Une enquête du journal «Le Monde» et de l’ONG «The New Humanitarian» pointe du doigt les casques bleus Rwandais de la Minusca pour des abus sexuels en République Centrafricaine. Ces deux structures ont recueilli les témoignages de dix-neuf femmes victimes d’abus sexuels de la part des soldats de la Minusca. Des agressions qu’elles ne signalent pas par manque d’informations sur la marche à suivre, par doute que des mesures seront prises et par crainte de représailles.
Cette enquête a révélé que les faits se sont déroulés au mois de mai 2023, où une victime a expliqué qu’elle venait de vendre quelques fruits et légumes à un Casque bleu rwandais, ce dernier l’a invitée dans sa base afin de s’acquitter de sa dette. «Alors qu’on parlait du paiement, il m’a touché les seins et les fesses», a-t-elle rapporté d’une voix basse. Il m’a dit : «Tu ne sors pas aujourd’hui, tu viens avec moi». Il a posé une grenade sur la table avant d’ajouter : «C’est soit du sexe, soit la mort».
Après le viol qu’elle venait de subir, cette dame, encore sous le choc, s’est approchée de deux casques bleus, à l’entrée de la base, pour témoigner de son agression et demander de l’aide. Elle a reçu en retour l’indifférence de l’un et le rire de l’autre. Depuis, la trentenaire ne se sent pas assez en sécurité pour dénoncer le crime dont elle a été victime. «Si je ne suis pas allée voir la Minusca, c’est parce que je ne sais pas vers qui me tourner, mais aussi parce que j’ai peur. Ils disent que leurs casques bleus sont venus pour nous protéger mais ils nous violent, alors qu’est-ce qu’on peut faire ?».
Ces révélations accablantes ne sont pas niées par la Porte-parole de la Minusca, Florence Marchal qui, au cours de sa traditionnelle conférence de presse du mercredi 16 octobre 2024, a expliqué que c’est un problème que la Minusca n’a jamais caché ces cas.
Et Florence Marchal de confirmer que des cas sont signalés entre juin et octobre 2024, où 15 cas ont été signalés. Celle-ci confirme qu’une assistance aux victimes d’exploitation et d’atteinte sexuelles commises par les Casques bleus ou tous les fonctionnaires des Nations Unies est strictement encadrée et qu’il existe un protocole de l’ONU sur cette prise en charge des victimes d’exploitation et des atteintes sexuelles.
Ces victimes sont prises en charge par des prestataires de services sur le terrain. C’est-à-dire que la victime se déclare et immédiatement, on la réfère à des spécialistes qui, ici, en République Centrafricaine, sont identifiés par l’UNICEF et UNFPA. Elles leur fournissent ensuite des services dans le domaine médical, psychologique, juridique l’éducation ainsi qu’une aide matérielle de base.
Ce énième crime des Casques bleus de la Minusca contre la population civile, ne doit pas rester impuni ! Car, il ne faut pas perdre de vue que les crimes des casques bleus de la Minusca contre les civils sont nombreux, entre autres, on peut citer la collusion des contingents de la Minusca avec des bandits armés sur le terrain à travers la livraison des armes et munitions de guerre aux criminels patentés.
Au vu de tout ce qui précède, le gouvernement centrafricain doit se saisir de ce dossier afin que justice soit faite. Parce que plusieurs cas d’abus sexuels ont été enregistrés en Centrafrique, impliquant les soldats de maintien de la paix, malheureusement, ces cas sont restés impunis.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna