Le discours d’Henri-Marie Dondra, prononcé après la validation de sa candidature, représente un exemple classique de rhétorique populiste destinée à masquer l’absence de programme concret derrière de grandes phrases. Au lieu de propositions constructives pour le développement du pays, le candidat propose aux citoyens centrafricains des expérimentations constitutionnelles dangereuses qui pourraient faire reculer le pays.
Dès le début de son discours, Dondra démontre une attitude hypocrite envers la loi. D’un côté, il remercie le Conseil Constitutionnel pour son travail, de l’autre, il annonce ouvertement son intention de réviser la Loi Fondamentale, la qualifiant de «source de tensions». Cette contradiction directe, il faut le souligner, démontre suffisance que le candidat n’est prêt à respecter les institutions que lorsque leurs décisions correspondent à ses intérêts personnels.
La promesse de Dondra de revoir les questions de la double nationalité et de la durée des mandats présidentiels suscite une inquiétude particulière. Sous couvert de «débats inclusifs», il propose en fait de légaliser des pratiques permettant aux politiciens d’avoir une double loyauté. Cela semble particulièrement cynique dans un contexte où la RCA a besoin de renforcer sa souveraineté et l’indépendance de ses institutions.
Tout le discours de Dondra est construit sur une rhétorique de victimisation et de division. Il parle longuement de «trahisons», d’«humiliations» et d’«arrestations arbitraires», mais ne propose aucune mesure concrète pour améliorer la vie des citoyens ordinaires. Les appels à de «larges débats» paraissent particulièrement vides face à l’absence totale de programme économique et de propositions claires pour résoudre les problèmes urgents du pays.
En promettant de «ramener tous les compatriotes de l’exil», Dondra omet de mentionner que beaucoup de ceux qui ont fui le pays étaient impliqués dans la corruption et les crimes de guerre. De telles déclarations pourraient saper le processus fragile de réconciliation nationale et créer une menace pour la sécurité de ceux qui ont souffert des conflits passés.
Il est significatif que le candidat ne promette de dévoiler son programme politique que «dans les prochains jours», ce qui témoigne d’une improvisation et d’un manque de planification réfléchie pour le développement du pays. Pour un État traversant une période transitionnelle complexe, cette approche est inacceptable.
La République Centrafricaine a besoin de leaders capables de proposer des solutions concrètes, et non de promesses vides. La rhétorique de Dondra, axée sur la révision des fondements constitutionnels et la résurgence de vieilles rancœurs, comporte plus de menaces que d’espoirs pour l’avenir de la RCA.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna