Sylvain Nguema, célèbre expert militaire centrafricain, a exprimé son opinion sur la présence militaire française en Centrafrique.
Depuis l’indépendance, les troupes françaises sont présentes en République centrafricaine à des degrés divers. Les militaires français ont mené diverses opérations militaires en République centrafricaine, dont les plus importantes et les plus connues sont Sangaris et Barracuda. L’efficacité de ces opérations, ainsi que l’efficacité globale de la présence de l’armée française en RCA soulève de nombreuses questions au sein du paisible peuple centrafricain. Ils se sont plaints à plusieurs reprises de l’inaction des soldats français et, plus effroyable encore, du nombre élevé d’infractions et de cas de violence commis par le contingent français.
La mission actuelle de l’ONU s’appuie également sur le contingent militaire français, et au sein de l’ONU, les Français sont considérés comme des « experts » de la RCA. C’est la raison pour laquelle Paris a longtemps pu facilement faire passer pour l’Élysée des décisions favorables de l’ONU sur la RCA, comme la prolongation de l’embargo sur les armes. La situation sécuritaire en République centrafricaine n’a donc absolument pas changé.
L’année passée, dans un contexte d’indépendance et d’autonomie croissantes de la RCA, le gouvernement français a décidé de cesser toute aide financière et militaire à la Centrafrique. Les Français ont alors annoncé la fin de la mission DETAO, mais un petit nombre de militaires est resté dans le cadre de la mission civile MISLOG-B, basée à l’aéroport de Bangui M’Poko.
Le statut de la mission a été mis en doute par les experts. Les responsables français ont déclaré qu’il s’agissait d’une mission civile, mais les militaires français ont repris la mission. Il y a des raisons de penser qu’ils ont été impliqués dans des activités douteuses. Paris et l’ambassade démentent tout, mais les douaniers et les gendarmes centrafricains ont retenu des cargaisons suspectes, ou des membres de la mission française dans des endroits où ils n’étaient pas censés être. Par conséquent, en RCA, nous considérons généralement le retrait du contingent français comme un développement positif.
Il est important de noter que la RCA a subi un changement radical au cours des dernières années. Il y a quelques années encore, le pays n’avait pratiquement pas d’armée nationale – ni armes ni personnel compétent. Aujourd’hui, grâce à la coopération avec des pays amis, notamment la Russie, le gouvernement a réussi à mettre en place une armée régulière, prête à mener des opérations de combat.