A priori, rien ne va plus entre le ministre des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche et le Sultan de Rafaï. La gestion des Aires protégées de Chinko situées dans la préfecture du Mbomou, au Sud-Est de la République Centrafricaine, par l’ONG sud-africaine «African Parks Network», semble aujourd’hui au centre d’une grande mésentente entre le ministre Gervais Mbata et le Sultan de Rafaï, Joseph Hetman-El-Roosalem. Que cache ou que cherche à cacher le numéro 1 des Eaux et Forêts à l’autorité traditionnelle locale de Rafaï ?
A en croire le Sultan de Rafaï, tout porte à croire qu’il y a anguille sous roche dans la gestion de ce patrimoine national. Les interrogations de cette autorité traditionnelle locale visiblement sans interlocuteur, n’ont fait que confirmer quelques faits absurdes qu’elle a relevés au niveau de cette aire protégée et la volonté manifeste du Chef de Département des Eaux et Forêts d’entretenir du flou autour de la gestion de Park Chinko.
De quoi s’agit-il ?
La préoccupation première du Sultan de Rafaï dans la gestion de l’ONG «African Parks Network», est la part qui revient à la population locale de Rafaï dans l’exploitation de l’Aire protégée de Chinko, notamment pour les habitants des communes de Ouarra et de Rafaï. Contrairement aux déclarations des responsables de Chinko qui disent être en règle et en parfaite collaboration avec les populations locales, le Sultan lui, crie plutôt à une «collaboration difficile». «Il est à souhaiter que nous, populations soyons plus protégées», a fait savoir Joseph Hetman El Roosalem, dans une note adressée le 8 août 2024 au ministre des Eaux et Forêts, dont Radio Lengo Songo a reçu copie.
Et, pour cette situation, le Sultan a souligné qu’il y a un besoin urgent de renforcer l’administration locale, afin qu’en plus du Directeur de Chasse basé à Bangassou, qu’il soit créé une base de la Gendarmerie à Derbissaka.
Aussi, des arriérés de loyers au non-versement des taxes communales (taxes d’amodiation), le Sultan dénonce une exploitation abusive des communes. «Le Ministre des Eaux et Forêts, tout comme ses prédécesseurs, vit sur le dos de la population», a-t-il martelé.
Par ailleurs, le Sultan dénonce le fait qu’«il se passe des choses étonnantes au sein de ce ministère [Eaux et Forêts (Ndlr)] premièrement, le Ministre prédécesseur du ministre Gervais Mbata, s’est lui-même suicidé. Deuxièmement, l’accord commercial signé entre l’Afrique du Sud en trois (3) exemplaires, dont deux (2) à Bangui, est introuvable ni chez le Notaire Centrafricain ni chez le ministre Gervais Mbata. Troisièmement, il est difficile de connaître le nombre des fonctionnaires qui y travaillent, là-bas. Il n’y a pas d’Inspecteur Central et personne ne contrôle personne. Tout comme au ministère de la Fonction Publique chargé de la Réforme Administrative ou le mode de gouvernance confine à l’impunité et à la corruption généralisé», a-t-il souligné.
Enfin, là où le clou est enfoncé par le Sultan de Rafaï, c’est la question sécuritaire. A en croire ce dernier, un œil regardant des autorités centrafricaines doit être porté sur les individus qui exercent dans les Aires protégées de Chinko. «Il faut qu’il y ait une grande opération de nettoyage des mercenaires et de braconniers étrangers», souligne-t-il dans la même note susmentionnée.
D’ailleurs dans l’objet de cette note, le Sultan a mentionné trois (3) points essentiels, dont la question sécuritaire, notamment «remettre de l’ordre entre le projet Chinko et la Commune de la Ouarra ; intervenir auprès de votre collègue, le ministre de la Défense pour chasser les militaires étrangers et ; demande de fourniture en cartes géographique et cynégétique, et demande d’Arrêtés ministériels et autres et photocopies archives auprès du Directeur des Aires protégées», a-t-il mentionné.
Le Sultan a cru fermement qu’il y a des sujets étrangers suspects au niveau de Chinko qui sont «cachés» par les responsables en charge de gestion de cette aire protégée. Car, à maintes reprises, il a tenté d’entrer en contact avec ces derniers, mais des motifs de «santé» sont souvent évoqués pour lui empêcher de voir ces étrangers. «Je me demande est-ce qu’on peut cacher un être humain ?», s’est interrogé Joseph Hetman El-Roosalem.
Difficile collaboration avec le Ministre des Eaux et Forêts
La gestion des aires protégées impliquant tout naturellement les populations autochtones et les autorités administratives et locales, le Sultan de Rafaï entend s’entretenir régulièrement et légitimement avec le ministre des Eaux et Forêts sur la gestion de Chinko. Seulement, à en croire ce dernier, le Chef du Département des Eaux et Forêts n’entend pas les choses de la cette manière. Il n’y a guère de place pour une auguste autorité locale, soit-elle un Sultan dans son bureau. «Plusieurs demandes d’audience que j’ai déposées ont été systématiquement refusées. La dernière fois, le DIRCAB du Ministre a répondu que le parapher qui contient ma demande est confisqué par le ministre», a relaté Joseph Hetman-El-Roosalem.
Et au Sultan de s’indigner de cet esprit de manque de collaboration entre le ministre de tutelle de l’Aire protégée de Chinko et la population locale qu’il représente en tant que Sultan.
Alors que depuis le 3 août 2022, il s’est félicité de voir que le Gouvernement a attiré l’attention de l’ONG «African Parks Network» sur la population de la sous-préfecture de Rafaï, selon la vision du Président de la République, Pr Faustin Archange Touadéra. Il avait estimé que cela était un grand avantage pour la collectivité locale, en formulant le vœu au ministre des Eaux et Forêts de travailler avec les ministères du Tourisme et de l’Administration du Territoire pour plus d’efficacité.
Seulement, tout cet élan de bonne collaboration affiché par le Sultan, a été foulé au pied par le ministre des Eaux et Forêts, celui qui rejette systématiquement d’accorder, ne fut-ce qu’une audience afin de s’enquérir de quoi il s’agit réellement sur le terrain. Toutefois, les problèmes évoqués par le Sultan restent tels et nécessitent d’être pris aux sérieux.
La vaine tentative de Radio Lengo Songo d’avoir la version du Chef de Département des Eaux et forêts n’a pas permis de recouper.
La Rédaction