Sortie du chaos au lendemain de la dernière crise militaro-politique de 2023, l’économie centrafricaine s’est rapidement redressée, puis s’est orientée vers le développement. C’est du moins, ce que l’on pourrait retenir du Discours à la Nation du Président de la République, Pr Faustin Archange Touadéra, le 28 décembre dernier.
Selon le Chef de l’Etat Centrafricain, en dépit de la persistance de nombreux chocs exogènes et endogènes, la RCA, s’est montrée résiliente, en matière de l’économie et des Finances publiques. En effet, la croissance économique enregistrée en 2024 est de 1,4% du PIB contre 1% l’année dernière.
Le satisfécit du Président de la République exhibe le sentiment de fierté suite à un travail titanesque de redressement de l’économie nationale durement touchée par les crises militaro-politiques récurrentes que le pays a connues de manière cyclique depuis des décennies.
A en croire le Président Touadéra, la performance économique de la RCA, depuis son accession à la magistrature suprême de l’Etat tire sa source dans les chantiers des multiples réformes engagées par l’Etat.
Entre autres actions de relèvement économique, l’on pourrait mettre en évidence en introduction la mise en œuvre d’importants chantiers d’infrastructures financés par les bailleurs tels que le Corridor 13, l’aéroport international Bangui-M’Poko ; la stabilisation de l’approvisionnement du pays en produits pétroliers, éloignant ainsi le spectre des pénuries ; l’augmentation de la capacité énergétique du pays. Ces déterminants de la croissance à moyen et long terme tiennent la première place dans la répartition des projets financés par les bailleurs, notamment la Banque Mondiale et la BAD, avec 43% de financement alloués sur une enveloppe globale d’un milliard 700 millions de Dollars américains. «Ce positionnement est en ligne avec la philosophie de notre Plan National de Développement 2024-2028, résolument engagé vers le développement. Les résultats engrangés devraient nous permettre de progresser à un taux de croissance de 2,9%», a fait savoir le Chef de l’Etat.
Par ailleurs, un travail de fond a été réalisé avec les institutions compétentes pour faire chuter l’inflation jusqu’à 4,1% avec une projection en 2025 de 3,4% en faveur de l’amélioration du pouvoir d’achat du Centrafricain.
Des Finances publiques
Les actions salutaires entreprises par l’Etat dans le domaine des Finances publiques ont principalement visé l’amélioration de la capacité de l’administration financière à collecter davantage de ressources intérieures, afin de permettre au gouvernement de répondre à la forte demande sociale du peuple centrafricain et par la même occasion de réduire la dépendance de la RCA à l’aide internationale qui ne cesse de tarir ces derniers temps.
L’on citerait volontiers le réengagement du FMI en avril 2023 à travers son outil de Facilité Elargie de Crédit comme la caution des efforts du gouvernement en ce qui concerne l’assainissement des Finances publiques.
En effet, les réformes engagées dans ce domaine ont principalement porté sur : l’accélération de la digitalisation des administrations économiques et financières à travers la mise en œuvre de la feuille de route «efinances publiques», notamment l’adoption de Sim-Ba pour la préparation et l’exécution du budget de l’Etat, Sydonia World au niveau de la Douane, e-Tax pour l’administration fiscale, Pata Polélé pour les menues recettes qui commencent à produire leurs effets sur les recettes intérieures et la gestion des dépenses publiques, l’exercice de revue de nos finances publiques mené avec le concours de nos partenaires dont les conclusions nous permettront de mieux orienter dans le futur l’allocation des ressources budgétaires afin de répondre aux priorités de nos populations, le renforcement des contrôles des régies, en particulier le Trésor Public, ce qui a permis de révéler des cas de détournement de deniers publics.
A cela s’ajoutent la production des lois de règlement, la réforme de notre politique d’endettement public et l’adoption de la stratégie de la dette à moyen terme qui sera dorénavant la boussole du Gouvernement pour mieux emprunter sans compromettre la viabilité de la dette et, l’achèvement du processus de notation financière et l’amélioration de la qualité de la signature du pays vis-à-vis des investisseurs, ce qui a permis une mobilisation exceptionnelle de financements à hauteur de 120 milliards de FCFA sur le marché financier sous- régional.
Pour le Président de la République, ces réformes structurelles ont permis d’«augmenter de manière continue les recettes intérieures de l’Etat qui sont passées de 84 milliards de FCFA en 2016 à plus de 142 milliards aujourd’hui. L’interopérabilité entre ces applicatifs devrait permettre d’élargir l’assiette fiscale et de doubler le niveau de ces recettes d’ici à 2026».
D’autres réformes économiques ont été engagée dans le domaine du Commerce et de l’Industrie, lesquelles ont permis la création de 12.286 entreprises avec à la clé 17.103 emplois entre 2016 et 2024. Pareillement dans le domaine des Transports et de l’Equipement, l’opérationnalisation du Port Sec de PK 26 mis en système de tracking des marchandises à destination de la République centrafricaine, par géolocalisation et l’introduction des dispositifs d’inspection non intrusive par l’acquisition des scanners, a permis de renforcer le dispositif de captation des recettes au cordon douanier.
A cela viennent s’ajouter d’énormes chantiers réalisés tels que la construction du pont Sapéké, d’une longueur de 36 mètres linéaires à Bangui, le bitumage de la voirie urbaine à Bangui et à Bambari de 62,77 Km, la construction des gares routières de Bouar, Bambari, Ndélé, Sibut, Bossembélé, Berberati et Mongoumba et de deux aires de repos à Yaloké et Galo, l’aménagement de la route en terre Kaga-Bandoro-M’brés-Ndélé, longue de 333 Km, la construction d’un pont métallique d’une longueur de 45,7 mètres linéaires à Bamingui et d’un autre d’une longueur de 42,672 mètres linéaires à Kaga-Bandoro, baptisé «Pont Sérébanda».
Aussi, il y a eu la réhabilitation de 2.025 Km de routes et pistes rurales dans les Préfectures de l’Ouham, l’Ouham-Pendé, la Nana Gribizi, le Bamingui Bangoran et la Vakaga, le lancement des travaux de réhabilitation de la route en terre Ndélé-Birao-Am Dafock, longue de 514 Km, l’acquisition d’une Centrale d’Enrobé pour un coût total d’un milliard 800 millions de FCFA, installée au PK 24, route de Boali et, le bitumage du tronçon Baoro-Bouar d’une longueur de 60 Km et la construction de deux ouvrages d’art en 2020.
Le Président Touadéra a profité de l’occasion de son discours-bilan sur l’état de la Nation pour informer qu’un projet de construction d’un corridor reliant les villes centrafricaines d’Obo, Bambouti et Zémio à l’Ouganda via le Sud-Soudan est en cours en vue de favoriser les échanges commerciaux entre les deux pays.
Le Chef de l’Etat a également annoncé la promesse de la Chine de rénover l’Hôpital de l’Amitié, le Stade de 20.000 places et de construire un nouveau bâtiment du ministère des Affaires Etrangères et un Amphithéâtre à l’Université de Bangui.
Le relèvement économique, selon la politique du Président Touadéra, passe également par l’Économie Numérique. Pour cela, la RCA a pu opérationnaliser des infrastructures de connectivité à l’Internet Haut débit, créer l’Agence Centrafricaine de Développement du Digital (ACDD), opérationnaliser des Centres de Formation Digitale et incubateur des Startups à l’Université de Bangui, à l’Ecole Normale Supérieure et au Lycée Technique de Bangui, construire des Centres Communautaires Numériques dans les différentes régions du pays, lever des licences de 4ème génération par les opérateurs de téléphonie mobile, créer une Banque Postale et la mise en place du dispositif de promotion de la philatélie numérique avec des services diversifiés de proximité au profit de la population, opérationnaliser le contrôle et de la lutte contre les cybers attaques et de gestion des ressources rares dans le secteur des communications électroniques.
Le désenclavement numérique du pays s’est poursuivi par l’installation des infrastructures à fibres optiques sur 1.200 Km dans le Sud-Ouest, suivie de la signature d’un contrat avec MTN Bayobab, opérateur délégué, chargé d’opérationnaliser, de commercialiser, d’exploiter, de maintenir et d’étendre ce réseau.
Dans le domaine de l’énergie, 8 centres secondaires de l’ENERCA ont pu être remis en service, dédoublé la capacité installée de l’usine de Boali 2 permettant d’obtenir 10 mégawats.
La construction d’un champ solaire à Sakaï, d’une capacité de stockage de 15 mégawats ; la construction d’un champ solaire à Danzi, d’une capacité de stockage de 25 mégawatts qui, à ce jour, est la plus grande de l’Afrique centrale ; le renforcement de la centrale thermique de Bangui de 10 mégawatts supplémentaires, nous ont permis de passer de 37 mégawatts en 2016 à 100 mégawatts en 2024. «Grâce à ces investissements, nous nous approchons de la satisfaction du besoin en énergie qui est de 150 mégawatts pour la Ville de Bangui», a confié le Chef de l’Etat.
Des réformes économiques sont opérées dans le secteur des hydrocarbures. La construction de 2 nouveaux Bacs au dépôt de stockage de Kolongo, d’une capacité chacune de 5.500 m3, d’un dépôt pétrolier à l’aéroport international de Bangui M’Poko, la réalisation de 12 nouvelles Stations-services à Bangui et la réouverture de 5 Stations-services en province ont permis d’améliorer la distribution de carburants dans le pays.
Les secteurs productifs
Il n’y a pas d’économie viable sans un secteur productif dynamique. Le Président Touadéra en a pris la juste mesure. Ainsi, dans le secteur minier, l’Unités de Recherches Géologiques et Minières nouvellement créée a pu mettre en évidence 49 nouveaux indices miniers à Boali et Gontiguiri, ce qui porte désormais le nombre des indices miniers du pays à 519 contre 470 antérieurement.
En dépit de l’embargo qui pesait sur cette activité économique, la production du diamant est passée de 12.641,05 carats en 2016 à 107.857,2 carats en 2023. Corrélativement, les taxes perçues sont passées de 89.966.693 FCFA en 2016 à 355.960.368 FCFA en 2023. La production de l’or a progressé de 32.934,78 grammes en 2016 à 1.743. 945,17 grammes en 2023, et les taxes perçues de 29.852.987 FCFA en 2016 à 945.044.280 FCFA en 2023.
S’agissant de la recherche pétrolière, le nouveau découpage des blocs pétroliers a permis de passer de 5 à 13 blocs en 2023. La délivrance des titres pétroliers a permis à l’Etat de percevoir des taxes superficiaires de 159.816.000 FCFA par an, soit 1.127.528.000 FCFA de 2016 à 2023.
Pour ce qui est du secteur forestier, la RCA a procédé à la mise en œuvre du document national de la politique forestière du pays pour la période 2019-2035, la réalisation d’une étude sur la fiscalité forestière en République Centrafricaine en vue d’améliorer le niveau des recettes fiscales, la validation de l’étude d’impact avant l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2025, de la mesure d’interdiction progressive d’exporter du bois sous la forme de grumes par l’ensemble des pays du Bassin du Congo sur trois ans, avec des quotas d’exportation et des subventions à la production. Les différentes réformes menées ont permis la perception de 37 milliards de FCFA des taxes forestières par le processus de délivrance mensuelle de quitus sur tous les bois destinés à l’exportation.
Les réformes en matière agricole ont porté d’importants fruits, entre autres, la création des groupements en coopératives agricoles de Boda, Bouar et Mbaïki, l’aménagement, la réhabilitation et la construction des infrastructures agricoles dans les zones de production à Bambari, à Pendé, à Ngoulinga et Boukoko, l’acquisition des machines agricoles qui ont permis le défrichage de plus de 3000 hectares, la relance des filières coton, cacao et café.
Notons que d’importantes infrastructures ont pu être construites dans le domaine de l’Urbanisme et de l’Habitat en soutien aux réformes économiques. Outre la stabilité retrouvée dans la gestion des transhumances apaisées, le Ministère de l’Elevage et de la Santé animale travaille d’arrache-pied sur l’ambitieux projet dénommé «Projet d’Appui aux Jeunes» pour une durée de 7 ans dont le coût s’élève à 36,8 millions USD équivalant à 22 milliards 100 millions de FCFA. Selon le Président Touadéra, «cet important projet qui vise à améliorer les moyens de subsistance, promouvoir la résilience économique et climatique, assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des groupes cibles, couvrira 8 Préfectures, à savoir l’Ombella M’Poko, la Lobaye, la Kémo, la Nana-Gribizi, la NanaMambéré, l’Ouham, l’Ouham-Pendé et la Ouaka».
Enfin, le Tourisme comme secteur productif dans l’économie nationale n’a pas échappé à la vision économique du Président Touadéra. C’est pourquoi les réformes dans ce secteur ont débouché sur la promulgation de la loi portant Droit d’auteur et Droits voisins ainsi que la loi portant création du Bureau Centrafricain du Droit d’Auteur et des Droits Voisins (BUCADA).
Parallèlement, il y a eu la création d’un Ensemble Artistique National, un Centre National de la Cinématographie, un Office Centrafricain du Tourisme (OCATOUR). Il y va de l’adoption d’un document de Politique de Développement du Tourisme et appuyé plusieurs activités de promotion des activités artistiques et culturelles.
Le tout est adossé à la réhabilitation de 5 sites d’accueil touristique en provinces, à savoir Doli Lodge à Bayanga, le bâtiment des 100 Villas à Mongoumba, l’hôtel des Chutes de Boali, les infrastructures du Lac des crocodiles sur la route de Boali et l’hôtel de tourisme à Bambari.
En somme, les perspectives économiques, ainsi que les défis à relever augurent bien d’une économie résiliente orientée vers le plein essor.
La Rédaction