La RCA introduit la vaccination contre le paludisme. La cérémonie du lancement officiel s’est déroulée le jeudi 22 août 2024 à Ouango, dans le 7ème arrondissement de Bangui. Ladite cérémonie a été présidée par le Chef de l’Etat Centrafricain, Pr Faustin Archange Touadéra, en présence du Président de l’Assemblée Nationale, Simplice Mathieu Sarandji, du Premier ministre, Félix Moloua, des membres du gouvernement, des partenaires techniques et financiers ainsi que de la vaillante population locale qui s’est massivement mobilisée pour la circonstance.
Il faut souligner qu’il s’agit-là de l’introduction de la vaccination contre le paludisme dans le programme élargi de vaccination de routine en RCA. Dans son mot de circonstance, le Président Touadéra, est d’abord heureux de se joindre à la population pour célébrer cette innovation d’importance vitale en matière de santé publique.
En effet, le nouveau vaccin contre le paludisme permettra la protection d’un grand nombre d’enfants contre les effets dévastateurs du paludisme et de ce fait sauvera de nombreuses vies. «Je me réjouis du fait que notre pays soit parmi les premiers pays bénéficiaires de ce vaccin après le Benin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya, le Libéria, le Malawi, la Sierra Léone et la Tanzanie», a-t-il déclaré.
Et de poursuivre qu’à l’instar de la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine, a opté pour le nouveau vaccin de dernière génération, notamment le vaccin «R21/Matrix-M» qui a montré une très bonne tolérance et une grande efficacité de plus de 75% contre le paludisme clinique.
Pour cette phase d’introduction qui s’achève en décembre 2024, ajoute-t-il, les populations cibles sont les enfants âgés de 6 à 11 mois qui bénéficieront de quatre doses pour une protection optimale.
Dès janvier 2025, le vaccin contre le paludisme sera administré aux enfants dès leur sixième mois dans le cadre des activités de vaccination de routine. Cependant, la vaccination contre le paludisme vient ainsi compléter les autres interventions de lutte contre le paludisme, notamment l’utilisation des moustiquaires imprégnées, la prise en charge gratuite des cas et la prévention du paludisme pendant la grossesse.
Pour ce faire, la mise en œuvre de ces interventions dans les formations sanitaires et dans la communauté à travers l’engagement communautaire permettra d’accélérer la réalisation de la Couverture Santé Universelle et la réduction rapide du fardeau de la maladie dans notre pays.
Il ne faut pas perdre de vue que cette cérémonie de l’introduction du vaccin contre le paludisme, doit consacrer l’importance cruciale que le Chef de l’Etat Centrafricain attache à la vaccination comme méthode de lutte contre les maladies.
Dans un monde marqué par l’infodémie délibérée contre la vaccination, «j’ai tenu à annoncer personnellement l’introduction du nouveau vaccin contre le paludisme afin de marquer de la façon la plus solennelle mon engagement en faveur de la prévention des maladies par la vaccination», a souligné le Président Touadéra.
Ce faisant, il invite toutes les Centrafricaines et tous les Centrafricains ainsi que les personnes résidant sur le territoire centrafricain à faire vacciner leurs enfants contre le paludisme.
Car, selon lui, le paludisme est une tragédie humaine silencieuse et un frein au développement. Dans les pays endémiques comme la République Centrafricaine, il réduit de 1,3 le taux de croissance.
Au niveau mondial, l’OMS estime qu’en 2022, le paludisme était responsable de 249 millions de cas et 608.000 décès dont 94% sont survenus dans la région africaine.
D’après les statistiques nationales, en 2022, le paludisme représentait la première raison de consultation avec près de 2 millions de nouveaux cas soit 66% des cas de maladies. Il est la première cause de décès avec 2.412 décès, soit 41% des décès tous âges confondus dans nos formations sanitaires. Les enfants de moins de 5 ans sont les plus vulnérables et y paient le plus lourd tribut avec plus d’un million de cas et plus de 1.000 décès.
De ce fait, l’élimination du paludisme fait partie des dix domaines d’impulsion présidentielle pour l’accélération vers la couverture santé universelle et la réduction accélérée de la mortalité maternelle et infantile.
C’est pourquoi, depuis son accession à la Magistrature Suprême de l’Etat, il fait de la prévention des maladies en général et la prévention des maladies évitables par la vaccination, l’une des priorités de son agenda politique qui met l’accent sur le développement du capital humain.
Dans le même esprit, le numéro un Centrafricain fait de la santé un investissement et non une dépense. «Je suis heureux d’indiquer que la conjonction des interventions contre le paludisme a commencé à donner des résultats tangibles au terme d’impact, notamment au niveau du Complexe pédiatrique de Bangui ou une chute sensible du nombre de cas de paludisme simple, de paludisme grave et de décès a été rapportée pour la période de janvier à juin 2024».
En effet, 443 cas de paludisme simple ont été reçus contre 990 cas en 2022 et 4.448 cas en 2023. Par ailleurs, 1240 cas de paludisme graves ont été enregistrés contre 2641 en 2022 et 3868 en 2023.Vingt-quatre (24) décès ont été enregistrés en 2024 contre 78 en 2023.
Cette tendance générale à la baisse du nombre de cas de paludisme simple, du nombre de paludisme grave et du nombre de décès d’enfants dus au paludisme est attribué en grande partie à la prise en charge précoce des patients par des Agents de Santé Communautaire qui font des visites de ménages dans les trois districts de Bangui et une partie du district de Bimbo dans le cadre d’engagements communautaires.
Ces faits suggèrent que notre ambition de «Zéro Palu» n’est pas une utopie et que l’élimination du paludisme comme problème de santé publique est bel et bien réalisable. Et de souligner que sa vision en matière de protection par la vaccination est qu’en République Centrafricaine, chaque individu où qu’il se trouve, quels que soient son âge, son sexe, sa condition sociale, sa religion et son appartenance communautaire, bénéficie pleinement des avantages des vaccins retenus dans le cadre du Programme Elargi de Vaccination.
Le Chef de l’Etat Centrafricain déplore que les résultats de ces enquêtes montrent qu’en dépit des efforts consentis par le gouvernement et les partenaires pour rendre disponibles les vaccins et les services de vaccination à la majorité de la population, seulement 16% des enfants sont complètement vaccinés et 34% des enfants n’ont jamais été vaccinés. Parmi les facteurs en cause figurent au premier plan, la distance à parcourir par les populations pour accéder aux services de vaccination et la faible couverture en chaîne de froid estimée à 50%.
Pour cette raison, il instruit le Ministre chargé de la Santé et de la Population et le Ministre des Finances de mettre tout en œuvre pour accélérer la réalisation des stratégies avancées et mobiles de vaccination afin de rapprocher les services de toute la population et toucher tous les enfants en âge de vaccination ainsi que leur mère.
Celui-ci a profité de cette occasion pour lancer un appel aux agents de santé afin qu’ils adoptent un comportement plus accueillant et plus incitatif à l’endroit des patients, car les résultats des enquêtes auprès des populations indiquent que l’attitude des agents de santé fait partie des facteurs de démotivation à l’utilisation des services de santé, y compris la vaccination. «Je les exhorte à rester guidés par les principes éthiques et déontologiques de leur profession», a-t-il lancé.
Il ressort aussi des consultations faites auprès des autorités administratives locales et des leaders communautaires que ceux-ci ne sont pas impliqués dans la mise en œuvre du programme de vaccination. «J’instruis le Ministre chargé de la Santé et de la Population à impliquer les autorités administratives locales et les leaders communautaires pour une forte adhésion de la population au vaccin contre le paludisme, dans le cadre de l’engagement communautaire, en collaboration avec les partenaires qui nous appuient».
Les enquêtes rapides d’opinion réalisées auprès de la population, notamment des mères d’enfants et des leaders d’opinion, ont montré que ceux-ci sont favorables à l’introduction du nouveau vaccin contre le paludisme.
Enfin, le Chef de l’Etat, adresse ses remerciements particulièrement à l’UNICEF, l’OMS, la Fondation Bill et Melinda GATES, le CDC et l’Alliance GAVI pour leurs multiples appuis au Programme Élargi de Vaccination en général, et surtout pour l’introduction du vaccin contre le paludisme.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna