Les députés et les ministres centrafricains sont victimes expiatoires d’une diplomatie chancelante venant de la part des autorités françaises. Ce qui a occasionné la dégradation des relations diplomatiques ces dernières années entre Bangui et Paris. Pour que cela puisse cesser, les élus de la nation ont jugé utile d’interpeler la ministre des Affaires Etrangères, de la Francophonie et des Centrafricains de l’Etranger, Sylvie Baipo Témon le mercredi 20 avril 2022 pour plus d’explications et des conduites à tenir.
Dans la lecture d’exposé de motif par le 1er Secrétaire parlementaire, les députés ont constaté avec beaucoup de regrets deux raisons. Premièrement, le refus de délivrance de visas aux autorités Centrafricaines par l’Ambassade de France. Deuxièmement, les fouilles systématiques des bagages des élus de la nation centrafricaine à l’aéroport de Roissy Charles De Gaulle, tout récemment lors d’une mission officielle en France. Ces deux raisons évoquées ont ouvert la voie aux débats houleux.
Au nom du groupe parlementaire «MCU», le seul qui a pris la parole parmi les autres groupes, a relevé le comportement inamical réservé aux autorités Centrafricaines, en matière de délivrance de visa.
Cependant, Clément Ndombé, Député de Berberati 2, a rappelé à l’assistance que cela va à l’encontre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, où la République centrafricaine respecte scrupuleusement les closes de cette Convention. Malheureusement, les autorités françaises veulent fouler aux pieds cette Convention.
Ce dernier a conclu son intervention par quelques propositions, entre autres, l’envoie d’une lettre de contestation au gouvernement français pour dénoncer ces comportements peu scrupuleux qui n’honore pas un grand pays de démocratie comme la France. Par la même occasion, il est nécessaire d’adresser une autre lettre de contestation à l’Ambassadeur de la France en poste à Bangui, pourquoi pas le convoquer devant les élus de la nation pour plus d’explications.
Après l’intervention du groupe parlementaire MCU, place maintenant à l’intervention individuelle des députés. Tour à tour, en prenant la parole, leurs réactions se succèdent et de ressemblent. Beaucoup ont exprimé leur ras-le-bol pour dénoncer l’acharnement des autorités françaises sur les autorités centrafricaines, parce qu’elles tissent des relations avec la Fédération dans le but de pacifier leur pays. Le fait de diversifier les partenariats avec d’autres pays de la planète est un péché mortel ? S’interrogent plusieurs députés.
Ces derniers invitent la ministre des Affaires Etrangères, Sylvie Baipo Témon à trouver une solution définitive à cette situation qui ne fait que persister. Car, la République centrafricaine est un pays d’hospitalité et non un pays xénophobe comme les Centrafricains constatent en Europe actuellement.
En réponse aux préoccupations des élus de la nation, la ministre des Affaires Etrangères, Sylvie Baipo Témon a, pour sa part, reconnu ces dérapages venant de la part des autorités françaises, dont elle-même faisait partie des victimes. «Il y a eu beaucoup de constats de cas de non délivrance de visas aux ressortissants Centrafricains et des tracasseries rencontrées par des autorités centrafricaines, notamment moi-même. Et face à cela, j’ai confirmé que ces constats étaient bien remontés au niveau du ministère des Affaires Etrangères, et ledit avait entrepris un certain nombre de démarches auprès de autorités françaises, notamment la représentation ici en terre centrafricaine pour faire valoir le respect d’un certain nombre de choses. Et en cela, le ministère des Affaires Etrangères, par ma voix, a sollicité la mise en place d’un dialogue politique comme il avait sollicité en 2019, qui nous permettra de voir un peu plus clair dans un cadre diplomatique. De discuter de tous les sujets qui fâchent. C’est l’occasion de pouvoir traiter des sujets qui sont les sujets sensibles. Des sujets, notamment de visa, de coopération, de relations bilatérales, de respect des accords que nous avons signé antérieur ou des accords que nous devons signer pour parfaire à un certain nombre de coopération ou de partenariat. Pour ce faire, le peuple centrafricain doit comprendre que la diplomatie centrafricaine continue à œuvrer pour la diversification de partenariats et aussi pour la consolidation des partenariats déjà existant. Et cela dans le respect de la souveraineté de la République centrafricaine», a répondu Sylvie Baipo Témon aux élus de la nation.
A la fin des débats le président de l’Assemblée nationale, Simplice Mathieu Sarandji, a annoncé que dans un bref délai, il va initier une correspondance de dénonciation et protestation pour envoyer à son homologue président de l’Assemblée nationale française.
Auric De Jean Jovice Ouakara