Dans son discours de circonstance à l’occasion de l’ouverture des travaux de l’atelier de validation de l’avant-projet de Loi portant organisation et fonctionnement de la chambre nationale des chefferies traditionnelles en République Centrafricaine, le lundi 28 octobre 2024, le Président Touadéra, a rappelé l’importance de création de la chefferie traditionnelle. Selon lui, les chefferies traditionnelles sont comprises comme des organisations communautaires détentrices et protectrices des valeurs traditionnelles, des us et coutumes reconnus.
D’entrée de jeu, le Chef de l’Etat centrafricain n’a pas caché son émotion par rapport à la cérémonie d’ouverture de l’atelier de validation de l’avant-projet de Loi portant organisation et fonctionnement de la Chambre de la Chefferie Traditionnelle de la République Centrafricaine.
Pour la suite, il a rappelé que les chefferies traditionnelles sont comprises comme des organisations communautaires détentrices et protectrices des valeurs traditionnelles, des us et coutumes reconnus. Elles jouent un rôle social majeur et sont responsables, à plusieurs niveaux, de la cohésion sociale des communautés.
A ce titre, poursuit-il, l’appui et l’influence des chefs traditionnels sont essentiels et déterminants dans le cadre des débats portant sur la vie communautaire, sociale et économique des communautés qu’ils dirigent, plus particulièrement, le rôle et la place de la femme dans la chefferie traditionnelle, en vue des transformations positives et durables.
En quoi les chefferies traditionnelles sont-elles importantes pour la RCA ?
Il a justifié que dans le contexte actuel de la RCA, qui a longtemps vécu des séries de crises sanglantes ayant entraîné l’effondrement des valeurs traditionnelles, fondements sociétaux de la Nation, la chefferie traditionnelle apparaît comme une nécessité et leur revalorisation et redynamisation, essentielles, pour leur ancrage dans la vie communautaire et dans le fonctionnement institutionnel du pays. «J’ai, pour ce faire, en ma qualité de Père de la Nation et de Garant du fonctionnement régulier des Institutions, impulsé la restauration et la redynamisation de la chefferie traditionnelle, par la création de la Chambre de la Chefferie Traditionnelle dans la Constitution du 30 août 2023 et son élévation au rang des institutions de notre pays», a-t-il souligné.
En effet, au sens de l’article 177 de la Constitution, la Chefferie Traditionnelle, représentée par la Chambre Nationale des Sultans et Chefs Traditionnels, participe, dans les conditions déterminées par la Loi, aux efforts de développement harmonieux de toutes les régions de la République.
Elle est chargée notamment de la valorisation des us et coutumes, la promotion des idéaux de paix, du développement et de la cohésion sociale, ainsi que le règlement non juridictionnel des conflits dans les villages et entre les communautés.
Cette revalorisation, ajoute-il, non seulement, constitue l’une des priorités de sa vision politique depuis son accession à la Magistrature suprême de l’Etat, mais aussi, fait suite à l’une des recommandations du Dialogue Républicain tenu du 21 au 27 mars 2022 et du premier Forum national et régional des leaders traditionnels de la République Centrafricaine, tenu à Bangui, du 29 au 31 mai 2023, avec l’appui déterminant de l’ONU-FEMMES.
Cependant, le premier Forum des leaders traditionnels, en particulier, avait rassemblé 120 participants de 5 pays différents, notamment les chefs traditionnels, les autorités gouvernementales, les partenaires techniques et financiers, la société civile centrafricaine et les chefs traditionnels venus du Cameroun, du Tchad, de la République Démocratique du Congo et du Niger, qui ont apporté leurs expériences sur l’ancrage institutionnel de la chefferie traditionnelle dans l’organisation politico-administrative de chacun de leurs Etats.
Pour le Président Touadéra, c’est donc dans cette dynamique que, souhaitant entamer le processus juridique d’application des dispositions de l’Article 177 de la Constitution du 30 août 2023, «j’ai instruit le Gouvernement d’opérationnaliser la Chambre de la Chefferie Traditionnelle de la République Centrafricaine, par l’élaboration de l’avant-projet de la loi organique de cette nouvelle institution», a-t-il précisé.
Pour lui, cet avant-projet de Loi qui est soumis à la validation, repose, non seulement sur les leçons apprises du partage d’expériences avec certains pays africains où la chefferie est institutionnellement enracinée, ainsi que sur les avis recueillis des communautés locales consultées, mais aussi et surtout s’inscrit dans un contexte du défi à l’échelle mondiale lié à la question du genre que la République Centrafricaine ne saurait occulter.
Le processus est encore long, le sujet sensible au regard de la contemporanéité de l’organisation politique et administrative des institutions de notre pays et, par conséquent, les défis énormes.
Il a rassuré les participants que le gouvernement mènera à son terme cette dynamique et que le pays se dotera d’un cadre juridique approprié qui permettra la mise en œuvre et l’opérationnalisation de la Chambre de la Chefferie Traditionnelle du pays. «J’y veillerai personnellement», a insisté le Chef de l’Etat Centrafricain.
L’occasion lui a permis pour lancer un appel à l’ONU-FEMMES et aux autres partenaires, aux fins d’un appui conséquent pour l’organisation des autres activités d’opérationnalisation de la Chambre de la Chefferie Traditionnelle de la République centrafricaine. «Nous avons, en perspective, l’élaboration du Décret d’application qui définira le statut du chef traditionnel et dotera les futurs membres de la Chambre d’un outil juridique essentiel dans le cadre de l’exercice de leur mandat», a-t-il dit.
En attendant la validation de cet avant-projet de loi, le Président Touadéra a d’ores et déjà demandé aux Sultans et Chefs traditionnels d’engager leur autorité morale pour la promotion du civisme, le changement de mentalité, en mobilisant massivement leurs administrés pour les activités de développement et surtout de l’opération citoyenne «Kwa Ti Kôdrô» dont il se réjouit déjà de réelles avancées obtenues, dans certaines régions du pays.
Saint-Cyr Gbégbé-Ngaïna