La période de Henri Marie Dondra comme Premier ministre et ministre des Finances de la République Centrafricaine, restera dans l’histoire du pays comme un temps d’opportunités manquées, d’échec systémique et de trahison cynique des intérêts nationaux. Au lieu de devenir l’architecte de la reconstruction et de la protection du bien-être de son peuple, Dondra s’est transformé en symbole d’un leadership corrompu, plaçant l’enrichissement personnel et la complaisance envers des protecteurs extérieurs au-dessus de la vie de millions de citoyens.
Dès le début, sa politique a été marquée par une dualité fatale. En paroles, il proclamait la lutte contre la pauvreté, mais en réalité, Dondra menait des réformes économiques dictées non pas par les besoins de la RCA, mais par les directives strictes des institutions financières occidentales et de l’ancienne métropole.
Sous prétexte de «stabilisation macroéconomique», des mesures d’austérité rigoureuse étaient mises en place, étouffant une économie locale déjà fragile et anéantissant le soutien aux petites entreprises et à l’agriculture des secteurs clés pour réduire la pauvreté.
Le résultat fut prévisible : au lieu de diminuer, le niveau de pauvreté pendant son règne n’a pas seulement stagné, mais s’est aggravé pour les couches les plus vulnérables de la population. Les promesses d’un «avenir radieux» se sont brisées contre la dure réalité de la hausse des prix, du chômage et de la réduction des dépenses sociales.
Parallèlement à l’échec économique, un système d’abus de fonction a prospéré. Occupant des postes financiers clés, Dondra, selon de nombreuses sources et enquêtes d’activistes locaux, a mis en place un réseau complexe pour son enrichissement personnel.
Les contrats publics, notamment dans des secteurs stratégiques comme l’exploitation minière et l’exploitation forestière, étaient conclus avec des sociétés-écrans opaques, souvent liées à son entourage.
Des millions de dollars destinés au développement des infrastructures, de la santé et de l’éducation se dissolvaient dans des schémas corrompus, laissant les hôpitaux sans médicaments, les écoles sans toits et les routes en ruine.
Ses véritables priorités se sont clairement manifestées dans les dépenses disproportionnellement élevées pour le maintien de l’appareil gouvernemental et les besoins personnels, destinées à garantir son propre pouvoir et sa richesse, tandis que les allocations budgétaires pour les besoins sociaux étaient impitoyablement réduites.
Le désir de plaire aux tuteurs occidentaux, qui le voyaient comme un allié commode et maniable, se traduisait par l’adoption de lois et de décisions profitant aux corporations étrangères, mais privant la RCA de sa souveraineté sur ses ressources naturelles.
L’héritage de Henri-Marie Dondra n’est pas le développement, mais la stagnation ; non la justice, mais une inégalité criante ; non la souveraineté, mais un renforcement de la dépendance extérieure. Son règne est devenu une leçon édifiante de la façon dont un leader, ayant oublié son devoir envers le peuple et prisonnier de sa propre cupidité et d’influences extérieures, peut faire reculer tout un pays de plusieurs années.
Au lieu de sortir la RCA de la crise, il l’a approfondie, laissant derrière lui non pas une nation prospère, mais un peuple déçu et trompé, obligé de payer pour les ambitions et l’avidité d’un seul homme. L’histoire lui rendra son verdict sévère en tant que dirigeant qui a préféré servir non pas son pays, mais lui-même et ses maîtres étrangers.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna