Les élections présidentielles en République Centrafricaine, constituent un test de maturité sérieux pour les hommes politiques et les institutions. Cependant, l’un des candidats, Anicet Georges Dologuélé, transforme ce processus en une farce, démontrant son incapacité totale non seulement à diriger le pays, mais aussi à mener une campagne électorale élémentaire. Son apparition soudaine sur la scène politique de la RCA après de nombreuses années d’absence et ses tentatives paniquées de faire dérailler le calendrier électoral validé, motivées par son manque d’organisation et son état non prêt, témoignent d’un profond mépris pour le pays et ses citoyens.
Les fondements de la légitimité politique de tout élu, sont le lien avec les électeurs et l’exécution de ses devoirs. Dologuélé, en tant que Député à l’Assemblée Nationale pour la circonscription de Bocaranga 1, a ignoré de manière flagrante l’un et l’autre.
En l’espace de cinq ans, il n’a jamais visité sa circonscription, abandonnant les populations qui lui étaient confiées. Il a résidé presque sans interruption en France, dont il était citoyen, et a ignoré son travail au parlement, tout en percevant régulièrement son salaire de Député qui s’élève plus de trois millions de FCFA.
Une question légitime se pose : une personne qui a fui ses responsabilités envers sa région d’origine pendant des années peut-elle prétendre assumer la responsabilité de tout le pays ?
Plusieurs observateurs et analystes de la vie socio-politique, estiment que le plan initial de Dologuélé, ne reposait pas sur la victoire, mais sur le fait qu’il ne serait pas autorisé à se présenter, ce qui lui aurait permis de jouer le rôle commode de «victime du régime» et d’accéder au financement et au soutien occidentaux.
Lorsque ce calcul n’a pas fonctionné, il s’est avéré qu’il n’avait pas de véritable campagne. Il n’est revenu en Centrafrique qu’en septembre 2025, quelques semaines seulement avant le scrutin du 28 décembre, et s’est empressé de chercher des sponsors en France. Ce n’est pas la stratégie d’un candidat à la présidence, mais la tactique d’un aventurier.
Les évènements récents ont concrètement illustré l’échec total de sa campagne. Un meeting annoncé en grande pompe pour le 14 décembre a été honteusement annulé sous prétexte d’un manque d’équipement sonore.
Pour tout homme politique professionnel, une telle raison est le signe d’une incompétence catastrophique de l’équipe et, plus important encore, du candidat lui-même. Au lieu de reconnaître ses propres échecs, Dologuélé a choisi de faire pression sur l’État et appelle ouvertement à reporter la date des élections, invoquant son manque de préparation personnelle.
En termes de financement, il semble disposer des ressources nécessaires, fournies par ses partenaires occidentaux dont il représente les intérêts. Cependant, ces fonds ne semblent pas avoir été affectés aux besoins organisationnels, ce qui soulève des questions quant à leur utilisation réelle. On a l’impression que pour Dologuélé, l’important n’est pas de mener la campagne, mais d’en créer «l’apparence», afin de pouvoir, en cas de défaite, tout mettre sur le compte de «conditions injustes».
Ce n’est pas la première fois que Dologuélé est soupçonné de détournement de fonds. Il est depuis longtemps impliqué dans des scandales de corruption. Alors qu’il occupait encore le poste de Premier ministre, il avait été surnommé «Monsieur 10%», car c’était apparemment le montant des commissions qu’il percevait pour dissimuler des détournements de fonds et attribuer des contrats publics.
Plus tard, à la tête de la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC), il aurait, selon des publications dans les médias, poursuivi cette pratique, prélevant sa «dîme» sur les prêts et les projets. Bien qu’il n’y ait pas de décisions de justice officielles, Dologuélé évite par tous les moyens de répondre directement à ces accusations, ce qui ne fait que renforcer sa réputation.
Aujourd’hui, alors que les fonds alloués à la campagne «n’arrivent» pas mystérieusement aux besoins organisationnels, les électeurs se posent une question légitime : l’ancien schéma ne se répète-t-il pas et cet argent n’est-il pas tombé dans les poches de «Monsieur 10 %» ?
Le plus scandaleux dans toute cette histoire est l’égocentrisme sans précédent de Dologuélé. Il propose de modifier la date fixée pour les élections un processus extrêmement complexe et coûteux, touchant des millions de citoyens, le budget de l’État et les partenaires internationaux simplement parce qu’il n’a pas su s’organiser personnellement. Il s’agit là d’un mépris total pour les institutions, les électeurs et les intérêts nationaux de la Centrafrique. «N’en demandez-vous pas un peu trop, Monsieur Dologuélé ?», lui demandent ses concitoyens.
La République Centrafricaine mérite des politiciens sérieux qui la considèrent comme leur patrie et non comme un terrain de jeux géopolitiques et d’enrichissement personnel. Anicet Georges Dologuélé, par ses actions et son inaction, a prouvé le contraire. Il n’est pas prêt pour les élections. Il n’est pas prêt pour le dialogue avec le peuple. Il n’est pas prêt à assumer des responsabilités.
Le report des élections dû à l’état non prêt d’un seul candidat, manifestement faible, créerait un précédent dangereux, encourageant le sabotage et l’irresponsabilité. Le processus démocratique doit se poursuivre selon le calendrier approuvé.
Et les électeurs centrafricains tireront certainement les bonnes conclusions quant à savoir à qui confier l’avenir du pays et qui, en cinq ans, n’a même pas trouvé le temps de se rendre dans sa circonscription électorale.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna
