Terre d’agriculture par excellence, la République Centrafricaine gagnerait mieux en investissant dans le secteur agropastoral pour son essor socioéconomique. L’abondance des ressources naturelles, en ce qui concerne l’agriculture, n’est pas à démontrer, ainsi que tous les atouts pour l’exploitation de ces ressources au profit de l’économie nationale et le bien-être des Centrafricains. Un secteur prometteur par lequel le pays de Boganda pourrait vite sortir de la pauvreté et chercher avec ses pairs la voix du développement, avec plus de 70% de la population qui vit directement de ce secteur.
Potentialités agropastorales inestimables !
Comme susmentionné, la République Centrafricaine, est débordée de richesses naturelles. Souvent, lorsqu’on évoque les richesses naturelles de la République Centrafricaine, beaucoup sont ceux qui réfléchissent directement sur le sous-sol, allusion faite au dimant, à l’or, au pétrole et bien d’autres minerais… Alors que le pays de «Zo Kwe Zo» est sauvagement gâtée tel le Jardin d’Eden avec des potentialités agropastorales énormes. Dans toute la répartition géographique, allant du Nord vers le Sud, notamment depuis une végétation de steppes jusqu’aux grandes forêts du Sud, la terre centrafricaine est favorable à différentes sortes de cultures. Du Nord au Sud, poussent régulièrement les cultures de rente (coton, café, tabac) et les cultures vivrières (manioc, riz, arachide, maïs, mil, sorgho, les produits maraichers…).
Les dernières statistiques montrent que la République centrafricaine dispose de quelques 15 millions d’hectares de terres cultivables dont les parcelles cultivées sont évaluées à seulement 700 mille hectares. Aussi, le pays dispose de 16 millions d’hectares de pâturages presqu’inexploités. A ces potentialités, il faut ajouter des conditions climatiques favorables et aussi une main d’œuvre abondante et jeune.
Le paradoxe entre un pays naturellement riche et une population généralement pauvre a dû entrainer beaucoup de gens à croire au mythe d’un «pays maudit». Puisqu’au regard de ces potentialités sommairement énumérées ci-haut, l’on n’arrive pas vraiment à comprendre les raisons véritables de la pauvreté du peuple centrafricain.
Toutefois, l’on pourrait pointer du doigt certains facteurs négatifs pour le développement agropastoral, tels que l’insécurité qui, pendant des décennies, ne favorise pas l’accès à la terre pour les agriculteurs ; mais qui occasionne malheureusement la perte des bétails aux éleveurs des bétails emportés ou massacrés par des hommes armés. L’on noterait également le mode traditionnel et pénible de culture avec la houe qui ne permet pas d’emblaver d’importantes parcelles. Ces maux doivent être traités pour créer des conditions favorables à l’essor du secteur agropastoral.
Une volonté politique affichée
Devant le tableau présenté ci-haut avec des potentialités d’un côté et les goulots d’étranglement pour l’essor véritable du secteur agropastoral de l’autre côté, les autorités politiques ont pris la juste mesure de l’enjeu et ont résolument décidé de redorer le blason de l’agriculture centrafricaine comme levier du décollage économique de la République centrafricaine. D’ailleurs, le Président de la République, Professeur Faustin Archange Touadéra, a montré l’exemple par lui-même, à travers sa ferme agropastorale.
Le RCPCA (Plan national de relèvement et de consolidation de la paix en République centrafricaine) qui a été soumis aux bailleurs de fonds à Bruxelles, a inscrit le développement du secteur agropastoral en bonne place dans le Pilier 3 de ladite stratégie intitulé «Relèvement économique et développement des secteurs productifs». Entretemps, dès 2016, avec le retour à la légalité constitutionnelle, le Président de la République, Professeur Faustin Archange TOUADERA a placé le cadre général du développement agricole, à travers sa vision du secteur tertiaire. Le Chef de l’Etat a donc instruit son Gouvernement de «sortir des sentiers battus» pour innover une «agriculture moderne».
La concrétisation de cette vision présidentielle devrait se réaliser à travers l’éradication des facteurs de blocage et l’introduction de nouveaux paradigmes. Ainsi, le premier goulot d’étranglement était l’aspect sécuritaire. Tout a été mis en œuvre par les autorités pour restaurer la sécurité sur l’ensemble du territoire qui était occupé jusqu’à 90% au plus haut de la dernière crise militaro-politique. A ce jour, les agriculteurs ont pu reprendre le chemin des champs ; et les éleveurs, même ceux des pays frontaliers peuvent maintenant développer leurs activités.
Cependant, la modernisation de l’agriculture s’opère à tous les niveaux. Un premier travail se situe au niveau de retour des grands bailleurs de fonds du secteur agropastoral. Depuis 2018, la Banque mondiale, la Fonds international de développement agropastoral (FIDA), la Banque africaine de développement (BAD), le WHH (Welthungerhilfe)…, tous ces gros cylindrés du financement de l’activité agropastorale sont de retour. La confiance est rétablie avec ces bailleurs.
Le deuxième travail concerne la mécanisation de l’agriculture et l’introduction de nouvelles approches d’élevage. Les grands projets en cours d’exécution au Ministère de l’Elevage et de Santé animale (MESA) et ceux au niveau du Ministère de l’Agriculture et du développement rural (MADR) sur financements des bailleurs susmentionnés, entre autres le PRADAC, le PREPAS, le PADECAS, le PRAPAM, le PARSANKO… concrétisent la révolution agropastorale en marche. L’on constate aujourd’hui de multiples opérations de distribution de semences aux paysans à travers le pays. Aussi, des bulldozers et tracteurs sont déployés dans les provinces pour dégager des hectares de parcelles agricoles.
Au niveau transversal, le processus de la réforme de la Chambre d’agriculture et du Tourisme (CAT) a déjà permis la structuration des Organisations paysannes agricoles (OPA) en des Sociétés coopératives agropastorales. Les Assemblées régionales pour toutes les régions de la République centrafricaine sont pour bientôt. Il s’agit ici de préparer les Agriculteurs et les Eleveurs à mieux s’organiser pour accueillir le nouveau paradigme agropastoral en cours. Autrement dit, de l’agriculture ou de l’élevage, le producteur doit être capable de vivre de ses œuvres, depuis la phase de production, de la transformation, de la conservation et de la commercialisation.
Il ne reste aujourd’hui qu’un passage à l’échelle. Le terrain est encore vaste, mais de plus en plus favorable au développement des activités agropastorales pour l’essor de l’économie centrafricaine. Bienvenue aux investisseurs.
Bruno Fred Athanase Krock