Le Conseille du journaliste et Directeur de la Publication du journal «Le Quotidien de Bangui», Landry Ulrich Nguéma Ngokpélé, demande aux professionnels des medias de s’abstenir de certains de leurs comportements et plaide seulement auprès des autorités du pays pour la libération de son client. Selon l’un des Avocats, Roger Junior Loutomo, la liberté de la presse doit être garantie, mais gérée aussi par la conscience professionnelle. Il l’a dit dans une interview exclusive sur Radio Lengo Songo.
RLS : Me Roger Junior Loutomo, bonjour !
RJL : Bonjour Monsieur le journaliste !
Le journaliste et Directeur de Publication du journal «Le Quotidien de Bangui», Landry Ulrich Nguéma Ngokpélé, a été arrêté le 08 mai dernier, puis placé sous mandat de dépôt à Ngaragba, quelques jours après. Quel regard portez-vous sur sa situation ?
Je vais d’abord vous remercier, car la presse ne cesse de ménager aucun effort dans la diffusion des informations idoines pour la bonne marche de notre pays. Le journaliste Ngokpélé, Directeur de Publication du «Le Quotidien de Bangui», l’une des presses les plus lue de Bangui, a été placé sous mandat de dépôt, et la justice est en train de faire son travail. Il a déjà comparu à sa première audience, mais les chefs d’accusations, ont été très infamants. Cette fois-ci, on a ajouté, complicité de rébellion, en plus de ce qu’on avait dit au début. Et ces peines sont vraiment infamantes. Ça relève des articles 11, 12, 281, 381, 382, 383, 292, 295 du Code Pénal Centrafricain. Et je pense qu’un simple délit de presse qu’on a criminalisé comme ça, je regrette un peu. Puis qu’il y a une Loi qui gouverne la presse. En cas d’indélicatesse, il y a un organe de discipline au sein du Haut Conseil de Communication (HCC) qui régularise le travail des professionnels médias.
Pensez-vous que les chefs d’accusations portés à l’encontre de votre client son réellement vrais ?
Monsieur le journaliste, vous savez que de nos jours, vous-même, vous constatez à travers les réseaux sociaux, beaucoup des gens, même des autorités sont devenus des «livers». Les gens publient ces genres de nouvelles. Lui, il a publié quelque chose au conditionnel. Et pour moi, je considère que c’est un délit de presse. Mais, quand on a criminalisé, il en coure des peines vraiment infamantes. C’est ce que je regrette un peu. Mais, puisque nul est au-dessus de la Loi, nous avons confiance en la justice de notre pays. Et surtout que le Chef de l’Etat, a dit que pendant toutes ses mandatures, il devrait avoir aucun journaliste en prison, je jette des bouquets de fleurs au premier journaliste qui est le chef de l’Etat. Voilà qu’aujourd’hui, il y a aucun journaliste en prison. Et Landry est peut-être le cobaye d’expérience. C’est ça que je regrette un peu.
Lors de la conférence de presse hebdomadaire du Ministre de la Communication et des Médias, Porte-parole du Gouvernement, Maxime Balalou, du lundi 19 mai dernier, il a rappelé les journalistes à l’ordre dans cette affaire, surtout de s’abstenir de certaines publications qui pourraient l’enfoncer davantage.
Entretemps, dans cette lutte que mènent actuellement les Conseils de ce dernier, dont vous faites partie, il y a des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrant les conditions difficiles des détenus de Ngaragba. N’est-ce-pas une manière de saper les efforts consentis par les uns et les autres pour obtenir la libération de Ngokpélé ?
Monsieur le journaliste, vous savez que j’ai deux rôles au sein du conseil de Landry. Le rôle de conseil et de défense de sa cause. Et concernant, les conditions de détentions à la maison carcérale, puisque je n’ai pas les preuves, je ne peux pas m’aventurer sur cette question. Mais, le rappel à l’ordre du chef de département, c’est normal. Vous savez, la presse en tant que 4ème pouvoir, doit aussi jouer un rôle d’accompagner l’émergence et le développement d’une Nation. Quand le gouvernement fait un effort allant dans le sens de l’émergence, on doit en parler. Et aussi de l’autre, s’il y a des faits sociaux à dénoncer, on doit le dénoncer dans la stricte observation qui gouverne l’art. Je sais qu’il a parlé au conditionnel. Ce qu’il a publié est au conditionnel, ça n’a pas créé de trouble à l’ordre public. Parce que si cette publication avait suscité des haines, c’est là, on pouvait dire que sa publication a été tendancieuse. A ma connaissance, mon client est un professionnel de médias. S’il commet un délit de presse, on devait le mettre à la disposition du Haut Conseil de la Communication (HCC) pour subir des remontrances ou bien les mesures disciplinaires idoines.
Que répondez-vous aux propos du Ministre de la Communication qui pense que certains journalistes sont en train de saper les efforts consentis pour la libération de Ngokpélé, en publiant certaines images des conditions des détenus, lors de leur visite à Ngaragba ?
Les images de conditions des détenus, puisque je n’ai pas vu, je ne fais pas des commentaires là-dessus. Effectivement, le Ministre de la Communication a raison. Si aujourd’hui, le politique prend sa responsabilité pour dire que nous sommes en phase de paix, de la cohésion sociale, de la réconciliation et d’émergence où toutes les institutions doivent faire des efforts, alors la publication de Landry, doit être réprimer sur le plan délictuel. Je crois que ça ne pourra pas créer de problèmes.
L’affaire suit son cours devant la justice et au regard des accusations portées à l’encontre de Ngokpélé, si vous avez un message à lancer à l’endroit des professionnels des médias qui se battent pour la libération de Landry, ce serait lequel ?
Je leur conseille de lancer un message de supplication, un message d’apaisement de plaidoyer en commençant par le Chef de l’Etat qui est le premier journaliste qui, de fois, a subi des choses dans certaines publications. Mais, il n’a jamais réagi. La liberté de la presse, doit être garantie et gérée aussi par la conscience professionnelle. Nous sommes à la première comparution. Alors ce que je conseille aux journalistes, c’est de plaider d’une manière sage. Parce que si on s’entient à l’incrimination, il en court des peines infamantes.
Me Roger Junior Loutomo, je rappelle à nos auditeurs que vous êtes l’Avocat du journaliste Landry Ulrich Nguéma Ngokpélé, Radio Lengo Songo, par ma voix, vous dit merci !
Interview réalisée par Régis Stéphane Banguima