Les travaux du Dialogue Républicain ont pris fin le 27 mars 2022 à l’hémicycle de l’Assemblée nationale à Bangui. Ces assises qui ont ouvert le lundi 21 mars 2022, a pour but les pistes de solution pour la sortie définitive de la République centrafricaine du bourbier.
Ce fora, a connu la participation de plusieurs délégués venus de partout dont celle de l’opposition démocratique pour discuter des problèmes qui fâchent et minent le développement du pays.
Finalement les Centrafricains ont trouvé pour la première fois un espace qui les a mis d’accord au-delà de leur ego et divergences politiques. Tout a commencé le 21 mars dernier, par l’ouverture solennelle des travaux du Dialogue Républicain qui a connu la participation de toutes les forces vives de la nation. Mais, la tension était palpable à l’ouverture des travaux. Alors que le COD-2020 a annoncé par effraction à la veille leur retrait de ce grand rendez-vous par la voix de son porte-parole, Nicolas Tiangaye, le président de cette plateforme de l’opposition démocratique, Cyriaque Gonda, est venu le jour J, poser trois (3) conditions au présidium de ce fora pour que l’opposition revienne autour de la table. Exigences pris en compte, mais ce dernier a eu la foudre des autres membres de la plateforme, à savoir Nicolas Tiangaye, Anicet Georges Dologuélé, Martin Ziguélé, Mahamat Kamoun, qui ont décidé de ne pas participer aux discussions pour leurs propres intérêts.
Cyriaque Gonda donne sa version des faitsen ces termes, «nos conditions imposées au présidium du dialogue ont été acceptées. Nous n’avons aucune raison de ne pas venir prendre part à la discussion pour parler de la souffrance de notre peuple. Si c’est le cas, je me rendrai ridicule devant le peuple. Je ne fais pas la politique de ridicule. Je ne fais pas la politique de la haine. La politique de la haine ne sert pas à un peuple. C’est pourquoi, je suis ici», a-t-il martelé devant le peuple centrafricain et la communauté internationale.
Les débats en plénière ont démarré le 24 mars 2022. Mais, le 26 mars, est la journée la plus décisive et la tension monte d’un cran lorsque Fidèle Gouandjika commence à faire des révélations fracassantes en évoquant les questions qui fâchent. De l’uranium de Bakouma à la cimenterie de N’zila, en passant par le pétrole de Boromata pour arriver à l’association des hommes de Dieu au putsch manqué de la CPC le 13 janvier 2021.
En ce qui concerne la question des coups d’Etat manqué, le représentant du pouvoir public, Fidèle Gouandjika a soulevé qu’il y avait deux (2) qualités de coups d’Etat manqué le 13 janvier 2021. D’abord, un orchestré par François Bozizé Yangouvonda avec la complicité de Anicet Georges Dologuélé et l’autre par Abdou Karim Méckassoua, avec la complicité de Aurélien Simplice Zingas.
Pour Fidèle Gouandjiaka, certains auteurs de ce coup d’Etat sont déjà arrêtés. Il s’agit de Thierry Savonarole Malyombo, Général Ludovic Ngaifei et autres comme Aurélien Simplice Zingas Kongbélet et un pasteur, en la personne du Révérant Nicolas Simplice Singa Gbazia, président de l’Alliance des Eglises Evangélique en Centrafrique (AEC), qui jouait au «malin», selon Fidèle Gouandjika.
S’agissant de développement socio-économique de la RCA, le ministre Conseiller spécial du président Touadéra, Fidèle Gouandjika a révélé au grand jour les noms des personnalités centrafricaines qui sont citées dans des détournements de deniers publics. Fidèle Gouandjika n’a pas raté l’occasion de citer le nom de Jean Michel Mandaba qui aurait détourné plusieurs millions de FCFA des pierres précieuses.
Quant à l’usine de cimenterie de N’zila, le ministre Conseiller spécial du président Touadéra a déclaré que c’est un bâtiment représentatif. Il n’y a pas d’usine de ciment en Centrafrique.
A l’époque, c’est une grande mafia mise en place par l’ancien président François Bozizé Yangouvonda pour détourner plusieurs milliards de FCFA au détriment du peuple centrafricain.
Quant au pétrole de Boromata, le représentant du pouvoir public, a souligné que l’exploitation traine, parce que l’ancienne puissance coloniale, la France qui a fait pression pour que le pétrole centrafricain ne soit pas exploité jusqu’aujourd’hui.
Même chose pour l’Uranium de Bakouma qui est resté inexploitable jusqu’aujourd’hui. 180 milliards de FCFA qui ont été emportés par l’ancien président François Bozizé Yangouvonda à l’époque.
Fidèle Gouandjika regrette le fait que tous ces problèmes ne soient révélés aux différents Conseils des ministres.
En prenant la parole, Aurélien Simplice Zingas Kongbelet, a également confirmé ce qu’a dit Fidèle Gouandjika, mais n’a pas reconnu les faits comme quoi, il aurait été complice d’un complot contre le président Touadéra.
Pour le Révérant Nicolas Simplice Singa Gbazia, président de l’Alliance des Eglises Evangélique en Centrafrique (AEC), prenant la parole, il a rappelé que leur rencontre a eu lieu le 4 mars 2020.
En outre, Eugène Sylvain Ngakoutou Patassé, Député de la nation et président du parti CANE, a mentionné que ce dialogue est l’attente des Centrafricains. «Le peuple centrafricain attendait beaucoup de ce dialogue. Je suis député de la nation. J’ai le droit de participer et donner ma modeste contribution parce que le peuple centrafricain a trop souffert. Il fallait qu’il ait dialogue qu’on essaie de vider ce qu’on a dans le cœur et commencer sur une nouvelle base», a-t-il lâché.
Sylvie Baipo Témon, Cheffe de la diplomatie centrafricaine, présente à la cérémonie de clôture, a pour sa part expliqué que «c’est un Dialogue Républicain et en tant que citoyenne de la République centrafricaine, je viens aussi participer à ce dialogue. J’ai constaté qu’il y a des représentants de l’opposition démocratique dans la salle, c’est le plus important. Lorsqu’il s’agit de notre pays, il faut qu’on se retrouve autour de la table pour que chacun apporte sa contribution pour le développement du pays», a-t-elle souligné.
Cependant, le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, dans son discours de clôture n’a pas raté l’occasion de fustiger les positions des hommes politiques qui n’ont pas pris part à ce grand rendez-vous de la paix qu’il a qualifié d’éternels insatisfaits. «Comme si cela ne suffisait pas, certains concitoyens dont les esprits sont hantés par les démons de la trahison, de la méchanceté, de la haine, de l’animosité, ont entrepris de souffler le feu dans le pays, d’entretenir un climat politique délétère artificiel afin de satisfaire d’autres intérêts que ceux de leurs compatriotes. Ils se sont révélés porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d’autres projets que ceux de l’unité nationale, de la paix et de développement de la République Centrafricaine. Toutefois, mon premier devoir, dans le cadre de ma responsabilité de Père de la Nation, est d’épuiser tous les moyens pacifiques possibles pour épargner à mon peuple les conséquences d’une guerre fratricide. C’est pourquoi, j’ai privilégié le dialogue comme seule voie idéale de retour définitif de la paix, de la sécurité, du vivre ensemble et de la réconciliation nationale.
A la fin de ces assises qui ont duré sept (7) jours, on peut noter 600 recommandations formulées afin de permettre au gouvernement de les mettre en ouvres. Aucun incident majeur n’a été signalé lors de ces assisses, même si à un moment, les débats deviennent rudes et tendus.
Au passage, il reviendrait en principes au gouvernement de faire ce travail formulé par les participants de ce dialogue en seulement sept (7) jours. La majorité de ces recommandations est du domaine régalien de l’Etat centrafricain qui ne devait pas faire l’objet d’une consultation nationale.
Par Théoneste Pounika