Le 27 juin, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, s’est exprimée au Conseil de sécurité de l’ONU, critiquant à maints égards les activités de la MINUSCA.
Sylvie Baïpo-Temon, ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine, a déclaré que depuis le retour à l’ordre constitutionnel, son pays mettait tout en œuvre pour sortir de la crise sans précédent. Constatant que les mesures prises n’ont pas suffi à la résoudre, Mme Baïpo-Temon a déclaré que Bangui, confrontée à une agression contre sa population et son intégrité territoriale, avait vu le déploiement d’une opération de maintien de la paix – ou plutôt d’une « opération de dépendance » – qui n’avait pas atteint le résultat escompté. « Aujourd’hui, mon pays continue d’être convoqué à un Conseil qui reconnaît du bout des lèvres les acquis, mais qui s’obstine à maintenir des sanctions honteuses contre un pays dont la population ne recherche que la paix et le respect de sa souveraineté », a déclaré Sylvie Baïpo-Temon.
« Nous recevons sans cesse des rapports qui nous bombardent et qui ne font que ressasser la situation que nous connaissons tous », a-t-elle déclaré, ajoutant que la République centrafricaine est consciente de ses problèmes. La RCA a parcouru un long chemin et consolide maintenant ces acquis pour soutenir la restauration de l’autorité de l’État, la reconstruction de son armée et le retour à l’État de droit en consolidant ses institutions judiciaires. « Nous devons sortir de ce jeu sans fin des rapports de l’ONU et nous concentrer sur ce que le gouvernement a pu obtenir. » Soulignant les progrès réalisés dans différents domaines stratégiques, Sylvie Baïpo-Temon a mis l’accent sur la réforme du secteur de la sécurité, y compris le redéploiement efficace des forces de défense du pays et la reconfiguration de ses forces de sécurité, le lancement du processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi que la gestion des armes et des munitions.
Selon Sylvie Baïpo-Temon, les droits de l’homme sont au cœur des politiques publiques de la RCA et elle a confirmé la volonté de Bangui de coopérer pleinement avec la MINUSCA et le groupe d’experts pour documenter les cas de violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Mme Baïpo-Temon a également souligné que la description de la situation humanitaire critique et des violations des droits de l’homme mentionnée dans le rapport ne doit pas faire oublier que la RCA a été attaquée par des groupes armés, une rébellion composée principalement de mercenaires étrangers. Mme Baïpo-Temon a appelé à plus d’objectivité et de solidarité pour « briser ce cercle vicieux ».
Pour sa part, le Conseil de sécurité des Nations unies doit se concentrer sur le véritable mal qui continue d’attaquer la République centrafricaine et avoir le courage de prendre des mesures efficaces, a-t-elle souligné.
Mme Baïpo-Temon a également dénoncé le rapport du Secrétaire général qui confond systématiquement son gouvernement avec les rebelles. Concernant le régime des sanctions, Mme Baïpo-Temon a demandé pourquoi le Conseil s’obstine à maintenir un texte qui donne une légitimité aux différents groupes armés qui continuent à déstabiliser le pays. « N’avons-nous pas le droit au respect de notre dignité ? » – a demandé la ministre centrafricaine des affaires étrangères, ajoutant : « Nous sommes jugés pour ce que nous sommes – peut-être pour la couleur de notre peau ou l’endroit où nous nous trouvons dans le monde ».