Lors d’une rencontre avec les professionnels de l’information ce mercredi 11 juillet 2024, le Rapporteur général de la «Synergie Centrafricaine», qui est une plateforme de la société civile, Dr Eloge Doctrouvé Koï, a interpellé la conscience des autorités Centrafricaines sur le projet de recrutement d’une ONG par le département du gouvernement américain pour l’élargissement de l’accès au système judiciaire pour la population vulnérable en République Centrafricaine. A en croire le conférencier, ce projet a pour but de créer sur le territoire centrafricain, une structure pour avoir accès aux informations confidentielles, des renseignements et autres données qui peuvent ensuite être utilisées pour la délégitimation et enfin replonger la République Centrafricaine dans le chaos.
En effet, le Département d’Etat Américain, a lancé un Appel d’Offre sur son le site internet à l’adresse suivante : http://WWW.grants./gov/search-results-detail/354803, pour recruter une ONG afin de travailler sur un projet de soi-disant «l’élargissement de l’accès au système judiciaire pour les populations vulnérables en République Centrafricaine». Ce projet, une fois réalisé, aboutira à la création d’un réseau de centre juridique sur l’ensemble du territoire national pour la collecte d’information, selon les Termes de Référence du document en question.
Chose que la «Synergie Centrafricaine», en tant que société civile, à travers son Rapporteur, Dr Eloge Doctrouvé Koï, n’a pas apprécié du tout et pense que cela apportera beaucoup de risques, dont le principal est l’ingérence du Département d’Etat américain à travers cette nouvelle ONG pro-américaine, dans les activités du pouvoir judiciaire et des forces de l’ordre, dans le cadre de la violation des dispositions du Chapitre 3 de la Constitution du 30 août 2023. Cela, poursuit-il, est en faveur des Etats-Unis, notamment la collecte des informations et de renseignements.
Selon Dr Euloge Doctrouvé Koï, cette ingérence pourrait aussi impacter sur les activités judicaires de la RCA, en ce sens que bon nombre de plaintes, c’est-à dire, les revendications, les déclarations, les recours vont être livrés à cette ONG pro-américaine au détriment des Tribunaux et autres institutions afin de conduire à la perte de contrôle de la part du pouvoir de la RCA.
Et celui-ci d’ajouter que la livraison des informations indésirables à la Cour Pénale Internationale (CPS) et autres institutions internationales pour utiliser comme un moyen de chantage, afin de mettre la pression sur les autorités centrafricaines. Ceci correspond en sourdine le travail qui va être fait par cette ONG, si les autorités centrafricaines leur ont donné quitus. «L’ONG qui va être recrutée, sera chargée maintenant de collecter des informations sur les personnes vulnérables. Donc, quelle est leur situation dans le pays ? Est-ce que leurs droits sont respectés ? Mais, ce n’est pas eux de faire ce job ! C’est le travail du gouvernement centrafricain. Un Etat étranger ne peut pas s’ingérer dans les affaires judiciaires d’un pays souverain ! Ça, c’est une atteinte grave, voire même gravissime du principe de souveraineté», a rétorqué Euloge Doctrouvé Koï, sous l’effet d’une sainte colère.

Une autre conséquence, est que cette ONG, pourrait être capable de coordonner toutes les activités du ministère centrafricain de la Justice, des Forces de Défense et de Sécurité ainsi que des organisations locales de la société civile pour pouvoir donner des instructions nécessaires et qui peuvent aller contre la politique du pouvoir en place.
Fort de tout ce qui précède, l’implication de cette ONG Américaine dans les affaires centrafricaines, pourrait avoir des conséquences sécuritaires non seulement sur les élections locales et régionales d’octobre 2024, mais aussi et surtout sur les élections législatives et présidentielle de 2025. Car, le projet prévoit une campagne de sensibilisation de la société civile, en collaboration avec certains médias locaux pour influencer la population à un changement d’opinion contre le pouvoir en place. «L’objectif visé par le Département d’Etat américain, c’est de renforcer le pouvoir des groupes armés. C’est de chercher à avoir le contrôle du système judiciaire centrafricain et ces informations collectées qu’ils vont utiliser pour sanctionner la RCA. En 2020, à l’approche des élections, dans les mêmes circonstances et du contexte, le Département d’Etat américain avait fait la même chose. Le gouvernement américain avait recruté une ONG pour faire le même travail. C’était à cette même époque que nous avions eu l’attaque foudroyante de la CPC dans le seul objectif de déstabiliser les institutions de la République et c’était à l’approche des élections. Nous, voilà, en 2024, à l’approche des élections locales et régionales d’octobre, et le Département d’Etat américain lance le projet au même mois et le projet va démarrer à partir de 24 octobre prochain pour un délai de 36 mois. Le peuple Centrafricain n’est pas dupe !», a-t-il soulevé.
Face à cette situation qui pourrait contribuer au délitement de la situation politico-sécuritaire de la RCA, la «Synergie Centrafricaine», interpelle la conscience des autorités compétentes afin de procéder à l’interdiction de la mise en fonction de cette ONG à la solde du Département d’Etat américain sur le territoire de la RCA. Il est temps que les autorités centrafricaines puissent se réveiller ! Car, selon des informations qui circulent, il s’agit-là d’un même schéma qui ressemble bel et bien à ce qui s’est passé à l’approche des élections groupées de 2020-2021.
Il vous souviendra qu’un espion qui répond au nom de Martin Joseph Figueira a été arrêté le 25 mai 2024, à Zémio, dans la préfecture du Haut-Mbomou. Selon le Procureur de la République, Benoit Narcisse Foukpio, ce Martin Joseph Figueira, bénéficie de deux passeports, notamment Belge et Portugais et soupçonné d’être à la solde du gouvernement américain, car il travaille pour le compte d’une ONG américaine «FHI 360».
Depuis cette arrestation jusqu’aujourd’hui, l’ambassade des Etats-Unis ne s’est pas encore prononcée sur cette affaire qui a fait tache d’huile.
Sabrina Larissa Vinciane Naïlo