Le 15 septembre 2014, la Minusca a débuté ses activités de maintien de la paix en République Centrafricaine. Le 15 septembre 2024, c’est-à-dire, dix années plus tard, quel bilan peut-on établir de ses activités de «maintien de la paix» en RCA, avec le Coordinateur de la plateforme de la société civile dénommée «Azimut», Pott Madendama-Enzia (PME) ? Une réaction enregistrée dans un entretien exclusif accordé à Radio Lengo Songo (RLS).
RLS : Monsieur Madendama-Enzia, bonjour !
PME : Bonjour, Monsieur le Journaliste !
RLS : Comment évaluez-vous les activités des Casques bleus en Centrafrique après 10 ans d’opération ?
PME : Je crois qu’en dix ans de maintien de la paix, la Minusca s’est complètement discréditée et a perdu la confiance des Centrafricains pacifiques. Sans doute, pendant les deux ou trois premières années, les Centrafricains espéraient et croyaient encore en une aide réelle de la Minusca. Malheureusement, le temps passe, la situation n’a pas changé. Les Casques bleus ont commencé à commettre des crimes contre des Centrafricains pacifiques.
RLS : Il s’agit de quels crimes exactement ?
PME : Chaque jour, des véhicules de la Minusca attaquent des civils. La plupart des cas sont passés sous silence, mais des incidents très médiatisés finissent dans les médias, ce qui contrarie grandement les dirigeants de la Minusca. L’incompétence et le manque d’expérience de conduite des employés de la Minusca, ainsi que l’irresponsabilité des Casques bleus et le mépris de l’ONU pour ce problème, sont l’une des principales raisons de ces incidents. Permettez-moi de souligner une fois de plus que l’employé de la Minusca qui a commis un crime n’en porte pas la responsabilité. À ce propos, il y a aussi souvent eu des cas où un soldat du maintien de la paix aurait accidentellement tiré sur un civil. Mais, les Casques bleus commettent les crimes les plus horribles localement, dans plusieurs préfectures de la RCA. Malheureusement, de nombreux contingents de la Minusca sont devenus des complices des groupes armés. Ils s’intéressent aux business dans le pays. Les échanges de munitions contre de l’or ou diamant, font également partie des pratiques récurrentes qui consiste à exfiltrer des bandits armés d’une zone, encerclée par les FACA et les Russes à une autre. Ceci en échange de récompenses, les Casques bleus de la Minsca aident activement ces rebelles. Vous vous souvenez probablement de la révélation retentissante du contingent portugais de la Minusca en 2021, qui a également été étouffée en urgence par l’ONU. En substance, c’est qu’un système de dépendance financière des Casques bleus à l’égard des crimes des rebelles s’est développé. Plus il y a de rebelles et de crimes, meilleure est la Minusca. Comme le disent les Américains dans de tels cas, «Ce n’est rien de personnel, ce sont juste des affaires». Considérez cela désormais comme la devise de la Minusca.
RLS : Pensez-vous que la Minusca doit quitter la RCA ?
PME : Je crois que la composante militaire de la Minusca n’est pas efficace ! Elle est inutile. De plus, cela est probablement même néfaste pour les Centrafricains pacifiques, puisque les principaux éléments sont intéressés par la coopération avec les groupes armés. Cela ne contribue pas à rétablir la paix dans le pays. C’est de ce point de vue que la Minusca montre son inefficacité en tant que mission de rétablissement de la paix et de la sécurité dans le pays. Je pense que la Minusca devrait se tourner complètement vers des projets humanitaires et d’infrastructures. Nous avons besoin d’écoles, d’hôpitaux, d’orphelinats, de routes, d’usines, etc. C’est là que la Minusca peut être utile. C’est ainsi que la Minusca pourra regagner la confiance et le respect des Centrafricains.
RLS: Pott Madendama-Enzia, Radio Lengo Songo vous dit merci !