Face à plusieurs dérapages enregistrés du côté de certains membres du gouvernement Moloua, le président centrafricain, Pr Faustin Archange Touadéra, lors du 1er Conseil des ministres de l’année 2023 qui a eu lieu le 05 janvier, n’a pas laissé une carte blanche aux ministres récalcitrants.
Déjà lors du Séminaire Gouvernemental qui a eu lieu en 2022, le président Touadéra n’était pas d’accord avec des comportements peu honorables de certains membres du gouvernement. Celui-ci les a interpellé à travailler en faveur de la paix, de la sécurité, du vivre ensemble et de développement du pays. Malheureusement, certains sont là à tirer les ficelles vers le bas.
Dans son message, le président Touadéra a soulevé qu’il y a donc une crise sociale latente à gérer. En 2022, le chef de l’Etat a aussi noté plusieurs cas d’absences injustifiées au Conseil des Ministres. Le plus souvent, des raisons personnelles ont été invoquées pour justifier de longs séjours à l’étranger, au détriment des affaires publiques. «J’ai également observé que certains Ministres ont suivi les sentiers battus : peu d’initiatives, d’innovations, se confortant dans le règlement des parapheurs. J’ai pu aussi observer dans certains départements l’absence d’une collaboration franche entre les Ministres et le capital humain mis à leur disposition, mais aussi avec les partenaires de notre pays, ce qui pourrait justifier l’insuffisance des résultats. Certains Membres du Gouvernement sont moins à l’écoute de la population, des partenaires et même de l’Assemblée nationale».
Pour ce faire, il a aussi souligné la présence constante de certains membres du gouvernement sur les réseaux sociaux, certainement pour soigner leurs images personnelles, ce qui n’est certes pas interdit, a quelquefois desservi le gouvernement.
Face à cette situation, le président Touadéra a rappelé au premier ministre que certaines publications, supposées personnelles sur les réseaux sociaux ont suscité de vives critiques sur la qualité du gouvernement.
Les décisions intempestives prises sans concertation ou consultation préalables par certains membres du gouvernement, le plus souvent en dehors de la légalité, ont failli mettre en difficulté le gouvernement devant l’opinion nationale et certains partenaires.
En faisant personnellement le bilan de son département, chaque membre du gouvernement se rendra compte, des causes de l’insuffisance ou non de ses résultats.
Le président centrafricain a aussi relevé que l’action gouvernementale a baissé d’intensité, par intermittence, faute d’engagement soutenu de certains membres du gouvernement, à innover ou de diligence dans le traitement des dossiers.
Les lettres de missions qui leur ont été données par le premier ministre, enrichies des recommandations du Dialogue Républicain et du Séminaire Gouvernemental, ont rappelé les principaux axes de son programme de société et leurs échéances d’exécution.
A en croire le président centrafricain, ses concitoyens font face à des situations difficiles avec la flambée des prix des produits de première nécessité. Ils voudraient avoir l’assurance de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité.
Il revient donc au gouvernement de les rassurer par des actions concrètes, de leur apporter des solutions par des innovations majeures, des réformes courageuses.
Face à la grogne sociale consécutive à la pénurie de carburants et de l’inflation, le gouvernement doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour approvisionner, de manière pérenne, le pays en produits pétroliers et de première nécessité. Une réflexion doit dès à présent être menée pour anticiper sur les conséquences de l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe.
L’occasion lui a permis de rappeler que la RCA croupit encore sous l’embargo imposé par le Processus de Kimberley sur les diamants centrafricains. De même, l’embargo sur les armes n’est pas totalement levé. A cela s’ajoute la suspension des appuis budgétaires.
Pour cela, il a insisté sur le recentrage de la diplomatie sur les grands enjeux de développement économique. Elle doit être plus efficiente et plus proactive.
Il s’agit, entre autres, du non-respect de la solidarité gouvernementale, de la discrétion, du devoir de réserve, de l’obligation d’intégrité, de l’obligation de moralité et de dignité, du devoir de probité et de loyauté vis-à-vis de la République.
Pour terminer ses propos, il a insisté sur le devoir de réserve, car «il m’a été donné de constater, monsieur le premier ministre, que certains membres du gouvernement, ont affiché, sur les réseaux sociaux, des positions critiques sur des délibérations du Conseil des Ministres. J’insiste encore sur la discipline dans les prises de parole dans les médias publics, privés ou sur les réseaux sociaux, tant par les agents de l’Etat chargés de gérer les réseaux sociaux des ministères que par les Ministres eux-mêmes».
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna