Le débat relatif à la modification de la Constitution de la République centrafricaine du 30 mars 2016, est loin d’être clos. Après une conférence de presse tenue le mercredi 8 juin 2022, par une nouvelle plateforme qui a décidé de faire barrage au processus de cette modification, par le «Groupe d’Action de la Société Civile pour la Défense de la Constitution du 30 mars 2016» (G16), l’association dénommée «Tôngôlô ti Bê Afrika», coordonnée par Stanislas Kokota-Dobi, brise le silence. Cette association de la société civile à la fois politique, a organisé un cadre d’échanges avec les professionnels des médias et des leaders des organisations syndicales de Centrafrique, dans la matinée du vendredi 10 juin 2022 à l’hôtel Ledger Plaza Bangui. Objectif, invité le président Touadéra à accélérer ce processus afin que le peuple centrafricain puisse se prononcer à travers un référendum sur le projet de loi relatif à la modification de cette loi mère.
Pour la petite histoire, la problématique de la modification de la Constitution du 30 mars 2016, ne date pas d’aujourd’hui. Pendant le Forum Nation de Bangui en mai 2015, des leaders d’opinions comme Jean François Akandji Kombé qui, dans son livre paru le 12 juillet 2016 intitulé «Changer la Constitution ? Contribution à un débat d’intérêt national», a expliqué pour quelle raison il fallait réviser la Constitution. Honorable Martin Ziguélé, pendant le Forum National de Bangui avait pris une position, alors membre de la Commission Gouvernance, exigeait déjà des nouvelles autorités élues la relecture de cette même Constitution.
Dans son propos liminaire, le Coordonnateur de l’association «Tôngôlô ti Bê Afrika» a rappelé que la Constitution est le fondement de droit positif des Centrafricains. Et donc, il n’appartient pas à des puissances étrangères, notamment la France, la Minusca, ni à des organisations internationales de faire pression sur la Constitution qui ne concerne que les Centrafricains.
Cependant, l’association «Tôngôlô ti Bê Afrika», comme beaucoup de Centrafricains, a constaté que lors de la rédaction de cette Constitution en 2016, il y avait beaucoup de pressions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la République centrafricaine. Car, à cette époque, toutes les institutions étaient fragilisées.
Pour ce faire, Stanislas Kokota Dobi, a fait référence à l’article 154 de cette même Constitution qui contient des dispositions transitoires. Donnant l’impression que la République centrafricaine est toujours dans la transition. S’agit-il de vœu de l’opposition «démocratique» ou de la Coalition des prétendus Patriotes pour le Changement (CPC) qui sollicite depuis belle lurette un gouvernement d’union nationale ? Pourquoi continue-t-on de parler de la transition dans cette Constitution sans constater ce vide juridique ?
Pour l’association «Tôngôlô ti Bê Afrika», la Constitution doit être vivante et reflète les réalités du pays. C’est dans ce contexte que le peuple souverain est favorable à ce projet de modification, au lieu de demeurer dans l’immobilisme.
C’est dans ce contexte que l’association «Tôngôlô ti Bê Afrika», par la voix de son coordonnateur, invite le président de la République, Pr Faustin Archange Touadéra à accélérer le processus du changement de la Constitution, tant défendu par le peuple afin d’empêcher la CPC, la France et les ennemis de la paix de créer une nouvelle crise freinerait notre bon élan.
Stanislas Kokota Dobi a offert l’occasion, aux différents leaders syndicalistes, présents à ce cadre d’échanges.
Claude Blaise Passiogo, Secrétaire général qui est venu au nom de CSTC (Cnetral Syndical des Transporteurs de Centrafrique), a exprimé la position de sa base en ces termes,«nous sommes partons pour cette modification de la Constitution. Car, il y a des coquilles qu’il faut élaguer ! Ce projet est soutenu par bon nombre de Centrafricains, y compris nous les syndicalistes. La Constitution est composée de plusieurs désidératas. Il y a lieu de la modifier, afin de l’adapter à la situation de l’heure».
Cependant, Innocent Kéréguélé, Secrétaire général du STD, pense pour sa part que «la Constitution est comme une composition juridique du corps humain. L’une de ces composants du corps humain ne sent pas bien, il faut soigner cette partie du corps humain qui souffre. Mais, ce soin ne veut pas dire qu’on va tuer tout le corps humain», a-t-il exprimé.
Bernard Grengbo, qui était au nom du SNMC, a relevé que «si un député de la nation a émis le vœu pour modifier la Constitution et aujourd’hui, certains Centrafricains s’y opposent. Dans ce cas, il est important de passer ce projet à l’appréciation du peuple, c’est-à-dire, un mémorandum», a-t-il proposé.
Par ailleurs, Sylvestre Massua Ngogi de l’Union Nationale des Travailleurs de Centrafrique (UNTC), martelé que «la Constitution n’est pas une Bible. Seule la Bible qui n’est pas censée à la modifier. Mais, toutes les Constitutions peuvent faire l’objet de modification. Je suis totalement pour la modification de la Constitution, et je suis prêt pour mobiliser ma base en faveur de cette modification».
Pour Olivier Simplice Doyame, «nous avons opté pour la voie référendaire pour mettre fin à ce débat», a-t-il lâché.
D’après l’analyse de Firmin Zoh Ponguélé, Secrétaire général du Groupement Syndical des Travailleurs de Centrafrique, le syndicat est toujours à l’avant-garde pour asseoir une belle démocratie aujourd’hui en République centrafricaine. Malgré cette Constitution, le travailleur Centrafricain est resté toujours tel qu’il est depuis plus de 50 ans. Cette question de modification de la Constitution est désormais publique. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Il y a des choses que les gens partagent. «Nous les syndicats, nous pensons qu’il y a de pléthores d’institutions avec beaucoup de budgets pour ne rien faire. Il faut que le peuple tranche ce débat soulevé par la voie de référendum. Il faut laisser le peuple se prononcer sur ce débat». Car, la voix du peuple, c’est la voix de Dieu !
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaina