48 heures après son retour à Bangui le dimanche 04 juin 2023, suite à sa brillante élection à Malabo en Guinée Equatoriale, comme président du parlement de la CEMAC, l’honorable Evariste Ngamana, a échangé avec la presse le 06 juin 2023 à la Cité des Chefs d’Etat à Bangui sur le sujet qui fait la une des médias nationaux et internationaux, particulièrement le processus de référendum lancé par le Président Touadéra. L’occasion a permis au 1er Vice-président de l’Assemblée nationale, de lancer un appel patriotique à tout le peuple Centrafricain de se mobiliser en faveur d’une nouvelle Constitution et d’aller massivement voter «OUI» le 30 juillet 2023, afin de redonner à la RCA, sa souveraineté.
L’honorable Evariste Ngamana, dans son laïus, a soulevé que la RCA, se singularise par l’excessivité du nombre de Constitutions qui jalonnent sa jeune histoire politique, depuis son accession à la souveraineté internationale jusqu’à ce jour.
En effet, ces Constitutions, à l’exception de celles de 1958, 1976 et de 1994 ont, en commun, le fait qu’elles sont généralement élaborées et adoptées après des crises militaro-politiques ayant entrainé la fin d’un régime et mis en place un autre dirigeant politique à l’issue d’un coup d’Etat ou d’une rébellion.
Aussi, ces Constitutions visent-elles l’urgence du retour à l’ordre constitutionnel imposé par la communauté internationale et l’envie pressante des nouveaux dirigeants légaux d’acquérir la légitimité par l’organisation d’élections, dont les résultats sont connus d’avance.
Pour ce faire, la Constitution du 30 mars 2016 n’échappe pas à ce rituel. Ecrite à l’issue d’une longue transition, comme tout le monde le sait. Il fallait, au regard de la communauté internationale, une loi de norme supérieure pour réorganiser les pouvoirs publics mis à mal, le fonctionnement des institutions publiques disparues presque, afin que la RCA puisse être réadmise dans le concert des nations démocratiques. Malheureusement, cette Constitution (de 2016), comme les précédentes, qui a été écrite, en reprenant le Chef de l’Etat, sur les cendres encore ardentes des dernières crises, ne prend pas en compte les aspirations profondes du peuple Centrafricain et ne propose pas de solutions adéquates aux causes des crises récurrentes en RCA. «Nous savons tous que l’un des motifs soulevés par la coalition Séléka est l’apparent abandon des préfectures du Nord, par extension, la concentration excessive des pouvoirs à Bangui. Est-ce que cette Constitution a proposé le mécanisme de régulation de pouvoir entre l’Etat et les collectivités publiques ? Non. Est-ce que cette Constitution a nommé les régions qui constituent le pays ? Non. Est-ce que cette Constitution a prévu le renforcement de la décentralisation dont l’opérationnalisation peine à être concrète ? Non», a-t-il soutenu.
Bien au contraire, malgré la tension de trésorerie qui empêche le bon fonctionnement des services publics, la Constitution centrafricaine du 30 mars 2016, penche plutôt pour le partage de gâteau, en créant plusieurs nouvelles institutions, dont une nouvelle Chambre de Parlement devant permettre aux éternels leaders qui pensent que sans eux, rien ne peut marcher, de se positionner.
Cette Constitution coûte chère à la RCA et n’apporte aucune innovation ! C’est ainsi qu’il apparait urgent de la remplacer par une Constitution écrite par des experts Centrafricains pour intégrer des dispositions pouvant favoriser l’épanouissement de la démocratie en garantissant la stabilité politique, protégeant le pays contre tout conflit d’intérêts, relevant le niveau de débat dans les institutions publiques, définissent les caractéristiques de la nationalité centrafricaine, impliquant véritablement les minorités, les personnes vivant avec handicap, les sultans et les chefs traditionnels à la gestion des pouvoirs et des choses publics, apportant des réformes profondes aux pouvoirs publics pour favoriser l’émergence socioéconomique du pays.
Paraphrasant le président de la République, chef de l’Etat, «il ne s’agit nullement de la disparition de l’alternance politique pour prétexter que c’est un moyen pour maintenir Touadéra au pouvoir. Il aura toujours des élections transparentes, libres et ouvertes à tous les Centrafricains. Alors de quoi avons-nous peur ?», s’interroge-t-il.
Le président Touadéra, s’il le souhaite pourra être candidat, le compteur étant mis à zéro s’il remplit les conditions d’éligibilité. C’est un Centrafricain.
Par ailleurs, certaines personnalités étrangères, tel que l’ancien vice-président du conseil constitutionnel du Sénégal a clairement émis le vœu de modifier cette Constitution qui ne définit pas exactement les compétences réelles de la Cour Constitutionnelle, mais lui confère plutôt celles de la juridiction de l’ordre administratif.
Notons également que beaucoup de déclarations de tout bord, y compris de l’opposition ont appelé à doter le pays d’une nouvelle Constitution. «Nous sommes convaincus que si un candidat autre que Touadéra avait élu à l’époque, cette Constitution aurait été depuis longtemps changée ou modifiée tant ils prédisaient sa mort», a souligné Evariste Ngamana.
Au regard de tout ce qui précède, le 1er Vice-président de l’Assemblée nationale, honorable Evariste Ngamana, lance un appel patriotique à tous les Centrafricains en ces termes, «nous appelons tous les Centrafricains qui aiment leur pays, qui souhaitent que la RCA sorte de l’ornière où nous l’avons plongée, à voter massivement OUI, le 30 juillet prochain».
Il y a lieu de rappeler qu’à l’occasion de cette rencontre avec les professionnels des médias, on notait la présence aux côtés du l’honorable Evariste Ngamana, des personnalités politiques comme Aurélien Simplice Zingas Kongbelet, qui représente l’opposition démocratique, Timon Léon Mbaikoua, le ministre d’Etat à la Justice, Arnaud Djoubaye Abazène et le Conseiller politique du président de l’Assemblée nationale, Alexis N’Doui Yabela.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna