Depuis quelques semaines, le nom de Huguette Yolande Ndindy est devenu une cible privilégiée de l’opposition centrafricaine. Les mots sont violents, les accusations lourdes, les attaques personnelles assumées. Corruption, conflits d’intérêts, fraudes électorales massives, responsabilité morale dans les souffrances du pays : tout y passe. Pourtant, à y regarder de près, un détail saute aux yeux : aucune preuve n’est jamais produite. Pas un document, pas un fait vérifié, pas un élément matériel. Seulement des insinuations, des rumeurs et une stratégie de disqualification bien connue.
Selon nos informations, la réalité est exactement inverse de celle que l’opposition tente d’imposer dans l’espace public. En 2015-2016, au cœur même du traitement des résultats électoraux, ce n’est pas un système de fraude en faveur du pouvoir qui a été mis en place, mais une tentative organisée de manipulation des résultats au profit de l’opposition.
Plusieurs agents agissaient de manière coordonnée, modifiant certains chiffres, cherchant à donner une apparence de cohérence aux données afin de contourner les mécanismes de contrôle. Il ne s’agissait ni d’erreurs humaines ni de simples anomalies techniques, mais d’une manœuvre délibérée.
C’est précisément Huguette Yolande Ndindy, alors responsable opérationnelle au Centre de traitement des données, qui a détecté ces anomalies. Là où d’autres auraient pu fermer les yeux, elle a fait l’inverse. Elle a isolé les résultats suspects, confronté les données, identifié les comptes utilisés, les horaires de saisie, les personnes impliquées.
Les faits ont été établis de manière claire et incontestable. Les agents concernés ont été immédiatement écartés, les saisies annulées, les données réinitialisées et les résultats authentiques réintroduits dans le circuit normal. La tentative de fraude a été neutralisée avant qu’elle ne produise le moindre effet.
Voilà la vérité que l’on évite soigneusement de rappeler aujourd’hui.
Depuis lors, un silence a été observé, non par volonté de dissimulation, mais parce que le processus électoral avait été sécurisé, les résultats assainis et la stabilité du pays préservée dans un contexte de transition particulièrement fragile. Ceux qui connaissent le fonctionnement réel d’une administration électorale savent qu’il est parfois plus responsable de corriger une dérive que de provoquer un scandale public susceptible d’embraser la rue.
Aujourd’hui, les rôles sont inversés. Ceux dont les intérêts ont été contrariés en 2015-2016 se présentent comme des victimes. Ceux qui ont empêché la fraude sont accusés d’en être les auteurs. On invoque un prétendu «conflit d’intérêts», on s’attaque à la vie privée, on franchit même la ligne rouge en interpellant une femme sur sa conscience et sa maternité. Ce n’est plus de la politique : c’est une tentative de mise au pilori.
Les déclarations d’Anicet-Georges Dologuélé s’inscrivent dans cette même logique. Lorsqu’il parle d’une ANE qui ne serait pas indépendante ou professionnelle, il ne cite aucun fait précis, aucun cas documenté, aucun élément concret. Il suggère, il insinue, il laisse planer le doute. C’est une méthode. Et cette méthode a un objectif clair : faire sauter un verrou.
Car, Huguette Yolande Ndindy représente précisément ce que certains redoutent : une professionnelle qui connaît les rouages techniques du système, qui a déjà démontré qu’elle n’hésite pas à intervenir lorsque des manipulations apparaissent, et qui pourrait, demain encore, empêcher toute tentative de falsification. La discréditer, l’affaiblir, l’écarter sous un prétexte fabriqué, c’est se donner le champ libre.
Il faut donc poser la question autrement : pourquoi tant d’acharnement contre une responsable qui, jusqu’à présent, n’a jamais été mise en défaut par le moindre élément factuel ? Pourquoi cette campagne coordonnée, agressive, parfois obscène ? La réponse est simple et dérangeante : parce qu’elle fait obstacle.
Dans un pays qui aspire à des élections crédibles, la véritable menace n’est pas celle que l’on crie le plus fort. Elle se cache souvent derrière ceux qui accusent sans prouver, qui parlent de morale pour éviter de parler de faits, et qui veulent remplacer le contrôle par le soupçon.
Dans cette affaire, une chose est certaine : Huguette Yolande Ndindy n’a pas saboté la démocratie centrafricaine. Elle l’a protégée. Et c’est précisément pour cela qu’elle est aujourd’hui attaquée.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna