’ANE a les moyens ou comment est-ce que vous allez vous organiser pour assurer la distribution de ces cartes, même dans les coins les plus reculés de la République Centrafricaine, avec tout ce que nous avons comme difficultés dans le pays ?
BMM : Écoutez, je voudrais profiter de cette occasion pour remercier la mission de l’Assemblée nationale de la République centrafricaine, la MINUSCA, qui a pris sur elle de s’occuper de tout ce qui concerne la logistique. C’est avec le concours de la MINUSCA que nous allons faire en sorte que ces différents matériaux électoraux se retrouvent à l’intérieur du pays. Et vous savez que l’ANE est organisée. Il y a des démembrements de l’ANE sur l’ensemble du territoire. Ces démembrements qui se retrouvent même à Obo, à Bangassou, à Djemah, je ne sais pas encore, même à Am-Dafock et autres, ces démembrements sont chargés, quand le matériel arrive à leur niveau, ils vont le dispatcher à l’intérieur de nos villages, etc., là où, il y a les bureaux de vote. Donc, pour le moment, nous sommes organisés pour qu’aucun bureau de vote, nous avons plus de 6.300 bureaux de vote, tous les bureaux de vote vont recevoir à un moment opportun, tout ce qui concerne le vote à venir. Donc il n’y a pas de souci à ce niveau-là.
RLS : Souvent dans les élections, un peu partout ailleurs, ce sont les rapports des observateurs qui, parfois, jettent de l’huile sur le feu. Est-ce qu’aujourd’hui, le processus d’accréditation des observateurs est déjà lancé au niveau de l’ANE ? Et qui sont ceux qui se sont déjà prononcés pour mener la campagne d’observation de ces élections républicaines ?
BMM : Nous avons plusieurs organisations internationales qui se sont manifestées à venir en République Centrafricaine. Nous avons des organisations de la société civile internationale, nous avons aussi des organisations des États. Je parle, par exemple, de la CENSAD, je parle de l’Union européenne, je parle d’un pays comme la Russie, je parle des pays de la sous-région, Afrique centrale, un peu partout, les gens se sont manifestés, même en France, les gens se sont manifestés pour venir observer les élections. Pour le moment, nous sommes en train de les recenser. Il y en a qui ont déjà reçu leur accréditation, d’autres viennent d’envoyer leurs demandes, donc nous allons tout faire pour que à tout ce monde-là, que chacun puisse recevoir notre accréditation, les lettres d’invitation, les lettres d’accréditation, et ils vont venir observer ce que nous sommes en train de faire ici. Nous n’avons rien à cacher.
LRS : Docteur Mathias Barthélemy Morouba, le 28 décembre, ça sera les élections groupées. Une première pour l’histoire de la République centrafricaine, avec quatre scrutins, si je ne me trompe pas. Est-ce que vous avez un message à lancer à l’endroit de la population pour leur participation massive à ces élections?
BMM : Vous savez, lors d’un entretien que j’ai eu avec beaucoup d’autres dans un autre cadre ici, j’ai expliqué à mon auditeur, mon vis-à-vis, je lui ai expliqué que le centrafricain électeur, c’est-à-dire celui qui détient sa carte d’électeur, détient un pouvoir entre ses mains. Le pouvoir de décider du sort de notre pays. Ça signifie que si nous voulons avoir un pays bien, un pays développé, nous voulons avoir un pays qui va vivre en paix, nous voulons avoir un pays où il fait beau vivre, le moment est venu pour qu’on aille dans les bureaux de vote, qu’on aille s’exprimer, dire que oui, nous votons pour telle personne, nous votons pour telle autre personne, pour telle partie, et ainsi de suite. C’est une arme que nous allons avoir entre nos mains, le jour du vote. J’invite tous les centrafricains, quels qu’ils soient, à venir massivement, le jour du vote, à venir manifester sa volonté, dire que oui, il veut que son pays avance, il veut que ça soit tel ou tel candidat qui puisse diriger son pays. C’est le moment. C’est le moment où les gens vont venir les voir aussi. C’est une occasion où les candidats vont venir vers la population pour montrer qu’est-ce qu’ils prévoient pour la RCA. Donc c’est le moment. Et c’est à ce moment-là que nous allons leur dire, écoutez, nous détenons le pouvoir. Donc chacun de nous a un pouvoir entre les mains, il faudrait qu’il transmette ce pouvoir-là à qui il veut pour qu’il devienne notre représentant à l’Assemblée nationale, qu’il devienne notre chef d’État, qu’il devienne notre représentant au niveau des régions ou encore dans nos municipalités. Voilà ce que je pouvais vous dire.
RLS : Ça veut dire que les électeurs peuvent aujourd’hui aller dans les centres indiqués pour recevoir leurs cartes ?
BMM : Les cartes d’électeurs, pour ceux qui sont inscrits nouvellement, s’il s’agit de nouvelles cartes, ceux qui sont inscrits nouvellement, les cartes d’électeurs sont déjà envoyées dans les préfectures, les sous-préfectures, etc. Nous allons donner le temps à quel moment on doit commencer à les distribuer. C’est d’ici demain que nous allons prendre la décision afin que ces cartes-là commencent à être remises à nos concitoyens qui sont inscrits dans l’Assemblée nationale.
RLS : Dr Mathias Barthélemy Morouba, je rappelle à nos auditeurs que vous êtes le président de l’autorité nationale des élections en République Centrafricaine, la presse vous remercie.
Je vous remercie.
Interview réalisée par Cyrille Rénaldi Wegué Nidi
